Nicolas Hulot a confirmé une information donnée dans une interview donnée au journal Les Echos par la ministre des transports, Elisabeth Borne : la réalisation du canal Seine-Nord pourrait être ajournée.
En fin de matinée ce jeudi, Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire, a confirmé que certains grands projets de transports allait être réutidiés : "nous allons faire une pause et voir au cas par cas"
©Ministère de la transition écologique et soli
Une position qu'avait déjà prise Elisabeth Borne, ministre des transports dans une interview donnée aux Echos : "L'argent doit prioritairement aller à l'entretien et à la modernisation. L'ajustement se fera donc forcément sur les grands projets.". Quelques mots à peine développés plus loin et qui ont eu le mérite de soulever de nombreuses inquiétudes, notamment dans les Hauts-de-France.
Car dans ces "grands projets" figure le canal Seine-Nord. Stéphane Demilly, le député-maire UDI d'Albert et membre du Comité stratégique de l'établissement public en charge du projet, s'est alerté ce matin chez nos confrères d'Europe 1 : "s'il est vraiment question de stopper le projet du canal Seine-Nord, ça va être la révolution dans les Hauts-de-France"...Le député UDI Il a ainsi alerté directement le Président de la République ainsi que le Premier ministre afin de leur rappeler leurs engagements sur ce dossier : "J'ai toujours fait du Canal Seine-Nord Europe l'une des priorités principales de mon action de Député. Ce grand projet d'infrastructure constitue en effet un formidable espoir économique et environnemental pour nos territoires. L'Union européenne s'est engagée à le financer à hauteur de 40% et les collectivités locales ont consenti à des efforts financiers conséquents. Il serait incompréhensible que l’État revienne sur sa parole. Cela fait des années qu’on nous balade, ça suffit ! Que les choses soient claires, si le gouvernement revient sur ce projet, c’est une déclaration de guerre aux 6 millions d'habitants de la région Hauts-de-France. Et nous ne nous laisserons pas faire ! "
Des inquiétudes partagées par Patrick Kanner, ancien ministre de François Hollande :
L'abandon du canal Seine Nord Europe par le gouvernement serait une agression sans précédent contre les intérêts des Hauts de France.PK
— Patrick Kanner (@PatrickKanner) 6 juillet 2017
Des inquiétudes qui étaient déjà apparues lors de la nomination d'Edouard Philippe à Matignon : l'ancien maire du Havre, l'un des plus grands ports d'Europe, n'a jamais caché son hostilité à l'égard du projet. "Il y a quelque chose qui relève non pas du contre-sens, mais en tous les cas de la faute de tempo, à consacrer des moyens absolument considérables à cet outil alors que l’on pourrait, me semble-t-il, utiliser des moyens plus limités, pour capter des flux plus importants à travers les ports français", déclarait-il en novembre 2015 sur le sujet. "Il y a mieux à faire que ce canal. Il me semble que cet argent public serait mieux utilisé ailleurs. Avant ce projet, il faudrait dépenser un peu d’argent public pour développer les ports français".
Pendant sa campagne, Emmanuel Macron n'avait pas remis en cause ce projet. "Je confirme les trois grands projets en cours dont les déclarations d'intérêt public sont en train d'être obtenues, c'est à dire le Bordeaux-Toulouse (...) le Lyon-Turin et le canal Seine-Nord qui sont trois gros travaux d'infrastructure", avait déclaré le futur président de la République sur RTL, en mars dernier.
Stéphane Demilly a demandé à être reçu par Elisabeth Borne. Il espère la rencontrer dans les jours qui viennent. Le financement déjà acté du projet pourrait pesé dans la balance.
Depuis la fin du mois de novembre 2016, le cadre juridique et financier du canal Seine-Nord est en effet en place. Le coût du projet s'élève à 4,5 milliards d'euros hors taxes financés de la manière suivante : 1,8 milliard de l'Union européenne (soit 40%), 1 milliard de l'Etat, 1 milliard des collectivités locales et 0,7 milliard d'emprunt. A l'issue des travaux, en 2023, il pourra être emprunté par des péniches de 4400 tonnes, représentant chacun près de 180 poids lourds, ce qui permettra de tripler le volume du trafic actuel, selon Voies navigables de France (VNF). Sa création pourrait générer 10 000 à 13 000 emplois directs et indirects selon les estimations du précédent gouvernement.