Hautes-Alpes : une start-up gapençaise veut amener les insectes dans votre assiette

Des insectes dans votre assiette. L’idée n’est pas nouvelle mais cette fois, elle pourrait vraiment marcher. Antonin Bourgeois et Kevin Oddon en sont persuadés. Les deux entrepreneurs espèrent même installer un élevage dans les Hautes-Alpes d’ici deux à trois ans.  

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Des pâtes contenant 10% de farine d’insectes comestibles. Voilà le premier produit que compte distribuer la start-up Temebryo. Une denrée où « les insectes ne sont pas visibles physiquement pour montrer que ces animaux peuvent être présentés comme n’importe quel aliment », explique Kévin Oddon, l’un des deux associés de cette jeune entreprise.

Farine, huile ou encore barres énergétiques devraient ensuite voir le jour. Commercialiser des produits du quotidien à base d’insectes, c’est l’idée que portent ces deux amis d’enfance. Un concept qui a déjà trouvé des soutiens à Gap.

Un restaurateur gapençais séduit par le concept

Cédric Manzoni, un restaurateur bien connu dans la capitale douce, va prochainement collaborer avec eux. Il est d’ailleurs en train de travailler sur des recettes aux insectes. Vérines, crackers apéritifs, pâtes alimentaires au pesto. Les idées ne manquent pas.

Cette rencontre avec le chef du restaurant « Les Olivades », Antonin Bourgeois et Kevin Oddon la doivent à Gaaap, l’incubateur de start-ups qui les accueille depuis six mois. La structure haut-alpine leur met aussi à disposition « un référent pour les aider à monter leur projet. Un vrai plus pour se lancer » abondent les deux hommes, qui n’ont pas hésité à quitter leur Drôme natale pour profiter de cette opportunité professionnelle.

Les insectes, très intéressants d’un point de vue écologique

Pour Antonin Bourgeois, les insectes sont un aliment d’avenir. Un constat qu’il a découvert dans un rapport de la FAO (ndlr : l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) datée de 2013 et qui présentait « les insectes comme une véritable alternative à la viande pour nourrir le monde ».

« Pour 10 kilos de nourriture donnés à une vache, on ne récupère qu’un kilo de viande. Avec la même proportion de nourriture, on obtiendra jusqu’à 9 kilos de viande d’insectes » poursuit Antonin. « Les insectes sont également intéressants car ils n’ont pas besoin d’une immense surface pour se développer. Ils consomment très peu d’eau, de nourriture et sont riches en protéine ».

Vers de farine et grillons domestiques bientôt autorisés dans nos assiettes

Aujourd’hui, un tiers de la population mondiale consomme des insectes. Une pratique très répandue en Asie, en Afrique et en Amérique Centrale. Mais sur le vieux continent, l’insecte débecte encore une majorité de personnes. D’ailleurs, jusqu’à très récemment, l’Europe interdisait la commercialisation d’insectes comestibles.

L’EFSA, l’autorité européenne de sécurité des aliments, vient juste de donner, le 13 janvier dernier, son feu vert à la consommation d’aliments dérivés des vers de farine (larves du ténébrion meunier) et de grillons domestiques. Prochaine étape, obtenir l’accord de la commission européenne pour pouvoir commercialiser ces produits. Une validation espérée pour la mi-2021.

Des dégustations proposées sur le marché de Gap

En attendant, les deux jeunes entrepreneurs espèrent vendre leurs premières pâtes alimentaires avant la fin du mois de mai. Ils comptent monter un stand de dégustation et de vente sur le marché de Gap le samedi matin. Temebryo souhaite aussi convaincre les épiceries locales d’écouler leurs marchandises.

Si pour l’instant, Antonin et Kévin se fournissent en insectes auprès d’un élevage du nord de la France et voient leurs produits confectionnés à Toulouse, les deux entrepreneurs comptent bien « créer leur propre élevage et leur propre production dans les Hautes-Alpes » d’ici deux à trois ans.

Gaaap, un incubateur pour faciliter le développement des talents locaux

Coaching personnalisé, salle de réunion, ateliers dédiés, ouverture à un réseau de financeurs, mise à disposition d’outils spécifiques. Gaaap est un incubateur qui vient en aide aux projets de start-up dans les Hautes-Alpes grâce à un accompagnement personnalisé sur 6 à 24 mois.

Créé en 2018, Gaaap a déjà aidé à la naissance de 17 entreprises. Un véritable tremplin. La structure peut accompagner jusqu’à 12 startups. Actuellement, elles sont sept à être soutenues. Cinq places sont donc à pourvoir.

Pour candidater, il faut présenter « un projet innovant, viable et réalisable, qui s’ancre bien dans le territoire haut-alpin » explique Nolwenn Guillon, responsable de l’incubateur Gaaap. Pour s’inscrire, il suffit de remplir le dossier disponible sur le site internet de l’incubateur : www.gaaap.fr avant le 30 mai 2021.

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