Imaginez : vous profitez de vos derniers jours de vacances sur la plage de Pampelonne, quand soudain surgit une harde de sangliers. Les animaux, et ici les sangliers, en particulier, se rapprochent de plus en plus des humains et des villes. Un phénomène qui ne date pas d'aujourd'hui, mais qui devient de plus en plus fréquent.
Depuis de nombreuses années, les sangliers sortent des forets et viennent côtoyer les hommes de plus en plus près. Mais, de là à rester faire causette à côté de votre transat sur la plage, tout de même !
C'est pourtant bien ce qui s'est passé, ce week-end dernier sur la plage de Pampelune à Ramatuelle dans le Var.
Coquillages, crustacés et... Sanglier !
L'après-midi était bien agréable pour les baigneurs de plage de Pampelonne, quand soudain, au milieu des transats, une famille de sangliers s'est invitée, déambulant tranquillement, sous les yeux interloqués des touristes.
Un plagiste qui a immortalisé dans son restaurant l'intrusion de trois marcassins témoigne :
Trois petits marcassins sont arrivés, sans leur maman, sur la plage de mon restaurant. Les gens étaient en train de déjeuner. Ils se sont installés avec nous, aussi à l'aise que les clients ! Ils sont restés au moins trois semaines.
Patrice de Colomont, restaurateur plagiste à Ramatuelle et témoin de la rencontre.
Les intrusions de marcassins sur le littoral sont presque devenues banales sur la Côte d'Azur : à Ramatuelle, cette semaine, à Saint Tropez, en juillet 2019 ou encore à Cannes, en mars dernier.
À la plage comme à la ville pour un p'tit frichti !
Si les sangliers apprécient, tout comme nous, les humains, les plages, ils n'en sont pas moins des bestioles urbaines et ne rechignent pas à aller boire un coup en ville ou encore à éventrer quelques poubelles en guise de restau !
Pour Michel Niveau, chef de service adjoint à l’Office de biodiversité dans le Var, (OFB) la situation n’est pas nouvelle. Il ne note pas de recrudescence cet été.
C’est continuel tout au long de l’année, à Fréjus, Saint-Raphaël, ils sont près des maisons. Ils ne sont pas farouches, quand ils vont se nourrir près des humains, ils sont habitués.
Michel Niveau, chef de service adjoint à l’Office de biodiversité dans le Var.
Il reçoit plusieurs mails par jour sur leur présence et ajoute : "il y a des gens qui les nourrissent et d’autres qui pensent que c’est bien de les tuer".
Selon Adrien Dovetta, administrateur à la Fédération des chasseurs du Var, "il n'est pas rare de les croiser en zone urbaine. La colonisation des sangliers en zone périurbaine existait déjà, elle s’accentue avec deux phénomènes : le nourrissage des riverains" explique-t-il.
Reportage en mai 2021:
Que faire en cas de rencontre fortuite en ville ?
S'il s'agit d'une espèce protégée, c’est l'Office français de la biodiversité (OFB) qu’il faut prévenir et qui saura vous indiquer la marche à suivre. S’il est question de gibier ou d'animal sauvage, la mairie est à contacter en priorité, car selon l’article R 211-12 du Code rural, c'est le maire qui est responsable des animaux errants sur sa commune.
Si ce n’est aucun de ces deux cas, contactez le centre de soins à la faune sauvage le plus proche. Il en existe un à Saint-Cézaire-sur-Siagne près de Grasse mais qui ne prend en charge que : les passereaux, les martinets, corvidés, petits rapaces diurnes et nocturnes, chiroptères, hérissons, écureuils roux, reptiles protégés. Et aussi : les grands rapaces, grands oiseaux d’eau et les tortues d’Hermann. Mais pas les sangliers !
Les autorités compétentes en cas d’animal sauvage égaré en zone urbaine sont donc le maire ou le préfet. Qui eux-mêmes font le plus souvent appel à un lieutenant de louveterie encadré par la police nationale.
À la plage, à la ville et à la campagne, aussi !
Décidément, Madame, Monsieur Sangliers et leurs enfants font tout comme, nous, les humains ! Alléchés par un environnement bien entretenu, qui souffre peu de la canicule et pouvant de surcroît, offrir eau et quelques douceurs, ils affectionnent également les exploitations agricoles et les domaines viticoles.
C'est, en effet, ce qu'a pu constater Anthony Cascales, viticulteur à Fréjus dans le Var. Il ne compte plus les dommages causés par les sangliers : "Ils cassent les grappes, les mangent. C'est véritablement du harcèlement. Là cet été, en un soir, j'en ai compté 22 ! ".
Ils cassent les grappes, les mangent. C'est véritablement du harcèlement. Là cet été, en un soir, j'en ai compté 22 !
Anthony Cascales, viticulteur à Fréjus dans le Var.
Rien ne semble arrêter ses hôtes non désirés. Pas même la clôture électrique. Ils sont malins. La perte de récolte est estimée entre 15 et 20 %.
Un animal intelligent qui se domestique facilement
Selon Bernard Louis, chef de service adjoint à l’Office de biodiversité dans les Alpes-Maritimes, "la fréquentation des sangliers en milieu urbain ou périurbain n'augmenterait pas. La seule façon pour qu'elle reste ce qu'elle est, et surtout qu'elle n'augmente pas, c'est que les hommes ne doivent pas les assimiler à des animaux de compagnie."
Le sanglier se domestique très facilement. C'est un animal intelligent et qui ressemble, au niveau de la génétique, à l'homme. S’il est nourri, il comprend tout de suite là où est son intérêt.
Bernard Louis, chef de service adjoint à l’Office de biodiversité dans les Alpes-Maritimes.
Alors, non seulement, il reste, mais il peut également augmenter sa famille et donc son nombre d'individus." Et d'ajouter : "La bonne question à se poser, selon moi, c'est plutôt de savoir pourquoi les humains les nourrissent et donc finalement en font des animaux de compagnie. C'est un animal qui vit en forêt, pas avec des humains !"
Des battues pour contenir cette espèce, mais pas que
Afin, de contenir le nombre de sangliers, des battues administratives seront organisées dans les prochains mois.
Autre solution envisageable selon l’Office de biodiversité des Alpes-Maritimes, travailler sur le biotope : "En zone périurbaine ou urbaine, il serait bien de respecter les zones à débroussailler. Selon la loi, il faut débroussailler sur un périmètre de 150 mètres de son domicile ! Ce n'est pas une loi comme ça ! Le sanglier vit et reste dans un milieu fermé. Si cette zone est propre, sans broussailles ni bosquets, le sanglier n'y élira pas domicile ! C'est aussi une solution !".
13 000 sangliers ont été prélevés l’an dernier dans le Var.