L'équipe de recherche de Jean-Philippe Girard de l'IPBS a découvert le rôle de certains vaisseaux sanguins dans la destruction des cellules cancéreuses d'un mélanome lors de traitement par immunothérapie. Une première mondiale.
L'Institut de Pharmacologie et de Biologie Structurale (IPBS), avec le CNRS et l'université Toulouse III Paul Sabatier, a annoncé avoir découvert le mécanisme de fonctionnement du traitement d'immunothérapie des cancers. Cette découverte permettrait de rendre le traitement plus efficace et donc d'assurer la survie de plus de patients atteints de cancers graves. Une première mondiale, porteuse d'espoir en cette journée mondiale de la lutte contre le cancer.
"L'immunothérapie a révolutionné la cancérologie il y a une dizaine d'années", assure Jean-Philippe Girard, directeur de recherche Inserm à l'IPBS de Toulouse. Ce traitement consiste à activer le système immunitaire du patient, via une injection d'anti-corps thérapeutiques. En activant le système immunitaire des patients, on active ce qu'on appelle des lymphocytes tueurs : ce sont ces lymphocytes qui reconnaissent et tuent les cellules cancéreuses.
L'immunothérapie a permis la guérison de nombreux patients atteints de cancers graves, mais était aussi inefficace chez d'autres.
"La question a été de comprendre comment ces lymphocytes entraient en contact avec la tumeur, pour ensuite la tuer. S'ils ne rencontrent pas les cellules cancéreuses, ils ne peuvent pas les détruire"
Jean-Philippe Girard
Découverte de vaisseaux sanguins appelés HEV
La réponse a été donnée à Toulouse, par une équipe de recherche de l'IPBS. Elle a découvert la présence de vaisseaux sanguins dans des tumeurs de mélanome, appelés HEV (High Endothelial Veinule), par lesquels entrent les lymphocytes tueurs. Ces vaisseaux sanguins sont très minoritaires dans la tumeur : ils ne représentent que 5 à 10% de l'ensemble des vaisseaux selon les patients.
"Cette découverte est une étape clé dans la mécanisation de l'immunothérapie. Pour la première fois, nous avons compris son fonctionnement"
Jean-Philippe Girard
Cette découverte a été filmé en direct par l'équipe de recherche.
"On peut y voir les lymphocytes qui roulent, qui s'arrêtent au niveau des vaisseaux et se faufilent à l'intérieur pour entrer dans la tumeur."
Ces vaisseaux sanguins sont les portes d'entrée des lymphocytes, chargés de tuer les cellules cancéreuses dans la tumeur. "Dans les tumeurs où il n'y a pas assez de vaisseaux, les lymphocytes tueurs n'entrent pas et le traitement ne fonctionne pas. Notre but est de réussir à augmenter le nombre de vaisseaux pour augmenter les chances d'efficacité de l'immunothérapie", expose Jean-Philippe Girard. Durant une phase de recherche, l'équipe a réussi à doubler le nombre de vaisseaux sanguins dans une tumeur.
Une étude clinique sur 93 patients porteuse d'espoir
Ces recherches ont été confirmées lors d'une étude auprès de 93 patients atteints de mélanome métastatique (cancer de la peau), du centre de lutte contre le cancer Gustave Roussy à Villejuif. Comme en phase de pré-clinique, l'augmentation de vaisseaux HEV dans leurs tumeurs a permis une meilleure réponse du traitement par immunothérapie combiné d'anti-corps anti-PD1 et anti CTLA-4).
L'étude menée à l'IPBS de Toulouse a mobilisé 19 chercheurs pendant huit ans. Leur résultat a été publiée dans la prestigieuse revue Cancer Cell, un grand journal de recherche en cancérologie.
Les chercheurs espèrent désormais la mise en place d'un traitement qui augmenterait le nombres de vaisseaux HEV dans les tumeurs. Ils comptent ainsi sur le travail des chercheurs du monde entier pour parvenir à des résultats dans les prochaines années.