Thibault Liger-Belair, viticulteur en Bourgogne, est convoqué devant la justice. Il refuse d'utiliser des insecticides pour traiter ses vignes contre la maladie de la flavescence dorée. "Il faut imposer une discipline qui s’applique à tous les viticulteurs, déclare le préfet de Saône-et-Loire.
Après Emmanuel Giboulot en 2014, cette fois c’est Thibault Liger-Belair, qui refuse de traiter ses vignes en utilisant des insecticides.
Ce viticulteur installé à Nuits-Saint-Georges, en Côte-d'Or, possède aussi des vignes à Moulin-à-Vent dans le Beaujolais, où son domaine est situé à cheval entre le Rhône et la Saône-et-Loire. Mais, la réglementation n'est pas la même dans les deux départements : en Saône-et-Loire, il est obligé de traiter ses vignes contre la flavescence dorée (une maladie mortelle de la vigne), ce qui n’est pas le cas dans le Rhône.
"Une loi qui est purement administrative et qui manque de discernement agronomique ne me convient pas", explique Thibault Liger-Belair. "Quand on applique des insecticides pour lutter contre un insecte, on n’imagine pas les dégâts collatéraux qu’on peut créer dans le sol et dans la vigne", précise le vigneron.
- Reportage : Sylvain Bouillot et Damien Rabeisen, Damien Boutillet et Romy Ho-a-Chuck
- Montage : Jouanin Patrick
- Intervenants :
-Thibault Liger-Belair, viticulteur à Moulin-à-Vent et Nuits-Saint-Georges
-Gilbert Payet, préfet de Saône-et-Loire
De son côté, le préfet de Saône-et-Loire a une autre vision de la situation. "On avait constaté une augmentation importante de la flavescence dorée dans le département de Saône-et-Loire. Une mesure importante de traitement avait été prise en concertation avec la profession. Tout le monde doit s’y plier. C’est d’ailleurs la discipline de tous qui a permis la réduction de cette maladie", dit-il.
"Les mesures drastiques mises en place ont montré leur efficacité. Le choix de couvrir la totalité du département a permis de réduire considérablement l’importance de cette flavescence dorée", lance-t-il.
Pour le préfet, la flavescence dorée "est un mal pour lequel on a des solutions". "On peut comprendre le souci de certains producteurs bio de limiter les traitements de pesticides ou autres. Tout cela est extrêmement louable", dit Gilbert Payet.
"Mais, lorsqu’on se trouve face à une menace qui est vitale pour un vignoble, il faut également en application d’orientations (qui sont prises après beaucoup d’études scientifiques) être capable d’imposer une discipline qui s’applique à tous les viticulteurs quels qu’ils soient", conclut le préfet.
L’affaire sera jugée par le tribunal correctionnel mardi 19 mai 2015.