Agriculture : un maraîcher de Côte-d’Or produit ses semences lui-même

Yanick Loubet, maraîcher à la retraite, produit lui même ses semences, à Nolay en Côte-d'Or. Cest pour lui un moyen de lutter contre l'uniformisation imposée par les grands semenciers et de retrouver ainsi un savoir-faire millénaire.

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Yanick Loubet est maraîcher. Aujourd’hui à la retraite, il  se consacre depuis de nombreuses années à la production de semences paysannes bio. Il est d’ailleurs devenu formateur dans ce domaine.
Il mène ce combat depuis presque 40 ans pour préserver la biodiversité et le libre arbitre des agriculteurs et des consommateurs.

♦ Pourquoi l'avenir de notre alimentation dépend des semences ?


En un siècle quasiment 75% de la biodiversité des espèces cultivées ont disparu au profit de variétés hybrides produites par des semenciers.

Un rapport de l’organisation mondiale de la santé (FAO), publié en février 2019, constate même que le recul de la biodiversité met en danger la capacité des humains à se nourrir.

La biodiversité, qui sous-tend nos systèmes alimentaires, à tous les niveaux, est en déclin dans le monde... Une fois perdues, les espèces de plantes, d’animaux et de microorganismes qui sont critiques pour nos systèmes alimentaires ne peuvent être récupérées. L’avenir de notre alimentation est donc gravement menacé. 

Ce rapport met en avant les dangers de l’homogénéisation génétique qui délaisse les variétés anciennes, au profit de variétés modernes, composées de clones sans aucune diversité génétique.

(Etude menée pendant 5 ans sur plus de 90 pays)

♦ Variété hybride et semence paysanne, quelle différence y a-t-il ?


Depuis que l’agriculture existe, les hommes échangent leurs graines, mélangent les souches, gardent des graines pour les replanter l’année suivante.

En 1961, la donne change. En Europe, avec la mise en place du marché commun, 11 pays signent la convention de l’union pour la protection des obtentions végétales (UPOV). Ce texte met en place une définition commune des variétés de semences, un socle commun qui a pour but de faciliter les échanges entre pays.

Mais, très vite, les grands acteurs de l’agro-industrie s’emparent du marché. Ils déposent des brevets et imposent des variétés homogénéisées, hybrides, des clones qui sont même parfois génétiquement modifiés. Ces graines ont tendance à dégénérer quand on les ressème. Les paysans doivent en racheter tous les ans. 

Au contraire, les semences anciennes peuvent être replantées d’une année sur l’autre. Elles permettent au paysan une autonomie et une indépendance par rapport aux semenciers. Elles développent aussi des caractéristiques différentes pour s’adapter au terroir. Bref, elles possèdent de nombreuses qualités.

♦ Pourquoi la commercialisation des semences remet en cause un savoir-faire millénaire ?


En France, on ne peut commercialiser que les semences inscrites dans un catalogue officiel établi par le ministère de l'Agriculture. Figurer dans ce registre nécessite des démarches complexes que, la plupart du temps, seuls les grands groupes de semenciers peuvent mener à bien.
Les semences anciennes (paysannes), qui ne sont pas inscrite dans ce catalogue, sont donc illégales.

Une règlementation qui,  pour certains paysans, est inacceptable. Ils se mobilisent pour contourner une règle remettant en cause un savoir-faire millénaire.

C’est le cas de Yanick Loubet qui se bat au quotidien avec une poignée de maraîchers bio pour réhabiliter les semences paysannes, issues de variétés naturelles, celles qui évoluent, s’adaptent aux climats, aux maladies et aux terroirs…

En 2010, il crée une association permettant l’échange de semences, "la graine et le potageret s’investit  dans la formation. Il forme des jeunes dans des lycées agricoles, va à la rencontre de paysans à l’étranger (Colombie, Mali…).


 

♦ Comment Yanick Loubet a-t-il sauvé près de 2500 variétés potagères ?


Yanick Loubet a commencé à faire des semences paysannes par hasard. C’est pour répondre à la demande de restaurateurs qui voulaient retrouver des légumes de qualité qu’il se lance. Dans un premier temps, il va chercher à l’étranger les semences qu’il ne trouve pas dans le catalogue officiel.
Après avoir tâtonné seul, il se rapproche de l’association Kokopelli (Terres de Semences), qui dès 1994 commercialise des graines non inscrites.

Yanick Loubet dispose désormais d’environ 2500 variétés potagères, dont 600 de tomates

Pour lui, cette démarche est une façon de retrouver un savoir-faire paysan naturel, perdu à cause de la normalisation génétique imposée par les semenciers.

Dans l’émission Ensemble c’est mieux !, du lundi 18 mars 2019, Amélie Douay nous emmène à Nolay, à la rencontre de Yanick Loubet, maraicher, producteur de semences paysannes.

 
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