Déposé hors délais, le tribunal judiciaire d'Avignon a jugé irrecevable le recours contre Thierry Mariani par des élus LR contre le candidat du RN aux élections régionales en Paca. Il demandaient la radiation de Thierry Mariani au motif qu'il n'aurait pas de "domicile réel" dans la région.
On n'en saura finalement pas plus sur le "prétendu" domicile de Thierry Mariani, candidat de l'extrême-droite, annoncé en tête des sondages pour le premier tour des élections régionales. C'est sur la forme que le juge s'est prononcé avant même d'examiner le fond de l'affaire.
Le tribunal d’Avignon a en effet retenu l’irrecevabilité de la requête déposée hors délais, soit huit jours après la publication des listes électorales réactualisées. Le code électoral prévoit une limite de sept jours pour tout dépôt de requête en la matière.
C'est une enquête du Canard Enchaîné publiée le 2 juin qui a mis le feu aux poudres la semaine dernière. Dans la dernière ligne droite d'une campagne déjà tendue, l'hebdomadaire satirique a affirmé que Thierry Mariani, tête de liste de l'extrême droite en Paca, ne bénéficiait pas d'un "domicile réel" à Avignon.
Dans la foulée, cinq requérants dont trois soutiens affichés du candidat des Républicains, Renaud Muselier, ont déposé cette requête devant le tribunal. Elle est notamment portée par Xavier Cachard, l'avocat de l'actuel président de la région.
Qui a vu Thierry Mariani ?
Selon l'hebdomadaire Thierry Mariani a fourni le bail d'une location meublée, datée du 20 janvier à Avignon, afin de s’inscrire en 2020 sur les listes électorales du Vaucluse.
Le candidat RN déclare y habiter un studio, qui appartient à une figure locale du RN. "Je n'y passe pas ma vie, c'est vrai, mais j'y ai dormi quelques fois", reconnaît-il auprès du Canard.
À l'adresse du studio et dans le quartier, personne ne se souvient d'avoir déjà croisé le candidat d'extrême-droite, ajoute le journal d'investigation.
Thierry Mariani a également transmis aux impôts un avis de taxe d'habitation daté du 1er janvier 2020... soit quelques jours avant son emménagement. Selon un constat d'huissier à la demande des requérants, enfin, le studio de Thierry Mariani serait loué en location saisonnière, comme d'autres logements voisins.
Selon l'avocat de Renaud Muselier, Me Cachard, tous ces éléments n'invitent pas à penser qu'il s'agit du domicile réel de Thierry Mariani, qu'il devrait habiter depuis six mois minimum comme l'indique le Code électoral.
"Opération de diversion"
Pour les avocats qui portent la requête, le domicile principal de Thierry Mariani se situe "de toute évidence" à Paris, où il possède et occupe un appartement dans le 17e arrondissement.
Le candidat du Rassemblement national, dans une interview au Monde, s'est dit "absolument tranquille" sur l'issue de cette requête, son porte-parole évoquant une "opération de diversion".
L'accusation, depuis, a été largement reprise par son adversaire Renaud Muselier, qui assure régulièrement que son opposant habite Paris.
Selon notre sondage, le candidat du RN arriverait en tête du premier tour dans la région Paca, et il aurait une légère avance sur le président LR actuel dans le cadre d'un face-à-face au second tour. Un résultat confirmé hier par une deuxième enquête Ifop-Fiducial pour le Figaro et LCI, donnant des chiffres identiques.
La décision du tribunal est donc très attendue : si Thierry Mariani devait être radié, une fois les voies de recours purgées, se poserait alors une question d'inéligibilité et d'annulation de l'élection.