Bourgogne: un deuxième vigneron bio est poursuivi pour refus de traitement aux insecticides

Après Emmanuel Giboulot, un autre vigneron bio devait être convoqué devant la justice mardi 19 mai 2015. Il refuse de traiter sa vigne avec des insecticides, comme l'impose un arrêté préfectoral destiné à lutter contre la maladie de la flavescence dorée. L'audience a été renvoyée.

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Thibault Liger-Belair est viticulteur à Nuits-Saint-Georges, en Côte-d'Or, et à Moulin-à-Vent, appellation à cheval entre le Rhône et la Saône-et-Loire, où la réglementation n'est pas la même.

Pourquoi ce viticulteur est-il poursuivi ?

"J'ai eu un contrôle sur Moulin-à-Vent en novembre 2013 et ils ont constaté qu'il n'y avait pas de traitement insecticide" alors qu'un arrêté de la préfecture de Saône-et-Loire l'imposait, raconte le vigneron, confirmant une information du site internet Basta!

"Moi j'ai fait valoir que je ne traitais pas, puisque la préfecture du Rhône ne l'exigeait pas et que je suis entre les deux départements", poursuit-il.
De plus, ajoute-t-il, le foyer de la flavescence dorée est à Plottes, à 40 kilomètres de chez lui et sur un cépage Chardonnay, alors que lui est en Gamay.

Mais ses arguments n'ont apparemment pas convaincu, puisque le vigneron était convoqué le mardi 19 mai devant le tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône, dans le Rhône. Les magistrats ont décidé de renvoyer l'affaire à une date encore inconnue.
Il va comparaître pour "refus d'effectuer les mesures de protection des végétaux", en l'espèce la "lutte insecticide contre le vecteur de la flacescence dorée", indique sa convocation devant le tribunal.

Quels sont les moyens de lutter contre la flavescence dorée ?

La flavescence dorée est une maladie incurable de la vigne, qui est véhiculée par un insecte, la cicadelle. Cette jaunisse végétale provoque un jaunissement des feuilles et un dépérissement du raisin. Cette maladie est apparue en 1949 en Armagnac, dans le sud-ouest de la France.

Les traitements insecticides sont censés tuer la cicadelle et donc éviter une propagation de la maladie, mais ils posent d'énormes problèmes aux viticulteurs engagés en agriculture biologique. "J'ai des convictions et elles m'appellent à utiliser ces traitements avec parcimonie.

La meilleure des luttes est la prospection et je m'interdis tout traitement préventif", déclare Thibault Liger-Belair. 
"Je suis en train de comprendre les dégâts collatéraux" de l'utilisation de ces pesticides, notamment sur le "capital du sol et de la vigne", ajoute-t-il.

En décembre 2014, Emmanuel Giboulot, un autre vigneron bio bourguignon, avait été relaxé en appel à Dijon pour avoir refusé de traiter sa vigne contre la flavescence dorée.

Reportage : Sylvain Bouillot et Damien Rabeisen, Damien Boutillet et Romy Ho-a-Chuck
Montage : Jouanin Patrick
Intervenants :
-Thibault Liger-Belair, viticulteur à Moulin-à-Vent et Nuits-Saint-Georges
-Gilbert Payet, préfet de Saône-et-Loire

Faut-il "imposer une discipline qui s’applique à tous les viticulteurs" ?

C'est en tous cas l'avis du préfet de Saône-et-Loire. "Les mesures drastiques mises en place ont montré leur efficacité. Le choix de couvrir la totalité du département a permis de réduire considérablement l’importance de cette flavescence dorée", lance-t-il.
"Lorsqu’on se trouve face à une menace qui est vitale pour un vignoble, il faut également en application d’orientations (qui sont prises après beaucoup d’études scientifiques) être capable d’imposer une discipline qui s’applique à tous les viticulteurs quels qu’ils soient", conclut le préfet.


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