COP21: "Notre intelligence nous menace" avertit Hubert Reeves

Climat et biodiversité sont intimement liés. C'est ce qu'a expliqué Hubert Reeves lors d'une conférence au pavillon "Générations climat", au Bourget. L'astrophysicien a mis en garde contre une mauvaise utilisation de notre intelligence qui pourrait causer notre perte. Il reste pourtant optimiste.

La salle de conférence "Nelson Mandela" était pleine ce mardi pour recevoir Hubert Reeves, président d'honneur d'Humanité et Biodiversité. Pendant que du côté des "officiels" on planchait sur un accord autour du climat, l'association organisait dans le pavillon "Générations Climat" voisin, un après-midi dédié à la biodiversité. 

Avec humour et pédagogie, le célèbre astrophysicien est remonté aux sources de l'univers en rappelant qu'il y a 7 millions d'années, apparaissait sur terre un animal doté d'un fabuleux cadeau: l'intelligence.

#COP21 notre intelligence nous menace et elle pourrait nous faire disparaitre. Hubert Reeves pic.twitter.com/XzKtY56UKE

— Marie Heren (@beilah) 8 Décembre 2015

Mais si le cerveau humain est l'une des structures les plus performantes dans la très longue histoire de l'évolution, "nous sommes aujourd'hui coincés avec les fruits de notre propre intelligence".
"C'est grâce à elle que nous avons pu survivre mais c'est devenu une menace qui nous a amené à la crise écologique actuelle". En résumé, "nous détériorons" !
A cause de l'homme donc, l'équilibre naturel est menacé. "La biodiversité, ce n'est pas seulement les ours blancs, rappelle cet écologiste convaincu, mais l'ensemble des organismes vivants". Et de citer la disparition des vers de terre, "qui ne fait pas la une des journaux", alors que leur présence est indispensable à la fertilisation des sols.
D'autres espèces ont survécu aux nombreux soubresauts de la vie sur terre, comme les tortues, bon pied bon oeil après 200 millions d'années de présence.

"Le vers de terre ne font pas la une des journaux, mais s'ils disparaissent, c'est notre fin" - Hubert Reeves #COP21

— Gabrielle Brassard-L (@gabebl) 8 Décembre 2015

Finalement, "le vrai critère pour assurer la pérennité d'une espèce, c'est d'être capable de s'adapter". Et aujourd'hui, c'est le nouveau défi des hommes face aux changements climatiques.
"Pendant longtemps, on a vécu dans l'idée que nous étions des chefs d'oeuvre, mais nous somme fragiles. La vie est robuste et elle continuera, mais les humains pourraient disparaître."

Une simple anecdote

Si nous disparaissons, ne serait-ce pas qu'une simple anecdote ?
Non répond Hubert Reeves, qui souligne que les humains "n'ont pas fait que des bêtises". On leur doit de belles réalisations comme l''art et la culture. Or "si nous disparaissons, les termites n'épargneraient pas les Stradivarius" plaisante-t-il. On leur doit encore la science, qui a permis de retracer l'histoire de la vie, et on leur doit enfin la compassion, à l'origine de la médecine par exemple.

"Les humains n'ont pas fait que des bêtises : l'art, la science etc..." Hubert Reeves @COP21 #EarthToParis

— OpenCOP21 (@Open_COP21) 8 Décembre 2015

Alors que la conférence de Paris sur le climat touche à sa fin, Hubert Reeves garde donc malgré tout foi en l'homme et en sa capacité à réagir face à l'urgence de la situation. "Tout ne se réglera pas en une fois mais il y a de l'espoir", même s'il assure que "la vie va devenir plus difficile".

 

Un projet de loi pour la reconquête de la biodiversité

A l'occasion de la conférence, Ségolène Royal a indiqué que le projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages serait examiné par le Sénat à la mi-janvier pour une adoption définitive avant l’été. En Juin dernier, Hubert Reeves avait fait part de son mécontentement après le report du vote de la loi censée créer l'Agence de la biodiversité. Un "billet de bonne humeur" à lire sur son site internet.

La ministre de l'écologie a également remis le label de la Stratégie nationale pour la biodiversité à 12 lauréats "qui se sont engagés dans des actions pour préserver la biodiversité":
- Sensibilisation des usagers d’autoroutes grâce à des panneaux didactiques (Eiffage) 
- Soutien à une expédition de recherche et de sensibilisation à la préservation des coraux (Veolia) 
- Faire émerger des méthodologies d’analyse des risques liés à la biodiversité (Caisse des dépôts et consignations) 
- Mettre en place et animer un réseau régional regroupant les acteurs œuvrant en matière de préservation de la biodiversité (France Nature Environnement Midi-Pyrénées) 
- Introduire une espèce végétale en danger critique d’extinction en Ile-de-France sur une réserve foncière (Storengy) 
- Mutualiser les actions d’une quinzaine d’entreprises en faveur de la biodiversité locale (Association syndicale libre des usagers du parc du Chevalement – Nord-Pas-de-Calais) 
- Déployer les sciences participatives afin de mieux connaître la biodiversité des sites aéroportuaires  (HOP ! Biodiversité Air France) 
- Recenser dans un annuaire les acteurs du territoire œuvrant à la préservation de la biodiversité (Centre permanent d'initiatives pour l'environnement Pays de Serres – Vallée du Lot) 
- Projet « 65 millions d’Observateurs » (Museum national d'histoire naturelle) : favoriser la prise en compte de la biodiversité par l’ensemble des citoyens à travers les sciences participatives 
- Faire de la biodiversité un élément déterminant du choix de projets d’exploitation de carrières cimentières (Vicat) 
- Mener une réflexion sur le réaménagement d’un zoo dans le but de participer davantage à la conservation des espèces et à la sensibilisation des visiteurs (African Safari Parc Zoologique) 
- Soutenir le développement de solutions techniques innovantes sur les thématiques de la biodiversité urbaine et des relations entre la biodiversité et les infrastructures (Bouygues Construction)