Parmi les victimes connexes de la dissolution de l'Assemblée nationale : les infirmières. La profession s'inquiète de l'avenir de la réforme de leur métier prévue à l'origine en première lecture mi-juin. Leur avenir se retrouve à nouveau dans les mains du bon vouloir politique.
C'est un coup d'arrêt brutal. Après la dissolution le 9 juin 2024 de l'Assemblée Nationale, tous les projets de lois à l'étude ont été abandonnés, notamment la réforme sur la profession et les études d'infirmiers et infirmières. Une annonce difficile pour les soignants, qui craignent des mois de travail perdus.
"C'est la consternation", tout est mis à la poubelle
C'est le cas de Lucienne Claustres-Bonnet, Vice-Présidente de l'Association Nationale Française des Infirmières et Infirmiers Diplômés et Étudiants (ANFIDE). "J'ai fait partie des 25 personnes qui ont travaillé sur le texte pendant 8 mois. Il fallait une nouvelle réforme, celle de 2009 sur les études d'infirmiers n'était pas satisfaisante, donc je suis très embêté de voir tout ça être mis à la poubelle". Un sentiment aggravé par les retards pris dans les décisions, suite aux multiples changements de ministre de la Santé, alors que la réforme avait été promise en 2023.
Le constat est partagé par Gaëlle Cannat, coprésidente du collectif Infirmiers Libéraux en Colère, un groupe apolitique fondé en 2022 pour demander une meilleure prise en compte de la profession, après une période COVID épuisante. "C'est la consternation pour tous les infirmiers, c'est un choc. Il devait d'abord y avoir le projet de loi, puis des négociations de revalorisation ensuite. Sauf qu'avec l'abandon du texte, on redoute que ça ne tienne plus".
"Si le RN passe, j'ai peur pour le secteur en général"
L'abandon du texte est un coup dur pour le métier et tous s'interrogent sur les nouveaux interlocuteurs qui pourraient prendre le pouvoir à l'issue des élections législatives. "Si la majorité présidentielle passe, on peut supposer qu'ils reprendront la réforme, indique Maxence Gal, de l'ANFIDE. Pour les partis d'oppositions, ils ne l'ont pas mentionné, donc on ne peut rien savoir".
"Si le RN passe, j'ai peur pour l'avenir de la réforme, mais aussi pour le secteur en général, craint Lucienne Claustres-Bonnet. Il y a des dispositifs qui ont été mis en place, comme les Communautés professionnelles territoriales de santé, qui coûtent cher, mais qui nous ont permis de tenir pendant le COVID. S'ils arrivent au pouvoir, ils vont mettre la santé à terre."
De son côté, la coprésidente des Infirmiers Libéraux en Colère a contacté les différents partis après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée, sans réponse. "On a l'impression d'être des oubliés, dont tout le monde se fout, déplore-t-elle. On prépare déjà des actions avec le collectif, peut-être cibler les candidats aux législatives, il faut qu'on en discute. De toute façon, on ne peut même pas manifester, car il n'y a personne en face pour nous répondre."