Un cabinet d'experts a rendu sa copie sur la situation financière du groupe PSA. Ils la jugent "grave" mais la CGT veut relativiser.
Le cabinet d'experts Secafi, sollicité par les représentants du personnel de PSA Peugeot Citroën, a confirmé jeudi la situation financière "tendue" voire "grave" du groupe, ont rapporté les syndicats, la CGT estimant toutefois qu'il "relativise" la situation.
Le cabinet avait été mandaté à l'unanimité par le comité central d'entreprise en juillet pour analyser la situation du groupe, après l'annonce d'un vaste plan
de restructuration prévoyant la suppression de 8.000 postes et la fermeture du site d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Le premier volet de ce rapport a été remis en présence de représentants de la direction, dont le directeur industriel du groupe, Denis Martin.
Tout en reconnaissant que "Secafi considère que la situation financière de PSA est tendue", la CGT, premier syndicat du groupe, estime cependant que "cette première partie du rapport nuance et relativise" cette situation, l'organisation syndicale y voyant un encouragement à "amplifier la mobilisation".
Mais, selon les autres syndicats, interrogés par l'AFP, le rapport va dans le même sens que celui remis en septembre par l'expert du gouvernement, Emmanuel Sartorius. Ce rapport critiquait durement direction et actionnaires pour leur stratégie et leur manque de dialogue, mais estimait aussi que la nécessité d'un plan de réorganisation n'était "pas contestable".
La direction de PSA a indiqué pour sa part à l'AFP qu'"après le rapport Sartorius,le diagnostic sur la situation financière du groupe qui a été établi par le cabinet Secafi confirme la gravité de la situation".
"Le rapport souligne la nécessité d'engager rapidement des mesures de restructuration globales", a ajouté la direction, précisant que le rapport "confirme également la dégradation durable du marché automobile en Europe dans un contexte de concurrence exacerbé".
"Le malade est bien malade"
Selon Franck Don (CFTC), Secafi souligne que "la situation est extrêmement fragile, voire grave et urgente et nécessite des mesures urgentes".
Le syndicaliste note toutefois que le cabinet ne s'est pas prononcé sur l'ampleur du plan social et estime que celui-ci peut encore être "recalibré".
"On ne valide pas les 8.000 suppressions d'emploi", note de son côté Ricardo Madeira (CFDT), mais à la lueur du rapport Secafi, "on peut concevoir le plan de restructuration sur la partie financière".
Pour Tanja Sussest, déléguée du SIA, principale organisation syndicale de PSA Aulnay, "Secafi a confirmé les deux points forts du rapport Sartorius", à savoir que la direction avait fait des erreurs stratégiques et que la réorganisation était inévitable.
Comme ses collègues de la CFDT et de la CFTC, Mme Sussest relève aussi que Secafi a confirmé que le groupe brûle 200 millions d'euros de liquidités par mois.
"Maintenant, il faut se battre pour les salariés", souligne la syndicaliste d'Aulnay, prévenant que "la direction va se servir du rapport Secafi".
Quant à Christian Lafaye (FO), il conclut que "le malade est bien malade" et considère qu'aujourd'hui, il faut passer à la thérapie" car, dit-il, "plus on avance dans le temps, plus la situation est dégradée".
Secafi présentera le deuxième volet de son rapport sur l'organisation industrielle le 6 novembre, un volet stratégique et environnemental le 12 novembre et enfin un volet social le 15 novembre.
Le processus de restructuration de l'entreprise est suspendu aux conclusions de ce rapport.
Entre-temps, trois réunions tripartite (Etat, direction syndicats) devraient avoir lieu. Selon le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, la première, prévue le 25 octobre, vise à "rediscuter" le plan de restructuration.
AFP