L’association isofaculté propose, à Mazan (84), un programme d’équihomologie à destination des femmes victimes de violences conjugales. Cathy et Christelle participent à leurs premières séances.
"Je sens des vibrations. Quelque chose de très fort quand je suis en contact avec le cheval", raconte Christelle au micro de notre journaliste Dalila Iberrakene. Pour sa première séance d’équihomologie, beaucoup d’émotions la traverse.
L’équihomologie est une forme» d’équithérapie qui place le corps au centre, explique Marion Vogel, Directrice de l’association isofaculté. "C’est une approche qui vise à accompagner vers plus de santé et de bien-être, spécialement élaboré pour des publics fragiles, en utilisant le cheval comme médiateur. Elle s’appuie sur plusieurs techniques d’accompagnement pour développer notre intelligence relationnelle et émotionnelle ainsi que des mises en situation pour développer notre maturité psychologique."
"La force que je ressens du cheval, me donne la sensation de me battre
Christelle, victime de violences conjugales
Cet outil d’action social repose sur une pédagogie personnalisée, qui passe par l’expérience. Par exemple, caresser le cheval, pendant quelques minutes, un geste qui peut paraître anodin. Mais pour ces femmes, victimes de violences conjugales, c’est déjà un grand pas. "La force que je ressens du cheval, me donne la sensation de me battre, de surmonter toutes les difficultés que j’ai pu subir et que j’ai encore actuellement. L’objectif c’est de pouvoir canaliser mes émotions pour avancer dans ma vie et prendre un nouveau chemin", raconte Christelle, émue.
Même exercice, mais cette fois, les yeux bandés. Les choses se corsent pour la quarantenaire, qui laissent ses larmes couler. "Le contact avec le cheval m’a fait remonter ce que j’ai vécu : la difficulté, la violence. Des choses qui nous blessent profondément. Ces émotions qui viennent, c’est des expressions qui partent", explique-t-elle, soulagée.
Pourquoi caresser le cheval les yeux bandés peut aider ces femmes ? Il y a bien une raison, expliquée par Daniel, fondateur de l’équihomologie et psychothérapeute de l’association. "Généralement, quand il y a eu des stress importants avec de la violence, les personnes ont tendance à se réfugier dans leur cerveau, leur esprit. Ce qui augmente leur stress Grâce au bandeau, on va beaucoup plus reprendre contact avec son corps", explique-t-il.
Prendre du temps pour soi
Pour Cathy, qui en est à sa deuxième séance, le bénéfice est aussi très clair. "Au départ, on arrive on est envahi d’émotions. Au fur et à mesure de la séance, je parviens à mieux me canaliser, mieux échanger et avoir un lâcher prise », explique cette victime de violences conjugales. Elle, qui pourtant a l’habitude d’avoir le contrôle sur tout ce qu’elle fait, qui réfléchit en permanence et dont la confiance est ébranlée. "J’ai plus de facilités à avancer avec le cheval qui ne me juge pas et qui n’est pas là par intérêt", confie-t-elle à notre journaliste.
"Je suis épatée par ces femmes, car la douleur émotionnelle est vraiment à souligner. Elles sont très contentes de pouvoir être accompagnée avec un cheval. Aussi, ça les motive à prendre ce temps pour elles", raconte Marion Vogel.
Certaines séances peuvent se faire en compagnie des enfants. Le coût du projet s’élève à 23 000 euros. Il est financé par la fondation de France, la Mutualité sociale agricole (MSA), la Communauté d'agglomération Ventoux Comtat Venaissin (COVE) et le Ministère de la justice.