En 1987, un exposition est montée au collège Diderot à Besançon par un prof et ses élèves. Le thème : l'Egypte dans la bande dessinée. Enseigner l'histoire grâce au 9ème art et, en même temps, former les jeunes à l'image... En 1987, on osait ! L'expo est aujourd'hui menacée de disparition !
C’était il y a longtemps, longtemps….
Cette histoire se passe dans un collège situé dans ce qu’on appelle pudiquement (hypocritement ?) un quartier difficile, Planoise, à Besançon.
Un professeur d’histoire-géo, passionné par la bande dessinée, mène une expérience originale, inovante et pédagogique : faire aimer l’histoire à ses élèves grâce à la BD… On est dans les années 80. On croit encore à beaucoup de choses, comme l’enseignement. On pense encore que l’éducation, le savoir, la culture peuvent faire quelque chose contre l’obscurantisme, la pauvreté et tout le reste qui pointe déjà son méchant nez…
Avec des élèves et des intervenants extérieurs, comme l’artiste Paul Gonez, le prof monte un projet : l’Egypte dans la bande dessinée. Jack Lang est ministre de la culture, un budget est trouvé. Même les gamins de Segpa, une classe spécialisée, s’y mettent et, en atelier menuiserie, fabriquent des panneaux pour l’exposition, une chambre funéraire, un sarcophage…
Résultat : l’exposition présentée au collège tourne, jusqu'au salon de la BD à Angoulême… Consécration ! ( A signaler : deux passages à France 3 Franche-Comté, à voir en bas de cet article les archives de l'INA)
Le temps passe, les élèves aussi. L’exposition, de 30 m3, est démontée, stockée dans un coin.
Le collège est en rénovation en ce moment.
Le professeur n’oublie pas son exposition et cette expérience si riche. Que va devenir l’expo ?
Il frappe aux portes. Il ne rencontre que peu d’oreilles attentives. « 30 m3 : il faut de la place… » « Où mettre tout ça ? » La mairie est sollicitée. Le conseil général, également, car il en est le propriétaire. Le directeur de cabinet de Claude Jeannerot, le président du conseil général, promet que le département étudie la question.
Une partie de l’exposition a déjà été détruite. Il n’en reste que 8 m 3…
Pour le prof d’histoire, Michel Thiébaut, c’est simple : il aimerait tant qu’une trace soit gardée de ces temps-là, de ces temps-là où les enseignants et les élèves arrivaient à faire quelque chose ensemble, que "le travail des élèves soit conservé".
Son métier, c’est prof d’histoire. Si même cette trace disparaît, que restera-t-il de ces temps-là ?
Pour terminer : le collège en question porte le nom de Diderot qui a dit : « Tout s’anéantit, tout périt, tout passe : il n’y a que le monde qui reste, il n’y a que le temps qui dure. »