À l'occasion de la journée internationale des migrants, France 3 Provence a rencontré Sarale et Rana, respectivement originaire d'Ethiopie et du Liban. Depuis leur arrivée en France, elles souhaitent partager leur culture en montant leur commerce. Un parcours semé d'embûches.
Chaque année, le 18 décembre se tient la journée internationale des migrants. "Elle commémore l'adoption de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille", indique les Nations Unies sur son site internet. Rana Tannoury est originaire du Liban. Pays qu'elle a été contrainte de fuir. Depuis trois ans et demi elle s'est installée à Marseille où elle a le statut de réfugiée. Sarale Ozana est quant à elle originaire d'Ethiopie. Elle a obtenu la nationalité française et voilà 11 ans qu'elle vit dans la cité phocéenne.
Le point commun de ces deux femmes : leur ambition. Celle de devenir leur propre cheffe. Pour cela, elles sont accompagnées par les personnes qu'elles ont rencontrées à leur arrivée mais aussi par des associations, comme l'antenne de Singa à Marseille.
Rana Tannoury, revisiter la cuisine libanaise
"Je suis née au Liban dans une famille de chefs, on a ce don d'aimer cuisiner, explique Rana Tannoury, le sourire aux lèvres. J'ai hâte de faire tester aux gens ma cuisine libanaise et de la revisiter avec les ingrédients français."
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Trois jours par semaine, elle teste sa cuisine dans l'incubateur culinaire du restaurant Mama Spice, à Marseille. Son concept : des falafels et des hoummous agrémentés de légumes de saison.
Pour le moment, Rana Tannoury n'a pas l'apport suffisant pour ouvrir son restaurant, alors les revenus issus de son activité chez Mama Spice lui permettent de "cotiser pour la trésorerie", précise-t-elle.
En parallèle elle travaille le soir dans un bar où elle s'occupe de la préparation des cocktails. Avant son arrivée en France, elle formait les baristas et s'assurait du contrôle qualité pour une grande entreprise.
Bien qu'elle ait de l'expérience en management, "ce n'est pas évident de commencer la cuisine en France, il y a beaucoup de règles, ajoute-t-elle. Pour être dans la loi il y a beaucoup de papiers à remplir. Il faut aussi être aux normes HACCP [système d'analyse des risques et de maîtrise des points critiques] : tu ne peux pas couper la viande en même temps que le poisson, il doit y avoir une planche pour le travail, tu ne peux pas mettre les légumes que tu viens d'acheter directement dans la cuisine par exemple."
C'est sur ce volet que l'association Singa lui vient en aide via des ateliers sur les démarches pour ouvrir un fonds de commerce, les questions logistiques, ou encore l'informatique.
Sous les yeux de la cofondatrice de Mama Spice, Devaky Sivadsan, la cuisinière libanaise roule des petites boulettes vertes qui après quelques minutes de cuisson viennent s'accoler au hoummous agrémenté de poireau.
"Je suis fière de toi", sourit Devaky. "On doit juste rencontrer les bonnes personnes", lui répond Rana avant de la serrer dans ses bras.
Sarale Ozana, la passion du café
Des rencontres, c'est aussi ce qui a permis à Sarale Ozana d'avancer dans son projet. Depuis que l'hôtel dans lequel elle travaillait a fermé, elle souhaite devenir importatrice de café éthiopien : le torréfier et le vendre en France.
"J’ai écrit à la mairie pour leur demander s'ils avaient un local parce que j'avais envie d'ouvrir un coffee-shop artisanal avec des produits d'Éthiopie. Ils m'ont répondu en me demandant mon budget et mon business plan, commence-t-elle. Bien sûr je ne voulais pas leur demander ce qu'était un business plan donc j'ai cherché sur internet, j'ai fait quelque chose sur Excel mais ça n'était pas ça."
Un jour dans le restaurant éthiopien de son amie Tina, elle a fait la rencontre d'un membre de l'association Singa qui l'a aidé a réalisé ce business plan.
"Les papiers ça ne me fait pas peur, s'amuse-t-elle. J'ai envie de dire à ma fille que j'ai fait quelque chose de ma vie. Je veux être une femme d'affaires, je n'ai jamais pensé être femme au foyer".
Une femme d'affaires également passionnée par la torréfaction du café. "Je fais ça avec amour, confie-t-elle tout en remplissant ses tasses. À chaque fois que je torréfie le café j'adore, j'écoute, je regarde comme ça craque : c'est comme une musique."
Sarale Ozana a déjà trouvé le nom de sa marque : Buna. "En ce moment je teste le projet à gauche à droite, raconte-t-elle. J’ai des retours positifs."
Son atelier se situe actuellement chez elle mais dans quelques mois, elle devrait définitivement être lancée. Prochaine étape: retourner en Ethiopie pour sélectionner ses grains de café.