L'ancienne formule du Levothyrox sera à nouveau disponible dans quinze jours, alors que la justice enquête sur les effets secondaires indésirables de la nouvelle formule. Mais pour Sylvie Robache, l'Arrageoise à l'origine de la pétition qui a mobilisé les patients, la vigilance reste de mise.
"Je suis très surprise, agréablement bien-sûr, mais jusque-là les choses n'avaient pas l'air de bouger." L'Arrageoise Sylvie Robache, à l'origine d'une pétition qui a réuni plus de 270 000 signatures contre les effets secondaires néfastes du Levothyrox, a remporté hier une première victoire : l'ancienne formule du médicament sera de nouveau disponible en pharmacie dans quinze jours, a annoncé la ministre de la santé Agnès Buzyn. "Un succès collectif pour tous les malades qui vont mal", souligne la Nordiste.
Le retour de l'ancienne formule, "une solution à court terme"
Elisa Waxin, une autre Nordiste victime des effets secondaires grave ddu nouveau Levothyrox, parle d'une victoire en demie-teinte, puisque l'ancienne formule ne sera disponible que temporairement."C'est simplement une solution à court terme, pour calmer un peu tout le monde, mais quand les stocks seront épuisés tout va recommencer", prédit la jeune femme, qui prend du Levothyrox depuis un cancer de la thyroïde.
"Les deux formules devraient être remises sur le marché de façon durable. Je prends toujours cette nouvelle formule car c'est vital pour moi, mais je me demande si ce n'est pas pire pour ma santé de continuer à la prendre", précise-t-elle.
D'autres patients ont opté pour des solutions plus radicales : se fournir en Belgique ou en Allemagne, où l'ancienne formule du médicament est encore disponible.
Des formules "alternatives" bientôt disponibles
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a également expliqué que des formules "alternatives" seraient disponibles dans un mois. Peu convaincue, Sylvie Robache compte "rester vigilante pour voir si la ministre tient bien parole".
#Levothyrox : Dans un mois, des alternatives thérapeutiques arriveront en France. Les patients doivent avoir le choix de leur traitement.
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) 15 septembre 2017
L'annonce du ministère fait suite à de nombreuses mobilisations, dont une la semaine dernière à Paris. Les hommes et les femmes politiques se sont aussi emparés du sujet, à l'image du député de l'Aisne Julien Dive (LR) qui a demandé l'ouverture d'une enquête parlementaire.
La justice saisie de plus de 60 plaintes
Pour Sylvie Robache, le combat continue sur le terrain judiciaire. "On a obtenu satisfaction mais on ne va pas laisser tomber. Je veux savoir ce qu’il y avait dans cette formule, pourquoi on était si malades." Elle dénonce des "explications confuses" et déplore que "le monde médical n’ait pas joué le jeu."C’est nous, les patients, qui avons dû nous défendre. Les médecins sont restés en retrait comme si ça ne les concernait pas, surtout les endocrinologues
Plus de soixante plaintes ont été déposées par les malades pour "mise en danger de la vie d'autrui", "tromperie" ou encore "non-assistance à personne en danger".
L'enquête préliminaire a été confiée au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Marseille, dont la compétence s'étend jusqu'à Lyon, siège français du laboratoire allemand Merck qui produit le médicament, a annoncé le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux.
"J'ai le sentiment d'avoir été prise pour un cobaye"
Les patients attendent beaucoup de l'enquête, au cours de laquelle la justice doit examiner la responsabilité de l'ancienne ministre de la Santé, Marisol Touraine, de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), et du laboratoire allemand Merck. "La priorité est de savoir ce qu'on a avalé avec ce médicament. J'ai le sentiment d'avoir été prise pour un cobaye", confie Sylvie RobacheSur ordre de l'Agence nationale de sécurité du médicament, le laboratoire Merck a modifié en mars 2017 l'excipient, c'est-à-dire l'enveloppe du médicament.
La nouvelle formule de ce traitement pris par trois millions de personnes en France peut causer des effets secondaires comme "une fatigue extrême, des maux d’estomac et intestinaux, une perte de cheveux et des douleurs articulaires", détaille Sylvie Robache. Des effets indésirables qui seraient liés aux difficultés à doser la nouvelle formule.