PSA Peugeot Citroën a dû accepter de renoncer au versement de tout dividende pendant trois ans pour que l'Etat accepte de secourir sa banque, mais est en revanche resté vague sur les concessions sociales qu'il pourrait être amené à faire.
BPF, la banque maison qui offre des crédits aux acheteurs de voitures du groupe,connaît d'importantes difficultés de financement et l'Etat va apporter sa garantie sur 7 milliards d'euros d'emprunts pendant trois ans, lui offrant ainsi une bouffée d'oxygène, a annoncé le groupe automobile.
Mais les contreparties sont importantes, puisque PSA s'engage "pendant la période de la garantie de l'Etat, à ne pas procéder à des distributions de dividendes ou à des rachats d'actions, et à ne pas attribuer aux membres du directoire d'options de souscription ou d'achat d'actions ni d'actions gratuites", selon un communiqué publié par PSA.
Quelques minutes plus tôt sur France Inter, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait annoncé: "mon gouvernement n'a pas du tout l'intention de faire des cadeaux, comme cela, sans engagements (...), ce temps-là est terminé". Il avait justement exigé que le groupe renonce à rétribuer ses actionnaires.
A la Bourse de Paris, l'action PSA a ouvert en hausse mais décrochait de 6,47% à 5,44 euros vers 10H00.
Le chef du gouvernement a aussi demandé que le groupe, qui prévoit 8.000 suppressions de postes en France et la fermeture de son site d'Aulnay, près de Paris, revoie sa copie en épargnant des postes. "Nous demandons que le groupe PSA fasse des propositions aux salariés pour améliorer ses propositions, l'objectif pour nous, c'est clair: pas de licenciements secs, pas de personnes sans solution", a déclaré M. Ayrault.
Le groupe s'abrite lui derrière le dialogue social pour ne pas trop en dire sur ce sujet.
"Notre plan de restructuration est en cours (de discussion) avec les différents représentants du personnel", a déclaré le directeur financier Jean-Baptiste de Chatillon lors d'une conférence téléphonique, et "on ne peut pas préempter les conclusions d'un dialogue qui est en train de se dérouler".
Selon le syndicat CFTC, PSA n'est pas disposé pour autant à épargner des centaines d'emplois contre la garantie de l'Etat, comme l'exigeait
le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. Le groupe a fait néanmoins un geste en annonçant que la remplaçante de la Citroën
C5 sera assemblée dans l'usine de Rennes, très touchée par le plan de restructuration du constructeur automobile.
Une contrepartie concrète vient s'ajouter à ces éléments: l'entrée au conseil de surveillance du groupe d'un représentant des salariés et celle d'un représentant de l'Etat a été acceptée.
Quatre projets communs avec GM
Par ailleurs, le groupe, qui a annoncé avoir subi une baisse de 3,9% de son chiffre d'affaires à 12,9 milliards d'euros au troisième trimestre, et qui a abaissé sa prévision de baisse du marché automobile européen à -9% pour 2012, contre -8% auparavant, en a dévoilé un peu plus sur son alliance avec General Motors. Le français et l'américain, qui ont noué une alliance stratégique fin février, vont plancher sur 4 projets industriels communs.
"PSA Peugeot Citroën et GM ont annoncé ce jour la mise en place des étapes clés de l'alliance". Les groupes "ont sélectionné quatre projets et confirmé les prochaines étapes vers la création d'une organisation commune des achats".
"L'objectif est de conclure les contrats d'application au plus tard le 31 décembre 2012 afin de permettre une mise en oeuvre effective de l'alliance. Les deux groupes confirment les objectifs de synergies déjà annoncés estimées à 2 milliards de dollars annuellement" à se partager d'ici 5 ans.
PSA n'a pas fourni immédiatement plus de précisions sur ces projets, mais pourrait en dire plus aux représentants du comité de groupe qui se réunissait dans la matinée au siège parisien. Plus de détails pourraient aussi sortir du Comité central d'enterprise (CCE) convoqué jeudi matin et d'une réunion tripartite avec les pouvoirs publics et les syndicats dans la foulée.
AFP Eco le 24/10/2012 08:06:54