Six femmes ont perdu la vie sous les coups de leur conjoint dans le Var depuis le début de l'année. Associations et administrations travaillent pour aider les milliers de victimes.
Dans son nouvel appartement, cette varoise est chez elle et surtout, elle est en sécurité. Noémie* a été victime de violence conjugale et aujourd'hui, elle retrouve un peu de sérénité.
Une nouvelle vie au prix de gros efforts : mère de famille, elle a dû changer tout son environnement et retrouver un nouveau travail.
"Je me suis vraiment sentie sécurisée, au bout de deux jours. Les enfants me l'ont dit, on est en sécurité, on ne nous retrouvera pas".
Noémie ajoute qu'elle a eu la chance d'avoir un appartement durable, sans passer par les centres d'hébergements d'urgence.
Dispositif "Safe Home"
Noémie a pu bénéficier du dispositif Safe Home, que l'on pourrait traduire par logement sécurisé.
Depuis 2021, ce système permis de mettre à l'abri durablement une soixantaine de victimes de violences conjugales dans le Var.
Aurore Boyard est avocate et défend depuis l'origine le dispositif. Les affaires de violence intrafamiliales représentent les 2/3 de son travail.
"On ne peut pas dire à une femme : 'parlez, dites-nous ce que vous vivez', si on n'a pas derrière la possibilité de les mettre en sécurité. Il y a énormément de victimes qui ne parlent pas, il leur faut de la stabilité pour se reconstruire.", affirme-t-elle.
Safe Home, c'est un partenariat avec FONCIA, gestionnaire de logements privés et la Caisse d'Allocations familiales (Caf), entre autres. Pour accéder à la location, les prestations sociales sont prises en compte dans les revenus. La Caf l'a intégré à son dispositif d'aides spécifiques.
Des logements associatifs
Battue par son compagnon, la vie de Léna* était devenu un enfer. Cette victime de violence conjugale est venu se réfugier depuis 10 jours dans un appartement, un lieu tenu secret.
L'association Le Cap dispose de trois logements de ce type mis à dispositions par les communes depuis 3 ans dans la région de Draguignan.
Je sais que je suis en sécurité, je me sens moi-même ici, je ne me sens pas là, à avoir peur.
Léna*, victime de violences.
Pour Louisette Tiouchichine-Maret, de l'association Le Cap, ces logements ont tout changé dans l'accompagnement des femmes. "On n'a plus ce souci de se demander comment on va faire ? Quelques fois ce sont des hôtels, donc c'est ponctuel. Là, on est dans le temps long."
Un temps qui permet de libérer la parole des victimes comme Léna, qui a décidé de porter plainte contre son ancien compagnon après avoir été accueillie dans cet appartement : " Il m'a fallu une semaine dans l'appartement pour bien comprendre la situation et le danger qu'il y avait envers moi".
Un accompagnement au quotidien
"Des coups de poings au niveau de la bouche, j'avais la narine tuméfiée et je respirai mal. Ma fille est venue me défendre mais il l'a attrapée par le cou. J'ai pris les enfants et je suis partie dans la nuit."
Aminata* est encore traumatisée par ce qu'elle a vécu. Cette mère de famille a réussi à faire condamner son ancien compagnon violent à 8 mois de prison avec sursis.
Elle a pu compter sur le soutien de Philippe Génovési, intervenant social de l'association Le Cap. Il a accompagné 396 femmes en 2023 : "notre travail, c'est de faciliter la démarche parce que le moindre grain de sable peut leur faire regagner le domicile conjugal".
Logements sécurisés et accompagnements, ces dispositifs pourraient concerner des milliers de femmes dans le Var.
Plus de 3 300 faits de violence intrafamiliale ont été comptabilisés dans le département, soit un toutes les deux heures et demie en 2023.
> * Les prénoms des victimes ont tous été modifiés.