Le soutien aux sinistrés des vallées par les rescapés du drame du barrage de Malpasset à Fréjus

Le 2 décembre 1959, le barrage de Malpasset à Fréjus cède et sa vague cause la mort de 423 personnes. Cette année, à la vue des dégâts et des élans de solidarité depuis le 2 octobre et le passage de la tempête Alex dans les vallées, les souvenirs des rescapés de Malpasset se sont ravivés.

"Comment ne pas être touché ?" Simone Mercier, âgée de 12 ans lorsqu'elle a survécu à la rupture du barrage de Malpasset, a été profondément touchée par les images de la tempête Alex. Mardi 2 décembre, cela fera 61 ans que le barrage de Malpasset à Fréjus a rompu, causant la mort de 423 personnes. Même 61 ans après, voir l'eau dévaster des maisons et se déchainer sur leurs habitants est une chose difficile pour les rescapés de Malpasset.


"On avait pas autant de moyens à l'époque mais la solidarité est la même", d'après Simone Mercier. "Heureusement que l'homme aide son prochain, renchérit Daniel Castelly. Je ne dis pas que les pouvoirs publics ne font pas ce qu'ils peuvent mais sans les bras pour aider à déblayer leur maison de la boue, des cailloux... Sans eux, ces gens seraient anéantis."

Daniel Castelly était enfant quand le drame est arrivé mais ses souvenirs sont encore intacts. Déjà à l'époque, la France entière avait participé à aider les Fréjusiens. Comme aujourd'hui pour les vallées sinistrées au-dessus de Nice, des camions de dons matériels et de denrées étaient parvenus jusqu'à la ville de Fréjus en quelques jours.
 

Un don pour les sinistrés de la tempête Alex

Lorsque la tempête Alex est survenue le 2 octobre 2020, Daniel Castelly a décidé de se mobiliser comme il pouvait. Avec le Club Alpin Français de l'Estérel, dont il fait partie, il a réuni quelques dons matériels dans un fourgon - "des pelles, de l'essence, des balais..." - et les a amenés à Sospel.
"C'était le seul endroit encore accessible quelques jours après la tempête", détaille-t-il. Puis, en tant que trésorier de l'ACC Malpasset, l'association des rescapés qui souhaite faire perpétuer la mémoire de cet événement, Daniel Castelly a remis un chèque réunissant les dons des membres aux sapeurs-pompiers de Sospel.
 

Simone Mercier dit avoir fait un don de manière personnelle également : "chacun fait quelque chose à son niveau".
 

Le 2 octobre dernier, je n'ai pas trop parlé je ne voulais pas traumatiser ma mère... Mais c'était pour moi la même chose... J'imaginais les personnes, tout ce que les gens ont pu vivre quand ils ont vu partir leur maison... Comme nous, ici.

Annie Brodin, rescapée de la catastrophe de Fréjus



Elle se souvient du passage du Général de Gaulle à l'hôpital quelques jours après la rupture du barrage. "Il avait dit quelque chose de simple, comme on est de tout coeur avec vous... Mais une fois que tout ça est passé, il n'y a que les gens du cru qui restent pour vous aider.""Toutes ces catastrophes liées à l'eau, au feu, au tremblement de terre me touchent beaucoup", explique Daniel Castelly. Et si elles ont tendance à arriver régulièrement dans la région, entre les inondations quasiment tous les ans et les feux de forêts en été, cela n'empêche pas Daniel Castelly de rester vivre à Fréjus. "J'y suis depuis toujours..."

Ça se répète, les catastrophes se répètent...

Daniel Castelly, rescapé de Malpasset

"Derrière une catastrophe, qu'est-ce qu'on fait ?"

Pour Michel Ruby, lui aussi rescapé de Malpasset alors qu'il avait 8 ans, l'épreuve la plus difficile a été les inondations de 2010. Le 15 juin 2010, des inondations record frappaient le département du Var, faisant 27 victimes et des dégâts considérables. "Derrière une catastrophe, qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on s'en va sachant que ça va se reproduire de plus en plus fréquemment ou est-ce qu'on reste ?", se demande-t-il. "Après 2010, il y a eu 2011, 2014, puis 2015 et 2019...", énumère-t-il.

Malpasset, ça a emporté toute la terre. C'est ce qui s'est passé à la Roya et à la Vésubie, ça a emporté toute la terre fertile... Ça va leur changer la vie.

Michel Ruby, rescapé de Malpasset


Une différence : l'accompagnement psychologique

Si les images des dégâts et des aides apportées aux sinistrés leur semblent familières, les rescapés s'accordent à dire qu'il y a une grosse différence avec le drame qu'ils ont vécu. "Aujourd'hui, il existe tout un soutien psychologique qui n'existait pas à l'époque, affirme Daniel Castelly. Chacun se débrouillait par lui-même en fonction de son environnement."
Simone Mercier acquiesce : "J'ai été traumatisée. Et personne ne s'est occupée de nous, on s'est débrouillé tout seul." Cette enfant de 12 ans et ses frères se sont retrouvés orphelins après la rupture du barrage et la seule aide qu'ils ont reçu fut d'être placés dans un pensionnat.
 

Tous les ans, on dépose une gerbe pour les morts, mais c'est un mémorial pour les survivants qu'on devrait avoir.

Simone Mercier


Pour honorer la mémoire des personnes décédées le 2 décembre 1959, une cérémonie en quasi huis clos se déroulera à Fréjus.
 Seuls les membres du bureau de l'association ACC Malpasset et quelques personnes de la mairie seront présentes. "A cause du coronavirus, on ne peut pas faire la marche du souvenir", explique Simone Mercier.

"On ne pourra pas participer physiquement de la même façon que d'habitude mais dans notre coeur et dans notre esprit, ce sera pareil", complète Daniel Castelly.

L'hommage l'an dernier :
L'année dernière, pour le soixantenaire de l'anniversaire de la catastrophe, la cérémonie avait réuni un public nombreux.
 
 
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