Ces Franc-Comtoises ne se connaissent pas, elles ont en commun l’envie de transcender la maladie en se rendant utiles. Annabelle a eu l’idée de fabriquer et de vendre au profit de la Ligue contre le cancer des bracelets brésiliens. Anne a publié un roman aux accents autobiographiques.
Comment donner du sens à une maladie qui risque de vous anéantir ? En témoignant pour aider les autres personnes atteintes de cancers. Annabelle Mardelé a 30 ans et deux enfants, elle vit dans le Haut-Doubs. Pendant une séance de chimiothérapie pour soigner un cancer du système lymphatique, l’idée lui est venue de faire des bracelets brésiliens. Pour passer le temps au début et puis, très rapidement, l’envie d’être utile lui a donné des ailes et un moral d’acier. «Participer à la recherche, c’est ma seule action utile». Ses bracelets, elle décide de les vendre au profit de la Ligue contre le cancer. Pour cela, elle ouvre une page Facebook "Un bracelet contre le cancer". 6 euros le bracelet personnalisable. Une fois remboursé son matériel de départ ( 250 euros de fil), les 6 euros vont entièrement à la Ligue. Et cela marche : 700 bracelets en 3 mois ! «Au début j’étais toute seule, maintenant nous sommes une vingtaine à réaliser les bracelets».Annabelle, en période de rémission depuis deux semaines, peut même partir en vacances l’esprit tranquille. Ses copines s’occupent des ventes en son absence ! Lors d'une vente à Nozeroy, elles ont collecté 700 euros. Annabelle va reprendre progressivement sa vie d’avant mais sans pour autant laisser tomber «un bracelet contre le cancer». A la rentrée, il y aura un site internet en plus de la page facebook. Un premier chèque de 3800 euros a été versé à la Ligue, un autre d'au moins 8000 euros le sera en septembre.
Créer pour enrichir notre existence
Anne Gosztola partage avec Annabelle la jeunesse et l’esprit combatif. Son arme à elle , c’est sa plume. Un style singulier forgé par une longue habitude d’écriture. Depuis un an, Anne a quitté la région parisienne pour vivre au calme dans un village de Haute-Saône. En octobre dernier, les médecins lui apprennent qu’elle n’aurait plus que deux mois à vivre. Elle a 37 ans et est atteinte d’un cancer des voies biliaires. «Mes personnages se sont appropriés ce que j’étais entrain de vivre». Alors, Anne écrit très vite la fin de son second roman «Furibardes» et trouve, toujours très vite, un éditeur, Les Contrebandiers. L’histoire est d’une noirceur tenace; deux femmes aux passés douloureux et violents, partagent la même passion pour l’art, elles vivent une amitié «pleine d’amour et de fureur». Ce livre pour Anne, rend son existence riche jusqu’au bout. Mais publier ne suffit pas «Ce roman, c’est un point sur quelque chose et aussi une porte ouverte» . Anne veut partager, apporter quelque chose, à ceux qui, comme elle, luttent au quotidien. Elle décrit la maladie telle qu’elle est, terrifiante dans son évolution dégradante. Anne ne connaît pas la politique de l’autruche.
Anne Gosztola et Annabelle Mardelé vont à la rencontre de leurs acheteurs, de leurs lecteurs. Toutes les deux savent que le moral joue sa part dans cette guerre déclarée. «Il faut aider les gens qui sont encore malades, insiste Annabelle. C’est une affaire de société».