L'été dernier, à Châtenois (Bas-Rhin) un lot de bouteilles de vin d'avant-guerre a été découvert sous un arbre déraciné. Parmi ces bouteilles, quelques crus de grande valeur que la Maison Bouchard, en Bourgogne vient d'expertiser.
L’histoire commence pendant la Seconde Guerre mondiale, en pleine bataille de Sélestat, (novembre 1944 à février 1945).
Les Allemands réquisitionnent une demeure de maître construite en 1900.
Son propriétaire : Lucien Ottenwaelder de Châtenois. Ce patron de scierie est déplacé avec sa famille dans la commune de Scherwiller. Pour éviter que les Allemands ne lui confisquent ses bouteilles et ne les boivent à la santé du führer, le Castinétain décide d’enfouir ses flacons dans les terres de son domaine.
Après le départ des Allemands, la famille Ottenwaelder ne réintègre pas immédiatement son domicile, les troupes américaines décident d’y résider quelque temps. Personne ne déterre les bouteilles.
L'histoire entre dans la légende familiale.
Il y a une vingtaine d’années, le fils de Lucien Ottenwaelder, Joseph, entreprend des fouilles avec ses propres enfants. Mais les recherches ne donnent rien.
Il faudra attendre juillet dernier, pour le coup de théâtre : un violent orage s'abat sur la région, le domaine arboricole est durement touché... Et un vieil arbre se couche sous les bourrasques.
En venant constater les dégâts, les descendants d’André Ottenwaelder découvrent, emprisonnées dans la terre et les racines du feuillu, une dizaine de bouteilles de vins et de champagne.
5 d'entre elles, des Bourgogne, ont rejoint les caves Bouchard à Beaune pour y être expertisées. Une seule a été écartée en terme de qualité. Les autres, sans doute de 1928 ou 1929, sont des crus de grande valeur gustative.
Le millésime des bouteilles est en revanche difficile à déterminer. Or si le terroir, la propriété et l'année sont déterminés avec exactitude, un Bourgogne de 28 ou 29 peut atteindre 10.000 € aux enchères.
Le reportage de Maxime Villirilo et Didier Walter,
- avec Christophe Bouchard, directeur général Bouchard Père et fils,
- Benoît Hecker, négociant Oenosphère.