Réchauffement climatique : "La partie est déjà perdue pour les glaciers", alerte l'Organisation météorologique mondiale

Les glaciers des Alpes ont battu des records de fonte sous l'effet du faible enneigement et des vagues de chaleur successives. La plupart d'entre eux risquent de disparaître en raison des concentrations élevées de CO2.

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Les glaciers fondent à une vitesse spectaculaire sans que l'on puisse les en empêcher. Dans son rapport annuel sur l'état du climat mondial rendu vendredi 21 avril, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies met en évidence les changements survenus à l'échelle planétaire.

Dans les océans ou dans l'atmosphère, les niveaux record de gaz à effet de serre piègent la chaleur. Alors que les indicateurs du changement climatique battent déjà des records, la tendance devrait se poursuivre jusque dans les années 2060.

Le rapport confirme que la température moyenne de la planète en 2022 était supérieure de 1,15 °C à celle de l'époque préindustrielle (1850-1900) et que les huit dernières années ont été les plus chaudes observées, malgré un refroidissement causé par le phénomène climatique La Niña trois années de suite. Selon l'OMM, "la glace de mer de l'Antarctique a atteint son niveau le plus bas jamais enregistré et la fonte de certains glaciers européens a littéralement dépassé les records".

Et "la partie est déjà perdue pour les glaciers car la concentration de CO2 est déjà très élevée et l'élévation du niveau de la mer risque de se poursuivre pendant les milliers d'années à venir", a déclaré à l'AFP le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas. La fonte ne peut être stoppée "à moins de créer un moyen d'éliminer le CO2 de l'atmosphère", a-t-il ajouté.  

Les glaciers européens en sursis

Les glaciers de référence ont connu une perte beaucoup plus importante que la moyenne des dix dernières années. La perte d'épaisseur cumulée des glaciers depuis 1970 s'élève à près de 30 mètres. Les Alpes européennes ont battu des records de fonte des glaciers en raison d'une combinaison de faible enneigement hivernal, de l'arrivée de poussière saharienne en mars 2022 et de vagues de chaleur entre mai et début septembre.

Les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de croître, le climat continue de changer et les populations du monde entier sont toujours durement touchées par les phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes.

Petteri Taalas, secrétaire général de l'OMM

à l'AFP

La situation des glaciers suisses est particulièrement dramatique. Ils ont perdu 6 % de leur volume de glace entre 2021 et 2022, contre un tiers entre 2001 et 2022. Pour la première fois, aucune neige n'a survécu à la saison de fonte estivale, même sur les sites de mesure les plus élevés, et il n'y a donc pas eu d'accumulation de glace fraîche.

Le niveau de la mer et la chaleur des océans ont atteint aussi des niveaux record. La sécheresse, les inondations et les vagues de chaleur touchent de vastes régions du monde et les coûts qui leur sont associés ne cessent d'augmenter.

"Les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de croître, le climat continue de changer et les populations du monde entier sont toujours durement touchées par les phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes", alerte Petteri Taalas.

Des lueurs d'espoir

Lors d'une conférence de presse, il a souligné que "cette tendance négative des conditions météorologiques et de tous ces paramètres risquait de se poursuivre jusque dans les années 2060, indépendamment de notre réussite en matière d'atténuation du changement climatique".

"Nous avons déjà émis une telle quantité de dioxyde de carbone dans l'atmosphère qu'il faudra plusieurs décennies pour mettre fin à cette tendance négative. La partie est déjà perdue pour la fonte des glacier et pour l'élévation du niveau de la mer, c'est donc une mauvaise nouvelle", a-t-il ajouté.

Mais il y a malgré tout des lueurs d'espoir. Notamment car les énergies vertes deviennent moins chères que les combustibles fossiles, selon M. Taalas. Il souligne que la planète ne se dirige plus vers un réchauffement de 3 à 5 °C comme prévu en 2014, mais plutôt vers un réchauffement de 2,5 à 3 °C.

"Dans le meilleur des cas, nous pourrions encore atteindre un réchauffement de 1,5 °C, ce qui serait ce qu'il y a de mieux à la fois pour le bien-être de l'humanité, de la biosphère et de l'économie mondiale", a-t-il complété, soulignant que 32 pays avaient réduit leurs émissions de gaz à effet de serre sans que cela ne les empêche de croître sur le plan économique.

"Les pays ont commencé à agir, ainsi que le secteur privé", a-t-il relevé. Il a en revanche déploré que seule la moitié des 193 Etats membres de l'ONU dispose de services d'alerte précoce.

Avec AFP

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