Un Lyonnais a découvert, avec sidération, que la tombe de ses parents avait purement et simplement disparu du cimetière. Une incompréhension, d'autant que la famille venait régulièrement se recueillir.
En ce jour gris de février, Philippe marche à travers les allées bordées de tombes. Nous sommes au cimetière de Loyasse, sur les hauteurs de Lyon, dans le 5ème arrondissement de Lyon. L'air est frais, Philippe marque une pause devant un trou béant. Ému, il raconte : "voilà l'emplacement où se trouvait la tombe de mes parents. Je pensais m'être trompé d'allée".
"On ne jette pas les morts comme ça"
Entre deux tombes, celle de ses parents n'est plus là. Seule subsiste une fleur artificielle posée à même la terre. Il parle de sidération, dit ne pas comprendre ce qui a pu se passer. Il explique que oui, il a bien reçu une demande de renouvellement de concession de la part de la mairie. Mais qu'il n'arrive pas à se rappeler s'il a fait les choses correctement. Mais, l'air dégoûté, il ajoute : "pourquoi démolir une tombe entretenue, on ne jette pas les morts comme ça, sans prévenir les familles".
Sur les tombes en fin de concession, il y a une signalétique. Là, pas de panneau, pas d'avertissement. Si on avait su, on aurait réagi.
Philippe Madile
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Philippe explique n'avoir jamais vu de plaque indiquant la fin de concession de la tombe de ses parents.
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©France 3 Rhône Alpes
"Comme un deuxième deuil"
La sépulture a été entièrement détruite, les objets funéraires jetés et les ossements déposés dans un ossuaire, dans un autre cimetière. Philippe se dit dégoûté, il évoque "un manque de respect", pour lui, c'est "comme un deuxième deuil". Il explique qu'il se rendait régulièrement sur la tombe, lui, son frère ou sa fille. "La tombe n'était pas abandonnée".
Dura lex sed lex
La ville de Lyon indique pourtant "qu'une plaque a bien été apposée dès 2006 sur la tombe". Selon la ville, la concession arrivait à échéance en 2007. Les textes de loi sont durs, mais c'est la loi, les familles ont deux ans pour se manifester après la date d'échéance.
Sans nouvelles de leur part, ni de paiement pour un renouvellement, la concession a donc été reprise comme le prévoit la législation en vigueur.
Ville de Lyon
"Le vrai tombeau des morts"
Philippe aimerait désormais récupérer "quelque chose" de ses parents pour pouvoir se recueillir. "Sans être forcément croyant, un cimetière, c'est un endroit où l'on peut venir pour se souvenir". Jamais sans doute la phrase que l'on attribue à Jean Cocteau n'aura pris tant de sens et de force. Pour qui a été touché par le deuil, elle inspire réflexion, respect et humanité quand tout semble vide. "Le vrai tombeau des morts, c'est le cœur des vivants".