La Chine est devenue en quelques années le 5e producteur mondial de vins. Elle sera "le premier vignoble au monde en superficie et en volume d'ici cinq ans", estime l'anthropologue au CNRS, Boris Petric.
Lors de la 153e vente des Hospices de Beaune, pour la première fois, une femme d'affaires chinoise, Yan Hong Cao a acheté la pièce de charité. Est-elle représentative des acheteurs chinois ?
" Yan Hong Cao achète pour ses hôtels et ses restaurants. C'est quelqu'un qui réalise une opération commerciale et qui se fait aussi un coup de pub. Comme beaucoup de Chinois, elle dit être fière de participer au rayonnement de la Chine dans le monde.
Dans ceux qui investissent en France, il y a deux types d'acheteurs : d’une part, des groupes liés au gouvernement chinois qui cherchent à acquérir des marques et d’autre part, des nouveaux milliardaires, qui cherchent à sortir leurs capitaux de Chine pour les protéger.
En Chine, le vin, qui est très cher, est consommé surtout par une classe urbaine. Il est le symbole de l'accès au luxe et est associé à la France. La culture du cadeau est très importante en Chine et le vin finit parfois dans une vitrine, il ne faut donc pas confondre consommation et vente. Mais il existe une petite tranche d'amateurs et les bars à vins se développent."
La Chine a-t-elle une stratégie dans la viticulture ?
"C'est une stratégie claire. Tout d'abord pour des raisons de politique intérieure, le but est d'implanter des vignobles dans des régions pauvres qui ont du mal à décoller économiquement et dans des régions désertiques, où la vigne fixe le sable pour empêcher les tempêtes de sable sur les villes. Il s'agit également de lutter contre l'alcoolisme, qui est une catastrophe en Chine, où l'on consomme du "baiju", un alcool de riz.Sur un plan de politique extérieure, les grands groupes chinois cherchent des marques à apposer sur leurs vins. C'est le cas, par exemple, du géant de l'agroalimentaire Cofco, qui a acheté des vignes dans le Bordelais et au Chili. Les Chinois vont être un acteur-clé de l'économie viticole. Ils ont décidé d'être un grand producteur. Ils seront, en superficie et en volume, le premier vignoble au monde d'ici cinq ans.
De plus, Hong-Kong est devenu un "hub" mondial du vin depuis la suppression en 2008 des taxes sur les vins. Depuis, les ventes aux enchères de vins fins qui se faisaient à Londres et New York, se sont déplacées à Hong-Kong, où le salon Vinexpo se déroule une année sur deux."