Traitement préventif contre le VIH : "Certains médecins ne se sentent pas compétents"

À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, l’association Vers Marseille Sans Sida et Sans Hépatites lance PRePLINE. Cette ligne téléphonique vise à informer les médecins sur la PrEP, un traitement qui permet d’éviter une contamination au VIH.

 Autorisée depuis sept ans en France, la PrEP était jusqu’en 2021 proposée uniquement à l'hôpital ou dans les centres de dépistage. Aujourd’hui tous les médecins généralistes sont en mesure de délivrer ce traitement mais beaucoup demandent de "l'accompagnement et des conseils", indique Michel Bourrelly, président de Vers Marseille Sans Sida et Sans Hépatites.

En France, ce sont plus de 52 000 personnes qui utilisent la PrEP, selon les dernières données de l’agence nationale de sécurité du médicament. C’est 24% de plus qu’en 2022. Dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, plus de 4 000 personnes sont concernées.

"Dédramatiser le poids de la prise en charge de ce traitement"

"Prescrire la PrEp, cela demande de savoir parler de santé sexuelle et de passer plus de 20 minutes avec le patient, poursuit Michel Bourrelly. Certains médecins généralistes craignent d’être débordés et de ne pas poser les bonnes questions."

Ce traitement s’adresse aux femmes et aux hommes séronégatifs de plus de 15 ans qui sont exposés à des risques de contamination par le VIH. La prise de la PrEP s’accompagne ensuite d’un suivi régulier avec des dépistages tous les trimestres.

Afin de "dédramatiser le poids de la prise en charge de ce traitement, ajoute Michel Bourrelly. On a voulu créer une ligne téléphonique d’aide. Ce sont des médecins qui s'adressent à d'autres médecins". Le dispositif PRePLINE sera expérimenté à partir du 1er décembre et ce pendant six mois, à l’initiative de l'hôpital Sainte-Marguerite à Marseille. Il s'agit d’une première sur le territoire national.

“Peu de patients parlent de la PrEP à leur médecin généraliste”

Le Docteur Patrick Philibert a l’habitude de prescrire la PrEP à ses patients. En tant que spécialiste en immunodéficience et infectiologie à l’Hôpital européen de Marseille, il comprend que cela ne soit pas évident pour tous ses confrères.

"Peu de patients parlent de la PrEP à leur médecin généraliste, la plupart vont dans les centres de dépistages, détaille-t-il. Certains médecins n’ont donc pas l’habitude de prescrire la PrEP et ne se sentent pas compétents alors qu’ils le sont."

Selon le Docteur Patrick Philibert, il existe aussi des freins culturels : “Une partie des médecins pense que les préservatifs suffisent car la PrEP protège du VIH mais pas des autres maladies sexuellement transmissibles.”  Il déplore notamment le manque de communication de santé publique à ce sujet : “en France, on parle de la PrEP au 1er décembre et pour le Sidaction mais très peu le reste de l’année.” 

Point sur lequel s’accorde le président de Vers Marseille Sans Sida et Sans Hépatites. "On sait que le traitement fonctionne à 100% si la personne le prend correctement, indique-t-il. Si on veut éradiquer les contaminations il faut élargir les moyens de prévention."

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