Un vigneron a immergé des vins de son domaine dans les profondeurs de l'eau glacée du lac de Tignes. L'expérience a déjà eu lieu dans les lacs Leman, du Bourget et d'Annecy mais reste innovante.
Une allure de chasse au trésor régnait près du lac de Tignes ce mercredi 1 mars. Un fût de vin immergé au fond du lac depuis 2 ans a enfin été sorti de l'eau. Des plongeurs, des pisteurs de la régie de Tignes et un hélicoptère ont dû être déployés. Objectif : découper les soixante centimètres de glace et remonter le fût immergé dans l'eau à 25 mètres de profondeur.
Le vin gardé sous l’eau, dans une obscurité totale et dans certaines conditions d’hygrométries parfaites, gagne entre 3 et 5 ans de maturation. Grâce aux remous naturels et réguliers du lac, son évolution est amplifiée.
Pascal PercevalViticulteur du domaine Perceval
Un peu comme une sorte de "cryogénisation", le vin immergé vieillit différemment : "Ça fait un blanc sensas' qui va vieillir prématurément. Avec deux ans d'immersion, la maturation sera celle d'environ 8 à 9 ans mais avec des arômes de seulement 2 ans", explique le viticulteur Pascal Perceval, à l'origine de cette expérience.
Le viticulteur du domaine éponyme n'en est pas à son coup d'essai. La première immersion de ses bouteilles date de 2017 dans le lac Léman, suivi par celui d'Annecy et du Bourget.
Il reconnaît que le côté extrême et fascinant de l'expérience participe à l'attractivité de ces cuvées spéciales. "On aime garder les mêmes fûts, mais en cave, pour ensuite comparer les différentes bouteilles", explique Pascal Perceval. Compter tout de même une cinquantaine d'euros pour se procurer ce lot d'œnologie.
Uniquement un argument marketing ?
A l'issue de la dégustation, les viticulteurs présents semblent satisfaits de cette nouvelle cuvée dite "des profondeurs". "C'est long en bouche, c'est intéressant. Ça a de la matière, la structure est équilibrée, je suis très agréablement surpris", reconnaît Sébastien Borras, vigneron du Languedoc, venu goûter par curiosité.
Sa compagne pense même s'en inspirer pour leurs productions. "Ça donne des idées, ça pourrait être intéressant de faire l'expérience chez nous. On n'aura pas l'altitude et la pression mais on aura plus de courant par exemple", explique Anne-Laure Borras, exploitante du domaine Le Nouveau Monde depuis une vingtaine d'années. Quant à Pascal Perceval, sa prochaine expérience sera d'immerger des amphores dans le lac d'Annecy.