La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble a décidé, ce jeudi 14 décembre, de laisser le meurtrier présumé de Marie-Thérèse Bonfanti en liberté sous contrôle judiciaire. La famille de la victime s'était opposée à cette décision.
Yves Chatain reste en liberté. Ce jeudi 14 décembre, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble a rendu son arrêt après l'audience qui s'est déroulée mardi : le meurtrier présumé de Marie-Thérèse Bonfanti, disparue en 1986 à Pontcharra (Isère), ne retournera pas en détention provisoire.
"L'arrêt rendu ce matin (...) confirme l’ordonnance ayant libéré Yves Chatain sous contrôle judiciaire et ajoute une obligation de pointer une fois par semaine à la gendarmerie", indique le procureur de la République de Grenoble Eric Vaillant, confirmant une information du Dauphiné Libéré.
"La famille est outrée et écoeurée de la liberté de ce contrôle judiciaire, indique Me Bernard Boulloud, avocat de la famille. Ils se situent dans le même secteur géographique et craignent un jour de rencontrer M. Chatain par hasard. Il a été diagnostiqué comme quelqu'un de très impulsif, il le dit lui-même. Qui sait ce qu'il pourrait se passer en cas de rencontre ? C'est un peu faire rentrer le loup dans la bergerie." Contactée, l'avocate de la défense n'a pas souhaité s'exprimer.
Début décembre, Yves Chatain avait été remis en liberté après une décision de la Cour de cassation qui a retenu le principe de prescription. Le suspect avait avoué le meurtre de l'Iséroise en mai 2022, soit 36 ans après les faits.
Une autre décision attendue
"C'est difficile à comprendre. Il avoue un meurtre, puis on le laisse repartir en liberté, comme si de rien n'était. Émotionnellement, ça met un coup. Il faut arriver à se relever, on est dépités, on ne s'attendait pas à cette décision. Ce que je crains, c'est que la justice libère quelqu'un de dangereux", avait témoigné la fille de la victime, Erika Bonfanti, après cette dernière décision.
Si le principe de prescription a été retenu par la Cour de cassation, l'affaire est désormais entre les mains de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon, désignée pour réexaminer le dossier. Cette juridiction devra trancher, de nouveau, sur la prescription. La décision déterminera l'éventuelle poursuite des investigations et aura des répercussions sur de nombreux cold cases.
Un des plus vieux cold cases
Marie-Thérèse Bonfanti, 25 ans, avait disparu le 22 mai 1986 alors qu'elle distribuait des journaux à Pontcharra. L'enquête s'était soldée par un non-lieu l'année suivante et l'affaire était devenue l'un des plus vieux cold cases de France.
Yves Chatain, qui avait été soupçonné puis mis hors de cause à l'époque des faits, a avoué en mai 2022 avoir donné la mort à la jeune mère de famille dont le crâne a été découvert à quelques dizaines de mètres du lieu où le meurtrier présumé a dit avoir abandonné le corps. Il avait alors été mis en examen pour enlèvement, séquestration et meurtre.
En janvier dernier, la cour d’appel de Grenoble avait écarté la prescription des faits. La défense du suspect avait alors décidé de se pourvoir devant la plus haute juridiction française qui avait retenu ce principe, rendant possible la remise en liberté d'Yves Chatain.