La pénurie de carburant pourrait empêcher l'approvisionnement des produits frais et surgelés dans les supermarchés. Certains aliments sont déjà manquants dans plusieurs enseignes de grande distribution à Marseille.
"Plus de courgettes, de crème fraîche... Plus beaucoup de viande non-plus au rayon traiteur". En allant faire ses courses mardi 11 octobre, Fanny, 90 ans, a trouvé plusieurs rayons vides dans son supermarché Casino du 8e arrondissement, à Marseille. Même chose au Carrefour Market du coin.
C'est une énième conséquence de la pénurie de carburant et des grèves dans les raffineries TotalEnergies et Esso, qui dure depuis plus de deux semaines. Lundi 10 octobre, La chaîne logistique du froid a alerté face au risque de ruptures sur les produits alimentaires.
L'association, réunissant les professionnels du transport du froid et représentant 120 entreprises en France, a souligné les difficultés d'approvisionnement des transporteurs de denrées périssables : matières premières agricoles, viandes, produits de la pêche, fruits et légumes, produits finis ou semi-finis, plats cuisinés, produits traiteurs, frais ou surgelés.
"Nous demandons que la production des carburants soit maintenue et accessible aux transporteurs frigorifiques sous peine de mettre en péril l’approvisionnement des populations en produits alimentaires", alerte Valérie Lasserre, déléguée générale de La chaîne logistique du froid dans un communiqué.
Moins d'une semaine d'autonomie
Chez les transporteurs qui disposent de cuves, "les réserves disponibles sont, dans certains cas, inférieures à une semaine", est-il souligné. Les autres transporteurs sont tributaires des stocks disponibles en station-service.
Nos transporteurs frigorifiques pourraient se trouver en panne sèche.
Valérie Lasserre, déléguée générale de La chaîne logistique du froid
Dans le Vaucluse, la situation est sous contrôle du côté de la société de transports TLC (Transports Laurent Czimer). Du moins pour le moment. Il reste encore une semaine de stock de carburant pour leurs 50 poids lourds, a indiqué la direction à nos reporters Frédérique Poret et Dalila Iberrakene. En revanche, ils subissent une hausse des tarifs.
"Je soupçonne quelques pétroliers de s'amuser à un jeu qui consiste à organiser un semblant de pénurie car je constate que le carburant a pris 15 centimes en dix jours", rapporte Michel Mattar, délégué général de la fédération des entreprises de transport et de logistique.
"Risque de panne sèche à très courte échéance"
"Le temps nécessaire à la remise en fonctionnement d’une centrale de raffinage étant d’environ 6 jours, si aucune mesure n’est entreprise rapidement pour contraindre le maintien de la production et de la distribution de carburant, nos transporteurs frigorifiques pourraient se trouver en panne sèche à très courte échéance et donc dans l’incapacité de travailler", a précisé Valérie Lasserre.
Plusieurs carburants sont nécessaires aux transporteurs. Les camions frigorifiques utilisent du gazole pour les moteurs et le gazole non routier pour les dispositifs thermiques de production de froid. Sans compter l'AdBlue, additif "qui permet de réduire les émissions polluantes des gaz d'échappement".
La chaîne logistique du froid représente 50.000 salariés et près de 100.000 camions frigorifiques en France. Les clients des transporteurs sont tous les acteurs de la chaîne de l'agroalimentaire.