Procès Lelandais : perpétuité requise, plaidoiries de la défense... Ce qu'il faut retenir de cette journée d'audience

L'avocat général a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre Nordahl Lelandais pour le meurtre de Maëlys ce jeudi. Pour la défense, Me Jakubowicz a demandé aux jurés de ne pas décider le verdict "à l'aune" de la douleur des victimes et des familles.

Avant-dernière journée du procès de Nordahl Lelandais aux assises de l'Isère. A la veille du délibéré, l'avocat de l'ancien militaire, Me Alain Jakubowicz, va plaider dans l'après-midi du jeudi 17 février. Son client est jugé pour l'enlèvement et le meurtre de la petite Maëlys de Araujo ainsi que des agressions sexuelles sur deux petites cousines.

La veille, la parole était aux parties civiles pour le début des plaidoiries. Cette avant-dernière journée s'est ouverte avec les réquisitions du ministère public. L'avocat général a requis la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Suivez cette quatorzième journée d'audience minute par minute dans notre direct commenté.

Ce qu'il faut retenir de la journée d'audience

  • L'avocat général, Jacques Dallest, a requis ce jeudi la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans à l'encontre de Nordahl Lelandais. Le trentenaire est jugé devant la cour d'assises de l'Isère pour l'enlèvement, la séquestration et le meurtre de la petite Maëlys de Araujo ainsi que deux agressions sexuelles sur des petites cousines.
  • Au terme d'un exposé détaillé, l'avocat général Jacques Dallest a également demandé aux jurés de le déclarer "grand criminel". Le magistrat est revenu sur la psychologie de l'accusé, sa sexualité, le déroulé de la nuit du meurtre ainsi que sur sa dangerosité : "Nordahl Lelandais, c'est la forme aboutie du psychopathe", a-t-il notamment déclaré. Le magistrat a demandé aux jurés de rendre justice aux petites cousines agressées sexuellement et à Maëlys, "cette enfant au sourire malicieux".
  • Un "bon copain", "serviable" et certainement pas "un monstre". Me Moutous s’est attaché à présenter un accusé au parcours de vie morcelé, mais classique. Le défenseur de Nordahl Lelandais a regretté que "chacun de ses faits et gestes (ait) fait l'objet de suspicions" à l’aune des accusations qui pesaient sur lui. "Ce n'est pas nécessairement un gentleman. La fidélité n'est pas sa vertu cardinale", a reconnu le jeune collaborateur de Me Jakubowicz, mais aucune connaissance de l’ancien militaire "n'est venu parler d'un monstre". "C'est sur sa vie toute entière que vous ferez tomber le glaive de la justice", a-t-il prévenu.
  • "Aucun élément du dossier ne permet d'objectiver" la thèse d’un mobile sexuel pour le meurtre de Maëlys de Araujo, s’est attachée à démontrer Me Pariat. Alors que cette question a plané sur les débats pendant une large partie du procès, la défense a tenu à rappeler que Nordahl Lelandais n’était pas poursuivi pour le viol de la fillette. "Il a reconnu le caractère pédophile de ses agissements" sur ses petites cousines, a insisté la collaboratrice de Me Jakubowicz. Concernant les agressions sexuelles, "il n'y pas de justification à avoir, car il n’y en a aucune". Mais "ces faits doivent être dissociés" du meurtre de la fillette.
  • "Oui, le chemin sera long. Oui, le chemin sera douloureux", a déclaré Me Alain Jakubowicz, qui sait que la peine de son client sera lourde pour le meurtre de la petite Maëlys. L'avocat de la défense a estimé que son client avait fait du chemin depuis 4 ans et demi et qu'il se "sait coupable" des faits pour lesquels il est jugé. En conclusion de sa plaidoirie, Me Jakubowicz a déclaré que "le terme de perpétuité renvoyait à l'éternité. Il annihile toute espérance". Il a ainsi demandé aux jurés de ne pas prononcer une peine à l'aune de la douleur des familles et de faire abstraction du traitement médiatique de l'affaire pour ne se concentrer que sur "les preuves".

La journée d'audience minute par minute

16h38 - Me Jakubowicz en a terminé avec sa plaidoirie. La séance est levée, elle reprendra demain à 9 heures, avec une dernière prise de parole de Nordahl Lelandais. Les jurés iront ensuite délibérer. Le verdict sera attendu dans la journée de vendredi.

16h35 - Me Jakubowicz se retourne ensuite vers les jurés pour adresser la conclusion de sa plaidoirie : "Ce trouble, immense en l'espèce, ne s'apprécie pas non plus à l'aune du tumulte des médias et de l'audimat suscité par cette affaire." Il continue : "Votre décision n'a pas a faire écho à l'opinion publique, mais à y répondre d'une certaine façon en affirmant, jusque dans l'expression du peuple, l'indépendance de la justice française."

16h33 - Il s'adresse au procureur général, Jacques Dallest : "Où a-t-on vu qu'une peine était fixée à l'aune de la peine des victimes ? Est-ce que les rumeurs extérieures sont venues jusqu'à vous ? On ne fixe pas une peine à l'aune de la peine d'une famille."

16h32 - "Je vous demande un petit effort dans votre vie. 30 ans. Qu'était votre vie il y a 30 ans ? Imaginez-vous. Trente ans de prison. Trente ans enfermé. Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières, c'est ce qu'il mérite et il le sait. Mais je vous pose cette question. Trente ans ?", demande-t-il, penché en avant à la barre, aux jurés : "Le terme de perpétuité renvoie à l'éternité. Il annihile toute espérance."

16h30 - Me Jakubowicz s'adresse aux jurés : "Vous fixerez l'échelle de cette peine en tenant compte de la gravité des faits mais aussi en représentant un principe cardinal de notre droit pénal : la personnalisation de la peine", l'avocat évoque ensuite plusieurs affaires où les meurtriers n'ont pas été condamnés à une peine de réclusion criminelle à perpétuité.

16h22 - "Oui, le chemin sera long. Oui, le chemin sera douloureux. Nordahl Lelandais le sait", la plaidoirie de Me Jakubowicz touche bientôt à sa fin. Il indique que son client a obtenu l'équivalent du brevet des écoles en détention et qu'il entend poursuivre des études et la lecture. Aussi, "il est résolu à intensifier son suivi psychologique et psychiatrique".

16h19 - Pour lui, ces assises auront permis une avancée de la part de Lelandais : "On a progressé. Il y a le fait que Nordahl Lelandais a cheminé." Il veut parler des aveux de Nordahl Lelandais, vendredi dernier, qui, questionné par son avocat, avait reconnu avoir "volontairement" enlevé et tué la petite fille : "Je sais qu'on a tout dit de ces aveux, qu'ils ont été arrachés par son avocat. C'est faux."

Selon lui, cela arrive après cinq heures et demi d'interrogatoire, "avec une insistance héroïque" de la part de la présidente "pendant 3h30" : "Je suis venu récolter le fruit de votre travail", indique Me Jakubowicz.

16h13 - La plaidoirie concerne désormais le témoignage de Farid Chabil, un co-détenu de Lelandais qui aurait recueilli des aveux compromettant de la part de l'accusé, notamment sur des faits d'agressions sexuelles sur la petite fille. Son témoignage, qui avait manqué de précision et de preuves, n'avait pas été retenu par l'accusation lors du procès de Chambéry. A Grenoble, dans le cadre de l'affaire Maëlys, il ne s'est pas présenté devant la cour d'assises de l'Isère : "Lorsqu'il est convoqué par la justice, il n'y a plus personne." Pour lui, les déclarations de Farid Chabil sont "un tissu de mensonge"

16h07 - "Les hypothèses, les suppositions, les conjectures ne sont pas des preuves. En droit, ça s'appelle le doute", explique clairement l'avocat aux jurés, notamment sur un possible mobile sexuel de la part de Lelandais dans ce meurtre : "On n'a pas les preuves pour l'amener devant une cour d'assises pour ça, mais on n'a pas pas non plus les preuves pour le mettre en examen pour ça."

16h03 - "Cette petite fille n'avait rien à faire dans la voiture de Nordahl Lelandais à 3 heures du matin", continue l'avocat : "Maëlys est dans cette voiture, elle n'a rien à y faire. Le seul responsable c'est lui. Quelques semaines plus tôt, il a tué un homme. Personne ne le sait, lui si. Quelques semaines plus tôt, il a agressé sexuellement deux petites cousines. Personne ne le sait, lui si. (...) Il sait qu'on l'a vu. Il sait qu'il a été vu au cours de trois occurrences dans la soirée. Il est 3 heures du matin, (il est) au volant avec une petite fille. Quels sont les choix ?", interroge l'avocat. Selon lui, Nordahl Lelandais a choisi de camoufler le meurtre d'Arthur Noyer en se débarrassant de la petite fille.

Il revient sur le moment où Maëlys est à bord de sa voiture : "Dans ce court laps de temps, il dit que Maëlys a chouiné, hoqueté. (...) Cette petite fille demande en pleurant qu'il la ramène au mariage. Il le fait pas." L'avocat indique que depuis ces faits, il s'est "muré dans sa vérité".

Face aux déclarations de Me Jakubowicz, plusieurs membres de la famille de Maëlys, dont son père et sa mère, sont sortis de la salle d'audience.

15h45 - "Lelandais ne se cache pas" au moment de ses interactions avec la petite fille, rappelle l'avocat. Puis il rappelle qu'à 2h39, Lelandais est vu seul dans sa voiture. A 2h40, Maëlys joue encore dans la salle des fêtes. Quelques instants plus tard, la petite Maëlys est passée devant sa voiture. Selon l'accusé, elle lui aurait demandé s'il allait voir ses chiens. Il aurait répondu "oui", puis elle serait rentrée dans le véhicule. "Personne ne l'a vu", rappelle l'avocat, notamment parce qu'il n'y aurait pas eu de "violences" à ce moment. "On n'a aucune explication crédible autre que celle de Nordahl Lelandais", ajoute-t-il.

15h40 - Me Jakubowicz en vient à la soirée du mariage, où Maëlys a disparu le 27 août 2017. Il retrace la chronologie de cette nuit : "Il (Lelandais) a la même tenue débrayée" à son retour au mariage pour se faire "un rail de coke". Au moment du dessert, la petite Maëlys échange avec Lelandais, au sujet de ses chiens selon l'accusé, "rien, aucun élément du dossier, ne permet de penser que Nordahl Lelandais ait rencontré cette petite fille avant."

15h32 - Lelandais avait reçu la gendarmerie chez lui, après le meurtre d'Arthur Noyer, alors qu'il n'avait pas encore été identifié, pour une histoire de pneu crevé dans un parking : "Il a tué un homme et on vient le chicaner pour un problème de pneu crevé", explique l'avocat, qui évoque par la suite un sentiment de "toute-puissance" de la part de Lelandais : "Il part en roue libre. Il n'y a plus rien qui l'arrête, il part en live. Plus rien n'est maîtrisé, il fonce droit dans le mur."

15h26 - L'avocat aborde l'année 2017, période des meurtres d'Arthur Noyer et Maëlys. Le quotidien de cette année était marqué par une errance de Nordahl Lelandais.

"Il est incapable d'appeler au secours", indique l'avocat, avant d'en venir au meurtre du caporal Noyer, lors d'une sortie de boîte de nuit à Chambéry. "Le motif de la bagarre on ne le connaît pas." Mais, "il a reconnu" que c'était un meurtre, reprécise l'avocat.

15h20 - "Comment Nono s'est transformé en l'autre ? (...) Comment celui qui était un loser est devenu un meurtrier ?" Pour répondre à ces questions, il regrette la "nuée d'experts" venus à la barre.

"Si tous les paumés de la vie devenaient des criminels, on aurait du mauvais sang à se faire", continue-t-il. Il était pour lui "un homme banal".

15h08 - "Il aura quelques emplois stables. Ces supérieurs n'auront pas grand chose à dire sur lui, si ce n'est qu'il est trop souvent en arrêt maladie. (...) Sa vie devient celle d'un adolescent attardé. Ses amis achètent une maison, travaillent et ont autre chose à faire que de boire un verre avec Nordahl Lelandais." Il rappelle que ses amis ont évoqué un caractère "gentil et serviable".

15h01 - "Si l'armée renvoie tous les troufions qui fument du haschich, notre défense nationale est en danger, madame la présidente. (...) Les jeunes fument du haschich, soldat ou pas." L'avocat poursuit sa plaidoirie, parle haut, se tourne vers l'audience, les parties civiles, l'accusé et montre son aisance à la barre. Il continue d'évoquer la jeunesse de Lelandais, marquée par sa consommation de cannabis et quelques petits délits.

14h57 - "Il n'est pas un tueur en série. Point final", insiste l'avocat, qui revient sur une autre de ses passes d'armes avec le directeur d'enquête, qui avait refusé de "confirmer ou infirmer" l'hypothèse que Lelandais soit un tueur en série.

Après avoir abordé ces deux situations qui ont marqué ces assises, Me Jakubowicz reprend sa plaidoirie avec l'enfance de l'accusé : "On cherche un enfant qui était mal aimé, on cherche un enfant qui a vécu des sévices. Finalement, est-ce qu'on aurait pas aimé qu'il soit né dans une famille maltraitante? (...) Cela ne nous aurait-il pas rassuré ? L'opinion publique aurait pu dire : 'Il est différent de nous'. Ben, non... Désolé de dire ça en ces termes, mais Nordahl Lelandais nous ressemble."

14h48 - "Le mythe répété au point de devenir une preuve, (...) ce n'est pas la justice. Ce n'est pas possible", déclare Me Jakubowicz. L'avocat met le ton. Il regrette que plusieurs témoignages, pièces et documents aient pu être interprétés à la guise de l'accusation ou des médias.

14h42 - Me Jakubowicz, toujours dans son introduction, tient à s'expliquer sur une passe d'armes tendues avec l'ancien procureur de la République, Jean-Yves Coquillat, en charge de l'enquête au moment des faits. 

14h35 - "En théorie j'aurais dû récuser chacun de vous. Tous et toutes", déclare-t-il. Selon lui, chacun d'entre eux n'aurait pas dû être au courant des agissements de Nordahl Lelandais avant le début de ces assises. Ils auraient dû fonder leur "propre  jugement sur la seule base" des éléments présentés au cours de ce procès. L'avocat regrette donc un traitement médiatique néfaste de son client : "Les médias ont plus de moyens et de puissance que la justice."

14h30 - "Il s'est passé tant de choses dans ce dossier, tant de rebondissements depuis la disparition de Maëlys. Nous voilà enfin parvenus au terme de ce long voyage. La famille se retrouvera seule face au chagrin et à la douleur. Quant à Nordahl Lelandais, il retournera dans les oubliés des affaires judiciaires. Ainsi va la vie", commence l'avocat. 

14h28 - L'avocat, qui exerce au barreau de Lyon et qui a déjà plaidé dans de nombreux très grands procès, commence par remercier Me Crespin, avocat de deux associations d'aide à l'enfance, qui s'apprête à prendre sa retraite.

14h27 - Me Pariat a terminé sa prise de parole, Me Jakubowicz, avocat de la défense, se lève et commence la dernière plaidoirie de ces assises.

14h25 - Elle évoque "la question de l'envahissement de ce trouble dans sa personnalité", au sujet de ses actes pédophiles. "Il a reconnu le caractère pédophile de ses agissements", explique-t-elle. Elle indique également que Lelandais a eu une "prise de conscience" par rapport à ces actes suite à ses aveux, avec notamment un passage dans un hôpital psychiatrique.

14h20 - L'avocate aborde le coeur de sa plaidoirie avec les deux agressions sexuelles de Lelandais sur des petites cousines. "Il n'y pas de justification à avoir, car il n'y en a aucune", elle explique que ce sont bien des "actes de pédophilie".

Elles s'inscrivent dans "un contexte particulier" et dans "la lâcheté". Elle souhaite néanmoins que les jurés ne transposent pas ces violences sur le sort de la petite Maëlys : "Ces faits doivent être dissociés." Il n'y a aucun "lien établi" avec le meurtre.

14h16 - Me Pariat en vient au comportement de Lelandais avec les enfants. Elle rappelle que plusieurs témoins avaient expliqué qu'il était "protecteur" envers les enfants de ses proches.

14h13 - L'avocate évoque à présent les critères pornographiques recherchés par l'accusé. Selon elle, plusieurs des ces catégories, telles que "teens" ou "petites" figurent parmi les plus recherchées auprès des visiteurs de sites pornographiques.

Elle rappelle qu'aucune consultation de site pédopornographique n'a été réalisée par Lelandais.

14h07 - Pour Me Pariat, la version des faits de Lelandais et ses refus répétés d'un possible mobile sexuel peuvent être la "réalité" : "C'est à l'accusation de démontrer qu'il y aurait eu un mobile sexuel, explique-t-elle. Aucun élément du dossier ne permet d'objectiver cette thèse. (...) Vous devrez vous départir de certaines affirmations pour vous concentrer sur la réalité du dossier et vous poser la question de l'après."

14h03 - Me Moutous en a terminé de sa plaidoirie. C'est au tour de Me Pariat, une autre collaboratrice de Me Jakubowicz, de venir prendre la parole. Elle va s'intéresser aux agressions sexuelles de Nordahl Lelandais sur deux de ses petites cousines.

Jeune et cheveux noués, elle s'adresse clairement face à la barre : "Peut-être était-ce nécessaire d'affronter cette réalité. Ce n'était pas une mission facile, mais c'était nécessaire", explique-t-elle au sujet du visionnage des vidéos des agressions sexuelles.

13h59 - "Tout le monde dit de Nordahl Lelandais qu'il est serviable", Me Moutous tente toujours de présenter les aspects positifs de la personnalité de Nordahl Lelandais. Il était un "bon copain" selon les dires de plusieurs témoins passés à la barre depuis bientôt trois semaines : "Pas un (d'entre eux) n'est venu parler d'un monstre."

"Ce n'est pas nécessairement un gentleman. La fidélité n'est pas sa vertu cardinale." Le collaborateur de Me Jakubowicz revient sur les relations amoureuses. Il accorde qu'il a eu beaucoup de conquêtes, mais qu'à un seul moment, il a eu un comportement violent. C'était au moment d'une rupture amoureuse avec une de ses anciennes compagnes venue témoigner à la barre au cours de la première semaine.

13h51 - "Son parcours ne portait pas en germe les actes de (Nordahl Lelandais)", poursuit-il. Me Moutous tient à déconstruire le sombre portrait du trentenaire dépeint par le procureur général, ce matin, et par les parties civiles, hier, lors de leur plaidoirie. "Il a été un militaire honnête", déclare l'avocat avant de faire état de plusieurs appréciations positives de ses hiérarchiques lors de son passage dans l'armée : "Il avait des raisons d'être déçu de l'armée et de la quitter", explique-t-il après l'événement de la fléchette reçue dans l'œil.

13h40 - La séance est reprise. Me Moutous, collaborateur de Me Jakubowicz, prend la parole pour la défense. "C'est sur sa vie toute entière que vous ferez tomber le glaive de la justice", explique-t-il au sujet de Nordahl Lelandais. Le jeune avocat brun, à la barbe de trois jours, défend Lelandais en expliquant que son client est devenu une figure médiatique : "Chacun de ses faits et gestes est décortiqué, chacun de ses faits et gestes fait l'objet de suspicions."

Il demande notamment aux jurés de rester "mesurés".

11h13 - L'avocat général a requis la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans à l'encontre de Nordahl Lelandais pour l'enlèvement, la séquestration et le meurtre de Maëlys ainsi que des agressions sexuelles sur deux petites cousines.

"Vous rendrez justice aux petites cousines, vous rendrez justice à Maëlys, cette enfant au sourire malicieux. Je vous demanderai donc de déclarer Nordahl Lelandais, grand criminel, grand prédateur, coupable, à la réclusion criminelle à perpétuité et je vous demanderai d'assortir cette peine d'une période de sûreté de 22 années."

L'audience est suspendue. Elle reprendra à 13h30 avec les plaidoiries de la défense.

11h09 - "Je vous demanderai de retenir un état de récidive légale, déclare l'avocat général. C'est juridiquement établi, je vous demanderai de répondre oui à toutes les questions posées, sur enlèvement, agression et tous les autres délits constitués."

"La peine, nous dit la loi, doit assurer la protection de la société. Tout crime mérite punition. Ce danger social absolu que constitue Nordahl Lelandais doit être lourdement condamné. Comment le punir ? Celui qui tue un enfant incarne la figure la plus impitoyable de la mort. Quand on ne voit plus l'humain dans l'autre, c'est qu'on est devenu inhumain. Nordahl Lelandais vous avez détruit une vie en avril 2017 en août 2017, vous avez agresse, vous avez détruit des familles, vous avez engendré la souffrance, vous êtes un destructeur de bonheur, le massacreur d'un enfant."

11h07 - "Nordahl Lelandais, ce n'est pas l’ennemi public n°1, c’est un raté de la vie qui a fait parler. Et c’est quelqu’un que je vais vous demander de condamner", lance l'avocat général qui demande aux jurés de le déclarer coupable de l'ensemble des faits qui lui sont reprochés.

11h03 - "L'excitation sexuelle le met dans un état tel qu'il (Nordahl Lelandais) se met au-dessus des autres", analyse l'avocat général, évoquant la "dangerosité" de l'accusé, pointée dans les différentes expertises psychologiques et psychiatriques.

"Emprise prédatrice sur ses victimes", "traits de psychopathie", "hermétique à la souffrance des autres"... Le magistrat cite des extraits d'expertises pour dresser le portrait de Nordahl Lelandais.

"L'année 2017, c'est l'année effroyable. Une extrême dangerosité. Et s'il n'avait pas été arrêté en 2017 ? (...) Je crois considérablement que nous avons affaire, en 2017, à un danger sociable considérable."

10h57"Pourquoi cette rage meurtrière ?", demande Jacques Dallest. L'accusé a parlé d'une année noire en 2017, une plongée dans l'alcool et la cocaïne. "La drogue ne minimise pas la responsabilité pénale", prévient-il.

Et l'avocat général de se questionner sur le choix des victimes. "Est-ce que ce n'est pas une rage contre les parents ? Est-ce que (Maëlys) n'est pas l'enfant du bonheur ? L'enfant des familles heureuses ? C'est l'analyse que j'en fais à titre personnel."

10h52 - L'avocat général évoque à présent les similitudes entre les disparitions de Maëlys de Araujo et Arthur Noyer. Nordahl Lelandais a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour le meurtre du jeune caporal l'an dernier.

"Il ne connait pas les victimes dans les deux cas, liste Jacques Dallest, il utilise sa voiture, il cache le corps de ses victimes (...) Dans les deux cas, une consultation préalable de sites pornographiques. Dans les deux cas, des demandes sexuelles à ses partenaires du moment. Dans les deux cas, il nettoie son véhicule. Dans les deux cas, il y a une hypothèse du mobile sexuel."

10h48 - La petite Maëlys a-t-elle été victime d'attouchements de la part de Nordahl Lelandais ? L'intéressé a toujours nié les faits. Mais le corps de la fillette ayant été retrouvé six mois après sa disparition, les experts n'ont pas pu le déterminer.

"Nordahl Lelandais a tout fait pour qu’on ne retrouve pas le corps de Maëlys, on ne saura jamais s’il y a eu acte sexuel", estime l'avocat général, affichant sa "conviction qu'un geste sexuel a été infligé à Maëlys", sans pouvoir le démontrer sur le plan juridique.

10h40 - "On est bien sur un mobile sexuel", tranche le magistrat dans son réquisitoire. "On est sur une montée d'excitation déviante. Maëlys a été l'enfant à sa merci, une des enfants les plus vulnérables. Evidemment, le mobile est sexuel."

"On est sur de la prédation opportuniste, de la prédation sexuelle, évidemment."

10h35 - "Le t-shirt (de Nordahl Lelandais, ndlr) ? Pas de sang, grande surprise. Le bermuda, jeté. Y aurait-il eu du sperme ? Autre chose ?", questionne l'avocat général, listant tous les doutes qui planent encore sur les circonstances de la mort de Maëlys de Araujo.

Nordahl Lelandais a affirmé avoir frappé la fillette au visage lorsque celle-ci a commencé à pleurer dans sa voiture. Ne sentant pas de pouls, il a caché son corps dans une forêt. "Est-elle morte là-bas, dans sa tombe ? Morte par le froid ?", demande encore Jacques Dallest.

10h32 - Le magistrat revient sur les zones d'ombre du dossier. Les causes de la mort de Maëlys, notamment, n'ont pas pu être établies formellement par le médecin légiste. "On est sur un traumatisme facial majeur qui peut avoir entraîné le décès, même si on n'a pas la certitude que d'autres violences aient été exercées sur la petite", explique Jacques Dallest selon qui "nous n'avons pas la certitude qu'elle soit morte dans la voiture."

10h25 - Nordahl Lelandais est jugé pour le meurtre de la petite Maëlys, mais aussi pour son enlèvement le soir du mariage. Et la situation est "très claire", selon Jacques Dallest. "Le fait de ne s'intéresser qu'à une seule enfant, le fait de ne pas parler aux parents, le fait de communiquer avec l'enfant, et le fait de désactiver son téléphone permet à Nordahl Lelandais de se rapprocher de l'enfant", souligne-t-il.

"Je ne crois pas qu'il ait utilisé la force, mais la contrainte morale. On saisit la naïveté et l'innocence de l'enfant par la persuasion."

10h20 -  L’avocat général retrace le déroulé de la soirée lors de laquelle la petite Maëlys a disparu. "Avant d’aller au mariage, Nordahl Lelandais consulte des sites pornographiques avec des pages à tendance pédophilique", rappelle-t-il. Puis le magistrat revient sur l’arrivée de l’ancien militaire à la noce, ses allers retours, les contacts avec Maëlys au cours de la soirée, jusqu'à sa disparition.

Quelques heures après les faits, Lelandais efface des vidéos tournées au cours de la soirée. "Il prend la précaution après les faits, je suppose, d’effacer des vidéos d’enfants. Quel type de vidéos ?", questionne Jacques Dallest.

10h10 - L'avocat général revient à présent sur la nuit de la disparition de la petite Maëlys, le 27 août 2017. "Tout a été fait, dans les premiers temps de l’enquête, pour retrouver Maëlys", affirme-t-il.

70 expertises techniques, 800 scellés, "des centaines de témoins entendus"... Il détaille les différentes étapes de l'enquête qui a mené à l'identification de Nordahl Lelandais grâce au bornage de son téléphone.

10h05 - Poursuivant son réquisitoire, Jacques Dallest en vient aux agressions sexuelles sur deux fillettes de 4 et 6 ans pour lesquelles Nordahl Lelandais est également jugé. "Il a admis qu’il ne faisait pas la différence au niveau du sexe entre une femme et un enfant. Ça interroge quand même lourdement", affirme-t-il, parlant d'une "organisation mentale très particulière" chez l'accusé. Le signe également de "troubles de la personnalité caractéristiques".

9h58 - Au cours de l'audience, Nordahl Lelandais a reconnu avoir des penchants pédophiles. "Il nous a expliqué que (des images pédopornographiques, ndlr) ont été téléchargées involontairement. Mais on a du mal à comprendre pourquoi il a supprimé un certain nombre de ces fichiers", souligne l'avocat général.

9h53 - M. Dallest en vient à la vie sexuelle de l'accusé, largement évoquée au cours des débats. Il le qualifie de "multisexuel tous azimuts : hétérosexuel, homosexuel, pédophile, amateur de prostituées, escort boy..."

Une vingtaine de maîtresses et concubines de Nordahl Lelandais ont été identifiées dans le cadre de l'enquête le visant. Le trentenaire menait, selon l'avocat général, une "vie d’instabilité permanente toujours axée sur le sexe".

9h50 - "Si on devait résumer, Nordahl Lelandais, il a tout, ou il avait tout. Des parents, une sœur, des emplois qu’il ne voulait pas garder, un physique qui aurait pu lui permettre de faire carrière dans le sport, des concubines, des maîtresses et des chiens. Il avait tout, mais on sait aussi que ses traits de caractère ont été cernés par un certain nombre de ses proches", déclare l'avocat général, Jacques Dallest. Nordahl Lelandais, c'était aussi "la vie sympa, le super amant, le tonton gentil", souligne-t-il.

9h45 - "Nordahl Lelandais, si on devait le résumer, ce n’est pas un travailleur", décrit l'avocat général. Le magistrat liste ses petits boulots, son bref engagement dans l'armée, une petite entreprise qui n'a pas marché.

"Il a une qualité, c’est quelqu’un de serviable, sympa, mais qui avait le temps pour le faire puisque l’emploi ne l’occupait pas beaucoup", poursuit Jacques Dallest, enchaînant sur les défauts de l'ancien maître-chien : "impulsif, nerveux, jaloux mais aussi menteur et manipulateur".

9h40 - "Nordahl Lelandais, tueur en série ?", questionne Jacques Dallest, évoquant cette interrogation longtemps posée dans la presse. "Après les investigations, je ne qualifie pas Nordahl Lelandais de tueur en série", tranche-t-il. "Il a été condamné pour meurtre, il va être jugé pour un second. Il n’est pas à mes yeux un tueur en série."

"S’il n’est pas un tueur en série, c’est en revanche un psychopathe", avance l'avocat général, parlant à présent de la personnalité de l'accusé.

9h35 - L'avocat général revient à présent sur une étape-clé de l'enquête : la cellule Ariane. Créée au sein de la gendarmerie, elle avait pour objectif de "réaliser le parcours de vie de Nordahl Lelandais et identifier les enquêtes non résolues dans lesquelles il aurait pu être éventuellement impliqué", explique Jacques Dallest.

A l'origine, 902 dossiers de disparitions et crimes non résolus ont été étudiés par les enquêteurs. Puis 41 ont été retenus comme présentant un "intérêt d'enquête". Finalement, la cellule a été dissoute.

9h30 - "La presse est utile à la justice pour aider à faire avancer une enquête à travers une diffusion d’informations", déclare Jacques Dallest dans son réquisitoire, toujours au sujet de la forte médiatisation de l'affaire Maëlys.

Mais le magistrat regrette des "dérives" ces dernières semaines dans la presse : fuite de procès-verbaux, de photos issues de reconstitutions.

9h25 - L'avocat général commence par dire un mot du contexte de l'affaire Maëlys, évoquant la forte médiatisation qui l'a entourée. "Les affaires dont les victimes sont des enfants intéressent tout particulièrement", souligne-t-il, citant notamment l'affaire du petit Grégory.

"Toucher à l’enfant, c’est le crime suprême. Lui faire subir des tourments, c’est insupportable", poursuit le magistrat, parlant d'un "phénomène d'identification".

9h20 - "Dignité, vérité, justice." Le magistrat commence son réquisitoire en exposant aux jurés ce que l'on peut attendre d'un procès d'assises : "qu’il se déroule de façon digne et que justice soit rendue".

Celui-ci fut "long, lourd, difficile, plein d’émotions", souligne l'avocat général. "Arrivé au terme de ces jours de réflexion, la mission ne sera pas simple", avertit Jacques Dallest, invitant les jurés à "appréhender des faits qui sont quelquefois incertains, pas forcément reconnus, complexes".

9h13 - L'audience est reprise. L'avocat général, Jacques Dallest, s'apprête à prendre la parole pour les réquisitions.

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