L’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) entreprend jusqu'en février 2013 une importante fouille archéologique à proximité de l’actuel hôpital général.
Ces recherches font suite à un diagnostic archéologique réalisé à l’automne 2011. Les archéologues avaient repéré une importante densité de vestiges. Situé au sud du centre ancien de Dijon, ce quartier était autrefois fortement marqué par la présence de l’Ouche et de plusieurs îles, qui ont disparu aujourd’hui. Ce faubourg était un quartier hospitalier (dès 1204) et industriel, spécialisé dans le traitement des matières animales (notamment les tanneries).Trois types de vestiges ont été trouvés :
- des aménagements hydrauliques des 18e et 19e siècles (bief, pontons en bois)
- un mur identifié comme étant un élément de la contregarde de Guise (17e siècle)
- des sépultures individuelles et multiples avec des traces de chaux vive, synonymes de fosses de catastrophe. Ces fosses témoignent du décès rapide d’un nombre important de personnes. Cela est probablement lié aux épidémies qui sévissaient à cette période. Elles appartiendraient au troisième cimetière de l’hôpital installé sur la contregarde de Guise entre 1785 et 1841.
La fouille des sépultures et la découverte d’individus victimes de maladies comme le choléra ou encore la typhoïde (la peste ayant disparu à Dijon à cette période) permettra d'en apprendre davantage sur les phénomènes d’épidémies.
Cette fouille s’effectuera dans des conditions particulières. "Bien que minimes, les risques biologiques ont en effet été pris en compte afin de permettre aux archéologues d’évoluer dans des conditions de sécurité optimales. Ceux-ci seront donc équipés de combinaisons, de gants et de masques si la fouille de certaines sépultures le nécessite, au regard de leur état de conservation. Seuls les archéologues seront exposés à cet éventuel risque sanitaire, en raison de leur posture à proximité immédiate des ossements. Ceux-ci seront ensuite prélevés et transférés au centre de recherches archéologiques de Dijon afin d’être étudiés", indique l'Inrap.
"Ces fouilles sont d’un intérêt scientifique de premier ordre. Elles permettront en effet d’enrichir plusieurs problématiques, liées à l’anthropologie funéraire et à l’histoire des épidémies durant l’époque moderne. Elles dépasseront même les préoccupations archéologiques puisqu’elles permettront de mieux connaître les agents pathogènes anciens et leurs phénomènes évolutifs", précisent encore les archéologues.
Reportage de Michel Gillot et Isabelle Rivierre
-Patrick Chopelain, archéologue
-Carole Fossurier, archéo-anthropologue