Pollution marine : ce que l'on sait de la mise en examen de l'usine Alteo de Gardanne

Plus de cinq ans après l'ouverture d'une information judiciaire pour "mise en danger de la vie d'autrui", l'industriel Atleo implanté à Gardanne est mis en examen. Le leader mondial en production d'alumine aurait continué à polluer le parc national des Calanques avec ses rejets liquides.

C'est une première victoire pour les riverains et les associations qui portent le combat depuis plusieurs années. L'industriel Alteo basé à Gardanne a été mis en examen depuis le mois d'octobre, c'est ce que révèlent nos confrères du journal Le Monde. 

L'usine, aujourd'hui détenue par le groupe United Mining Supply (UMS) implanté en Guinée, est le leader mondial en production d'alumine, un composé chimique extrait de la bauxite, largement utilisé dans l'armement, l'industrie automobile ou la fabrication des téléphones portables. 

Alteo est soupçonnée d'avoir, à Gardanne et Cassis entre le 1er janvier 2016 et le 31 décembre 2021, "laissé s'écouler dans les eaux de la mer dans la limite de la mer territoriale, directement ou indirectement, une ou des substances dont l'action ou les réactions ont même provisoirement entraîné des effets nuisibles sur la santé ou des dommages à la flore ou à la faune", a précisé à l'AFP le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone.

Une plainte déposée en 2018

À l’origine de cette mise en examen, une plainte déposée il y a cinq ans par des riverains et des associations environnementales, comme ZEA. Olivier Dubuquoy, lanceur d'alerte est l'un des premiers à avoir dénoncé les dérives de l'industrie.

Aujourd'hui, il pointe les responsables politiques qui selon lui ont accordé un "droit à polluer" à Alteo : "d'années en années, les différents préfets qui se sont succédés ont donné des autorisations à Alteo pour contourner les normes internationales (...). Et malgré ces dérogations, l'usine a pollué davantage", explique-t-il à France 3 Provence Alpes.

Contacté par l'AFP, le président de l'entreprise Alain Moscatello, explique qu'"Alteo prend acte de la mise en examen". 

Il précise que "depuis son rachat en 2021, le site a opéré une transformation industrielle majeure, avec l'arrêt effectif du raffinage des bauxites. En outre, nous poursuivons activement nos efforts pour réduire notre empreinte environnementale". 

De 2015 à 2020, un droit à polluer 

En effet, plusieurs arrêtés préfectoraux autorisant l'entreprise à déroger temporairement aux seuils de toxicité pour ses effluents liquides en mer avaient été pris en 2015, 2016, 2018 et 2020.

Il s'agissait pour l'état, de sauver des centaines d'emplois menacés par une fermeture de l'usine, qui peinait à respecter les seuils. 

Malgré ces dérogations, les effluents déversés dans le très protégé Parc National des Calanques présenteraient des taux de concentration trop élevés en métaux lourds. 

À titre d'exemple, lors d'un contrôle inopiné par les autorités compétences, les eaux résiduelles analysées contenaient en 2016, 24 500 % de plus d'aluminium que le taux légal, 3400 % de plus pour l'arsenic.

Un feuilleton vieux de 60 ans 

Créée en 1894, Alteo est la plus ancienne usine au monde d'alumine. Mais Alteo, c'est aussi une polémique qui dure depuis des dizaines d'années dans le bassin industriel de Gardanne.

En effet, de 1966 à 2016, l'usine a déversé dans le parc des calanques, plus de 30 millions de tonnes de boues rouges, soit des résidus solides issus du raffinage de bauxite. 

Depuis 2016, les boues solides sont stockées sur un terrain à Bouc-bel-Air, et Alteo ne rejettent en mer plus que des effluents liquides. 

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