Vins de Bourgogne : la récolte 2013 sera moins abondante et les prix vont augmenter

Le BIVB (Bureau Interprofessionnel des vins de Bourgogne) a tenu sa "conférence de presse de rentrée" mardi 1er octobre 2013. "Aujourd'hui, on vend plus que ce qu'on produit", reconnaissent les professionnels. Autrement dit, une hausse des prix est à prévoir.

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Les exportations de vins bourguignons se portent bien

Les viticulteurs et les négociants bourguignons ont le sourire, à l’image de Pierre-Henry Gagey, président du BIVB, et Michel Baldassini, président délégué. Il faut dire que les vins bourguignons s’en sortent plutôt bien, malgré la crise économique. Depuis le début de l'année, les ventes en volume à l'export ont augmenté de 4,7%, en valeur de 1,6%. En grande distribution, la progression continue avec +4% de bouteilles vendues en plus début 2013 par rapport à 2012. 
La tradition exportatrice de la Bourgogne explique ces bons résultats. Cela se fait sentir sur certains marchés traditionnels comme les Etats-Unis où la reprise économique se fait nettement sentir sur le volume des importations de vin de Bourgogne : + 13% depuis le 1er janvier 2013 par rapport à l'an dernier. Le marché canadien reste également dynamique grâce au Québec (+4% en volume). 
En Asie, c'est la Chine et Hong Kong qui tirent les chiffres bourguignons à l'export : le marché chinois enregistre une hausse de 31% en volume, grâce notamment à la vente accrue d'appellations moins haut de gamme (appellations villages et régionales), à Hong Kong les exportations ont augmenté de 17%.
En Europe, les marchés belge, allemand et suédois restent très dynamiques. C'est même "incroyable" déclare Pierre-Henry Gagey en évoquant le paradoxe suédois. Ce pays, dans lequel on ne buvait pas de vin il a 30 ans, est aujourd'hui "un des vrais bons marchés bourguignons". 
En revanche, deux gros marchés traditionnels des vins de Bourgogne sont moins en forme : la Grande-Bretagne (2e marché en valeur) stagne et le Japon (3e marché bourguignon) subit de plein fouet la baisse de sa monnaie : depuis le 1er janvier, les exportations vers ce pays ont chuté de 14% en volume et 11% en valeur. 

Les fournisseurs bourguignons ont du mal à répondre à la demande

 Avec 1,2 million d'hectolitres, la récolte 2012 a été un des plus faibles depuis une dizaine d'années. Elle crée aujourd’hui quelques soucis de disponibilité, notamment en vins rouges et en crémant de Bourgogne, alors que la demande existe. En clair, "aujourd'hui on vend plus que ce qu'on produit", déclare Pierre-Henry Gagey.  La conséquence, c’est, bien sûr, la tension sur les cours, avec leurs répercussions au niveau des consommateurs. 

La récolte 2013 devrait accentuer cette tendance. "Il apparaît déjà acquis que la récolte 2013 sera une nouvelle fois peu abondante, en rouge comme en blanc. A l’instar de 2010 et 2012, les vignes sont peu chargées en raisins. L’estimation table sur un total inférieur à 1,4 million d’hectolitres, soit un déficit de 8 à 10 % par rapport à la moyenne décennale. La floraison a été perturbée par un temps humide et frais." En résumé, le risque "d'une  hausse de prix non maîtrisée" est plus que jamais d’actualité, estiment les professionnels. En ce qui concerne la qualité, elle ne sera pas à la hauteur de 2012, mais il y a des degrés et les taux d'acidité sont bons. "Ça va se jouer dans les prochains jours", explique Pierre-Henry Gagey qui ajoute prudemment qu'il "peut y avoir de très bons vins dans le millésime 2013". Une chose est sûre en tout cas, dans les vignes grêlées, les choses se passent mieux que prévues, certaines vignes ont réussi à compenser une partie du traumatisme subi et donné des raisins corrects. 

Le manque de productivité des vignes bourguignonnes

Autre sujet d'inquiétude souligné par Michel Baldassini, le manque de productivité des vignes bourguignonnes, en particulier dans les zones d'appellations régionales et villages. Il y a quelques années, le vignoble bourguignon a fait le choix d'utiliser des plants plus qualitatifs, mais moins productifs. Un choix aujourd'hui mis à mal par les problèmes climatiques récurrents (météo capricieuse, orages de grêle), les maladies (en particulier les maladies du bois de plus en plus présentes dans le Mâconnais et dans l'Yonne) et le vieillissement des vignes qui affaiblissent encore les rendements. 
En ce qui concerne la flavescence dorée, le BIVB a fait part de sa satisfaction : la prospection s'est bien passée, les vignerons se sont bien mobilisés. Même si dorénavant "il faudra vivre avec cette maladie" déclare Michel Baldassini, la progression de la maladie semble maîtrisée. Les résultats des prospection organisées en fin d'été seront connus prochainement. 




Les prix "aberrants" du foncier en Bourgogne

La question du foncier est préoccupante en revanche. Pierre-Henry Gagey le reconnait, vu les prix "aberrants" du foncier, en particulier dans les 1ers et les grands crus, il est quasiment impossible de s'installer hors transmission familiale. La conséquence,  ajoute Michel Baldassini, sera une concentration des exploitations. 30 à 40% des exploitations viticoles bourguignonnes n'auraient pas de successeur désigné, seules les exploitations existantes alentours ou les maisons de négoce seront capables de les racheter.  

Enfin, la conférence de presse du BIVB a été l'occasion d'évoquer la campagne de Vin et Société : cequivavraimentsaoulerlesfrancais. Une campagne menée par les 500 000 acteurs de la filière vini-vitcole française qui s'inquiète de plusieurs mesures envisagées par le gouvernement pour limiter la consommation d'alcool et augmenter certaines taxes pour financer le déficit de la sécurité sociale. Malgré l'assurance de Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture de ne pas taxer le vin en 2014, la profession reste mobilisée. Depuis jeudi 26 septembre, date de son lancement, le site internet de la campagne Vin et Société a été vu par 170 000 visiteurs. 

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