Retour sur un an de lutte des "gilets jaunes" de la Côte d'Azur

Ce dimanche 17 novembre, cela fera un an que la première manifestation des "gilets jaunes" a eu lieu.  A Nice, Fréjus ou au Cannet-des-Maures, nous avons suivi des hommes et des femmes en jaune et en colère.

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À Fréjus


À quelques jours de la date anniversaire de la première manifestation des gilets jaunes nous sommes allés à la rencontre de quelques-unes des figures du mouvement.

Un an après, beaucoup ont décroché, certains ont fait le choix d'une autre forme d'action, plus politique, d'autres continuent les manifestations et occupent encore le terrain.

C'est le cas de Céline Gravade à Fréjus, gilet jaune du rond-point du Gargalon à Fréjus, elle était présente dès le premier jour et elle continue de se battre pour le mouvement, pour ce groupe de gilets jaunes dont Brigitte Bardot est la marraine.
 

"Voilà la cabane, c'est notre deuxième maison" s'exclame Céline Gravade quand elle approche du rond-point sur lequel elle a passé tant de temps. Près du Gargalon, les "gilets jaunes" varois avaient installé un cabanon sur un terrain privé, juste à côté de l'entrée de l'autoroute.

Céline Gravade salue chaque personne présente sur le site. Elle est l'un des piliers de ce groupe, ensemble depuis le début du mouvement. "On est toujours là parce qu'on attend que les choses changent réellement. On attend plus qu'on nous dise je vous ai entendu, on attend des actes" répond-elle quand on lui demande ce que les "gilets jaunes" attendent un an après.

Dans le groupe, beaucoup de retraités. Des hommes et des femmes avec des petites pensions : " 620 euros par mois, j'ai démarré l'apprentissage à 15 ans. Il y a peut-être un souci non ? " s'exclame un "gilet jaune".
 

" A 10h le 17 novembre, j'étais assis là-bas, avec un seul homme et au bout d'une heure on s'est retrouvé à une quarantaine " raconte Robert Mouty, "gilet jaune".


Parmi ces retraités, des manifestants de la première heure : " A 10h le 17 novembre, j'étais assis là-bas, avec un seul homme et au bout d'une heure on s'est retrouvé à une quarantaine " raconte Robert Mouty dit "le celte".

Un an après, les gilets jaunes ont construit leur argumentation. A Fréjus, ils ont même créé une petite communauté, une association sans président, sans trésorier.

" Macron a recréé la fraternité et réveillé l'esprit critique qu on avait perdu " selon Céline Gravade. Un esprit qui pousse les gilets jaunes à investir régulièrement le rond-point de Garvalon, pour afficher leurs exigences et entendre à nouveau les klaxons.

La cabane installée sur le terrain a été incendiée début novembre, juste après notre reportage mais les "gilets jaunes" l'assurent, leur détermination reste intacte.
 
 

A Nice


Dans la capitale azuréenne, les "gilets jaunes" ont toujours manifesté dans le calme. Parmi les niçois en jaune de la première heure Patrick Cribouw. L'homme a une allure de Gaulois, sa moustache et son sifflet lui ont assuré une certaine notoriété au début du mouvement.

Aujourd' hui il cherche une autre voie pour poursuivre la lutte, il a déjà tenté sa chance en politique au mois de mai  aux Européennes avec Francis Lalanne, ça a été un échec.
 

Nous Français on crève la faim ", face à notre caméra Patrick Cribouw lançait un appel de détresse lors d'une manifestation à Nice. Souvent en tête de cortège, ce retraité s'est senti appelé par le mouvement des gilets jaunes

A 65 ans, il a été un des meneurs de la contestation à Nice. En accord avec la municipalité, il avait même décrété la gratuité du tramway un samedi de manifestation.

Aujourd'hui cet ancien réceptionniste a toujours l'écharpe jaune. Il ne renie rien de ses engagements passés  mais il condamne la violence qui a parfois accompagné le mouvement et souhaite une autre forme d'action, plus politique.
 

"Marcher, marcher marche...  pacifiquement c'est bien mais à un moment il faut faire bouger les choses" affirme Patrick Cribouw.


Avec Francis Lalanne au mois de mai, Patrick Cribouw va tenter l'aventure aux élections européennes sous le label " union jaune ". Contestée en interne, la liste obtiendra seulement 0, 5% des suffrages.
 

Le combat n'est pas terminé pour Patrick Cribouw. Les revendications des gilets jaunes sont toujours là et le " gilet jaune " regarde du côté de la mairie de Nice : " Ce que nous n'avons pas obtenu aux Européennes je souhaite l'obtenir via les élections municipales ".

Le scrutin aura lieu en mars 2020, le temps de rassembler ce qui reste des troupes et de définir un programme, pas sûr que cela convienne à tous les gilets jaunes.
 

Au Cannet-des-Maures


C'était l'un des sites emblématiques du mouvement des gilets jaunes, le camp situé sur l'autoroute A8, au Cannet-des-Maures et ses monuments construits avec des palettes.

Nous avons retrouvé l'un des principaux artisans de ce camp. Eric Marca bâti la Tour Eiffel, la pyramide, il était d'ailleurs en train de réaliser l'Assemblée nationale quand le camp a été détruit fin septembre, pas de quoi briser son élan et ses convictions, il est reparti plus déterminé que jamais.
 

Un terrain vide entièrement retourné, labouré, c'est tout ce qui reste du camp monté par les gilets jaunes sur ce rond-point emblématique. " Quelle tristesse ! Je vais aller relever les panneaux. On nous avait traité de barbares et nous ici n voulait montrer qu'on n'était pas des barbares et qu'on était là pour l'avenir. Apparemment ça ne plaisait pas. "

Surnommé le bâtisseur, Eric Marc n'est pas arrivé sur ce camp par hasard, il est venu pour construire, d'abord une tour Eiffel de 15 mètres de haut, puis une pyramide, des constructions censées donner une autre image du mouvement.
 

" Je me suis engagé pour faire ces monuments. Pour montrer que les gilets jaunes n'étaient pas que des imbéciles qui cassaient les vitrines. Ils savaient aussi fabriquer, construire, s'élever" affirme Eric Marc. 

 

Ici, pendant des mois, les gilets jaunes ont bâti leur utopie, créés leur propre lieu de vie. Ancien militaire, Eric Marc est à la tête avec son fils d'une entreprise de menuiserie. S'il a pu s'absenter aussi longtemps de son travail pour aller sur le rond-point, c'est parce que son enfant a pris le relais.

" Du fait que je sois entrepreneur plus confortable, c'est à moi de prendre le temps de faire avancer le mouvement " explique Eric Marc.

Un an après, malgré la désertion de nombreux militants cet été, la destruction du camp, la flamme est toujours là. Ils sont rassemblés sur un autre rond-point, celui de Cuers. Eric y a élu domicile avec d'autres, ils participent aux assemblées générales et rêvent d'une convergence des luttes.
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