Témoignages. Guerre en Ukraine : deux ans après, refaire sa vie loin du bruit des bombes

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David, 12 ans et sa mère, sont venus se mettre en sécurité en France juste après le début de la guerre en février 2022
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Publié le Écrit par Alexandra Marie Ertiani et Sylvie Cozzolino

À Saint-Pierre de Chandieu, près de Lyon, 57 personnes ont trouvé refuge depuis deux ans. Toutes ont fui l'Ukraine en guerre depuis l'offensive russe du 24 février 2022.

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David parle et chante en français. Tout va bien pour le jeune garçon de 12 ans et sa mère Oxana. Ils sont en sécurité, aidés par l'association Solidarité Ukraine  qui aide les réfugiés ukrainiens à St-Pierre de Chandieu.

Mais il y a deux ans, au début de la guerre, la mère et le fils ont dû fuir leur ville tout à l'Est de l'Ukraine dans un train de nuit.

"lls nous ont dit qu'il y avait des bombes au-dessus de nous" raconte David, puis, après avoir ravalé sa salive, il ajoute : "il ne fallait pas faire de bruit." Sa mère le regarde expliquer cela avec beaucoup de courage, dans un français très clair. Elle a un accent plus prononcé, mais elle parvient parfaitement à s'exprimer : 

"On nous a dit que pour que notre train ne soit pas trouvé, il fallait éteindre les téléphones, tirer les rideaux et nous cacher. À ce moment-là, tous les enfants ont pleuré", l'air grave, la mère de famille mime, mains sur la tête, un geste de protection.  

Andreï, sa femme Olga et leurs cinq enfants viennent d'arriver près de St-Pierre de Chandieu. Ils ont rejoint leurs anciens voisins ukrainiens, Oxana et David. Les vieux amis ont retrouvé le sourire, ils sont enfin réunis. Mais la fuite de Zaporidjia a été un cauchemar. Russie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Allemagne et la France.

Andreï explique qu'il était ingénieur. Il travaillait à la centrale nucléaire. Les salariés ukrainiens ne pouvaient pas en sortir. Les Russes l'interdisaient.

Andreï a trouvé une ruse et a dit aux occupants : "Je veux aller vivre et travailler en Russie". Ils ont accepté. Le regard fatigué, il raconte que lui et sa famille ont roulé pendant 7 jours sans s'arrêter et 4 nuits sans dormir.

"J'ai 45 ans. Je commence une autre vie. Cela devait sûrement être comme ça" conclut-il en s'essuyant une larme avec pudeur.

Deux ans après le début de la guerre, 57 Ukrainiens vivent à St-Pierre-de-Chandieu. Certains espèrent rentrer dès que possible, et d'autres s'interrogent, comme Oxana : 

Dans cette petite commune du Rhône, à 30 km de Lyon, les familles ukrainiennes refont leur vie loin du bruit des bombes. Mais la déchirure est profonde. Oxana a laissé son mari, devenu soldat.

"Au début, j'ai réfléchi, car je ne savais pas quand ça va s'arrêter et mon fils David, il parle français, alors je me dis que c'est mieux pour lui. Il a 12 ans et il peut aller à l'école ici. Et donc oui, la famille va être séparée". 

Mais d’après le dernier décompte de la Préfecture, 11 800 réfugiés ukrainiens se trouvent toujours en AURA. Ce qu’il faut noter c’est que finalement cette proportion est assez stable depuis le début du conflit. On a toujours eu entre 10 et 15 000 réfugiés dans la région. Les réfugiés ukrainiens se concentrent surtout dans les métropoles, Lyon et Grenoble notamment. 

On comptabilise 2 900 réfugiés dans le Rhône, 1 700 en Isère, un peu moins de 1 000 dans la Loire. 

Saint Pierre de Chandieu avait pour habitude avant la guerre d'accueillir des artistes ukrainiens deux fois par an dans le cadre des concerts des Joyeux Petits Souliers. "A notre échelle, soyons solidaires !", suggérait le maire de la commune à ses concitoyens il y a exactement deux ans. Une solidarité encore intacte, malgré la guerre, qui continue. 

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