L'avocat de Quentin Charron, le pompier isérois qui a perdu l'usage d'un oeil suite à un tir de flashball lors d'une manifestation, a saisi la justice, après avoir constaté que l'enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait été, selon lui, "assez approximative"...
L'affaire Quentin Charron devrait aller devant les tribunaux. Le pompier isérois a été grièvement blessé par un tir de flashball alors qu'il manifestait à Grenoble, le 27 décembre 2013, au point qu'il a perdu l'usage d'un oeil. Sa plainte initiale a été classée après enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui concluait que la réaction des forces de l'ordre était "proportionnée" vis-à-vis de "l'attitude belliqueuse" des pompiers. Mais l'avocat du pompier ne veut pas s'arrêté là et a déposé une plainte avec constitution de partie civile.
Selon Me Levy-Soussan, l'enquête de l'IGPN a été "assez approximative". Une fois l'affaire classée, l'avocat a eu accès aux documents et en révèle le contenu, ou plutôt l'absence de contenu.
"Ce n'est pas une enquête !"
Le plus étonnant peut-être est "qu'aucun responsable de police n'a été entendu", selon Arnaud Levy-Soussan. Concernant l'attitude dite "belliqueuse" des pompiers, l'avocat souligne qu'il "est clair que Quentin Charron n'a jamais eu de comportement inadapté" et déplore que la position de l'IGPN ne soit pas fondée sur des faits précis. "On ne sait pas dans quelles conditions les effectifs ont été amenés à utilisé des armes de défense, et quand bien même l'usage était justifié, les conditions de cette utilisation sont contestables", estime l'avocat. Il rappelle en effet que l'agent des forces de l'ordre en cause a effectué "un tir tendu", or "cette arme n'est pas sensée être utilisée de cette manière".
Comprendre avant, éventuellement, de sanctionner
Pourquoi diable l'enquête de l'IGPN n'est-elle pas allée plus loin ? "Des investigations sont parfaitement possibles", assure l'avocat, qui souligne qu'il y a "des caméras partout ainsi que des dizaines et des dizaines de policiers et de témoins".
Dans l'accident, Quentin Charron, qui avait alors 31 ans, a perdu un oeil et ne pourra donc plus jamais travailler dans les mêmes conditions qu'avant. Alors l'avocat de la victime veut "au moins éclaircir les circonstances de l'infraction".
Vue la gravité, c'est limite insultant de ne pas avoir cherché à savoir ce qui s'est exactement passé !
Voilà pourquoi il a saisi la justice. "Je pense que le procureur avait déjà son idée en tête avant de faire son investigation, confie Me Levy-Soussan. Il faut malheureusement passer par un juge d’instruction, qui instruit à charge et à décharge".
Un information judiciaire devrait être ouverte. La procédure sera ensuite contradictoire, ce qui signifie que, cette fois, la défense aura accès aux investigations et pourra faire des demandes d’actes, afin de comprendre ce qui s’est passé. C'est la priorité pour l'avocat de Quentin Charron, "avant de voir quelles sont les responsabilités pénales".