Témoignage. "Prendre soin de ce qui est vivant" : à 27 ans, elle rêve de se lancer dans l’agriculture paysanne dans le Cantal

Publié le Écrit par Laurent Mazurier
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Nora El Moudni n’est pas une jeune femme comme les autres. A 27 ans, elle n’est ni sur Tik Tok, ni sur Instagram, préfère les relations réelles plutôt que les échanges virtuels et n’a aucune envie de vivre en ville. Son rêve, c’est de devenir agricultrice dans le Cantal ou à proximité et de produire des macérats de bourgeons. Un projet d’autant plus audacieux qu’elle n’est pas fille de paysans. Mais sa foi en la nature peut déplacer des montagnes.

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« Au début, ce n’était pas une envie, plutôt un besoin… Car, quand on est jeune et qu’on sort du lycée, on se retrouve confronté à un monde délabré, qui marche sur la tête, il faut quand même le dire ». Nora El Moudni, 27 ans, ne parle pas fort et cherche ses mots, mais, pour elle, les choses sont claires : la planète ne tourne pas rond et les êtres humains ne se comportent pas correctement avec elle. Cette conviction s’est imposée dans son esprit après son enfance à Orcet (Puy-de-Dôme) et son bac S passé à Clermont-Ferrand. « Je voulais trouver des solutions face à ce monde. Je me suis donc formée en BTS gestion et protection de la nature à Neuvic en Corrèze. Et puis j’ai fait un stage de 3 mois au Jardin alpin du Mont-Cenis (Savoie), où je m’occupais de l’entretien du parc et de l’animation auprès des visiteurs. C’est là que j’ai découvert le lien qui unissait l’homme aux plantes depuis longtemps ».

Une prise de conscience, que Nora va ensuite expérimenter dans sa chair. « J’ai dû traverser une maladie, où je n’ai pas eu beaucoup de réponses de la part de la médecine conventionnelle. J’ai donc dû chercher par moi-même les solutions pour pouvoir recouvrer l’équilibre. C’est là que je suis allée voir des naturopathes, qui m’ont accompagnée, qui ont pris l’histoire de ma personne dans sa globalité. Et qui m’ont offert toute une connaissance sur l’hygiène de vie pour garder un équilibre ».

Réconcilier la nature et l'homme

Nora prend alors sa décision : elle va œuvrer à la réconciliation entre la nature et l’homme et se lancer dans l’agriculture paysanne. Son idée est de cultiver, cueillir et transformer des plantes aromatiques et médicinales. Et produire tout particulièrement des macérats de bourgeons : trempés dans de l’eau, du sirop de sucre et de l’alcool, les bourgeons de framboisier, châtaigner ou tilleul sont réputés avoir des principes actifs et soutenir l’organisme. « Ma motivation, c’est de prendre soin de ce qui est vivant ». Et d’insister : « Il faut remettre du vivant partout dans ce monde ». Et n’allez pas lui dire qu’elle souffre d’écoanxiété : « Je n’ai pas envie de dire que je suis inquiète. Je cherche juste à trouver de la lumière dans ce décor… et aussi du sens ».

Nora a donc créé son entreprise, « Fleurs d’horizon » et cherche aujourd’hui un terrain pour cultiver ses plantes. Elle aimerait s’installer entre Cantal et Lot, près de Sousceyrac-en-Quercy, un secteur qui regorge de lieux de cueillette préservés.

L'aventure de l'installation

Seulement voilà ; c’est compliqué de se lancer en agriculture quand on n’est pas fille de paysans. Nora El Moudni s’est donc adressée à la Cant’ADEAR, l’Association pour le développement de l’emploi agricole et rural du Cantal. Regroupant des agriculteurs, en grande majorité membres du syndicat agricole de la Confédération paysanne, cette association accompagne toutes celles et tous ceux qui veulent tenter l’aventure de l’installation. Des jeunes qui osent le maraîchage ou les plantes aromatiques et médicinales dans un département entièrement acquis à l’élevage. « Là, je suis venu demander de l’aide par rapport aux questions de dimensionnement financier et commercial », avoue Nora. « J’ai une production, mais il me manque une étape de vente et de rémunération. C’est chouette de trouver des gens qui soutiennent des projets de jeunes ».

En novembre dernier, avec quatre autres porteurs de projets, Nora a eu rendez-vous à Ytrac, chez Mathieu Goubin, un maraîcher bio qui a fait le pari de l’installation il y a 5 ans. Une journée d’échanges autour de ses réussites et ses échecs.

À voir dans l'émission L'info en + climat dans Ici 19/20 sur France 3 Auvergne, France 3 Alpes et France 3 Rhône-Alpes. Présentation :  Lise Riger. Rédaction en chef : Françoise Boissonnat et Laurent Mazurier

Retrouvez tous nos reportages de L'info en + Climat sur france.tv

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