D'après les chiffres fournis par les préfectures du Var et des Alpes-Maritimes, 166 communes ont fait une demande de classement en catastrophe naturelle pour la sécheresse de 2022. Soit plus du triple des demandes formulées en 2021.
Vidauban dans le Var, Sainte-Agnès ou La Colle-sur-Loup dans les Alpes-Maritimes... L'été dernier, de nombreux habitants de ces deux départements ont découvert des fissures dans leur logement. Et se sont inquiétés, auprès de leur assurance, de leur mairie, des médias...
Des fissures que beaucoup ont reliées à la sécheresse que le territoire a connu en 2022. Ce phénomène météorologique a commencé dès l'hiver avec une faible pluviométrie et a perduré avec des températures supérieures à la normale durant l'été.
"Là, la maison se tasse, il y a d’autres fissures et celles réparées se sont réouvertes. Ça augmente de semaine en semaine !", s'inquiétait, en octobre dernier, Jean-Baptiste Reine, un habitant de Sainte-Agnès. "C’est un sujet d’inquiétude au quotidien. Ma femme, mon enfant, on est tous inquiets !", complétait à la même époque Vincent Cascales, un habitant de Vidauban, au micro de France 2.
166 demandes de catastrophe naturelle
Résultat, le nombre de dossiers déposés par les communes pour être reconnues en état de catastrophe naturelle (catnat) "sécheresse/réhydratation des sols" a explosé !
Les services de la préfecture des Alpes-Maritimes ont ainsi reçu 76 dossiers "catnat" pour 2022, contre 6 en 2020 et 11 en 2021. Soit près d'une commune sur deux. Du jamais-vu dans le département pour cette procédure catnat instaurée par la Loi du 13 juillet 1982.
La plus forte demande de reconnaissance remonte à l'épisode de sécheresse de l'année 2017, pour laquelle 48 demandes ont été déposées.
Préfecture des Alpes-Maritimes
Dans le département voisin, la préfecture du Var a recensé des demandes émanant de 90 municipalités, soit près de 6 communes sur 10. Un chiffre en forte hausse par rapport aux dernières années : 31 en 2020 et 36 en 2021.
Avis favorable ou défavorable
C'est désormais à la commission interministérielle de statuer sur la situation de chacune de ces communes, en se basant sur le rapport de Météo-France qu'elle recevra "fin mars".
"En règle générale, la commission se réunit fin juin et l'arrêté est publié au Journal Officiel courant juillet. Ces dates sont données à titre indicatif, en référence aux années antérieures", précise la préfecture des Alpes-Maritimes.
Dans les faits, les avis donnés par le ministère sont très souvent négatifs. Sur les années 2020 et 2021, dans les Alpes-Maritimes, presque tous les dossiers ont reçu un avis défavorable et, dans le Var, c'est moins d'une demande de reconnaissance catnat sur cinq qui a été acceptée, comme nous le détaillions en octobre dernier.
Le pourcentage de refus sera-t-il aussi important pour 2022 ? En tout cas, si la commune est déclarée en catnat "sécheresse/réhydratation des sols", ce sera au tour des experts d'assurance et d'assuré de déterminer s'il y a ou non un lien de causalité entre la sécheresse reconnue et les fissures du bâtiment.
"C'est très long"
Ce temps administratif peut durer plusieurs années. "C'est toujours très long", regrette Inès Evers, une autre habitante de Vidauban. D'autant que, dans le Var, les arrêtés sécheresse ont été nombreux et ont duré jusqu'à mi-décembre.
Je ne comprends pas pourquoi, pour une inondation, l'état de catnat est reconnu immédiatement, alors que pour la sécheresse de l'été dernier, on est obligé d'attendre la carte de Météo France.
Inès Evers
Pour la première fois, la mairie de Vidauban a donc déposé une demande de catnat "sécheresse" après avoir reçu "une cinquantaine de dossiers" de particuliers signalant des fissures.
L'été 2022, la norme en 2050 ?
D'après Météo-France, "l'été 2022 est le deuxième été le plus chaud (après 2003, ndlr) observé en France depuis au moins 1900", avec une sécheresse qui "a concerné la majeure partie de la France".
Sur les trois mois d'été, le déficit pluviométrique a atteint les 25% à l'échelle nationale. Une situation inédite qui n'avait de probabilité de se produire qu'une fois tous les 25 ans en moyenne.
Météo-France
"L'été 2022 a été marqué par des conditions météorologiques exceptionnelles. Il pourrait correspondre à un été normal en milieu de siècle", prévoit l'établissement météorologique sur son site Internet.