Après l'Elysée en mai, ou la ville de Dijon, c'était au tour de Matignon de vendre une partie de sa cave aux enchères vendredi 6 décembre 2013. Au total, 1400 bouteilles ont été vendues pour un montant de 173 488 euros, dont un Romanée-Conti qui est parti à plus de 10 000 euros.
Matignon a vendu une partie de sa cave aux enchères à Drouot, dont une bouteille de Romanée-Conti 2004 achetée par un Chinois pour le prix de 10 500 euros. Matignon a proposé aux acheteurs 1 400 bouteilles, environ 10% de sa cave, dans "un souci d'économies budgétaires". Les enchères ont remporté en tout 173 488 euros. Les bouteilles portent une vignette avec la façade de l'Hôtel de Matignon et la date de la vente.
La plus haute estimation (5 000 euros) concernait une bouteille de Romanée-Conti, qui a finalement été adjugée à 10 500 euros (frais compris). La bouteille a été achetée par un homme de 27 ans, Lishen Huang, qui a emporté les enchères sur plusieurs lots, dont la grande majorité était constituée de Romanée. "J'achète pour un ami en Chine, qui importe du vin". Lishen Huang était déjà reparti de la vente de la cave de l'Elysée avec de nombreux lots. "Mais là, les prix sont beaucoup plus bas", s'est-il réjoui. En effet, plusieurs personnes dans la salle ont acheté des lots à moins de 200 ou 300 euros, dont des Français amateurs de vin, collectionneurs ou professionnels.
Vente de caves, l'Elysée et Dijon l'ont déjà fait
Après l'Elysée en mai, ou la ville de Dijon, c'est une autre cave de la République, celle de Matignon qui s'est séparée de certaines bouteilles. Claude Bluzet, le chef de caves, a sélectionné pour la vente des bouteilles "isolées" ou "en petites séries", qui ne peuvent donc être servies quand il y a de nombreux convives. Il a vendu aussi "des bouteilles trop chères pour être mises sur les tables", deux arguments déjà mis en avant par l'Elysée en mai.En poste depuis 25 ans, M. Bluzet affirme qu'il ne sert plus et n'achète plus ces crus exceptionnels qui font rêver dans le monde entier. "Il n'y a jamais eu de Petrus servi à Matignon. Et la seule bouteille de Romanée Conti, je l'ai achetée en 2006, et elle est mise en vente". "Le budget vin alloué par Matignon est en baisse régulière depuis longtemps", confie-t-il, sans toutefois préciser son montant.
La chef sommelière de l'Elysée Virginie Routis avait indiqué en mai que le palais présidentiel consacrait environ 150 000 euros à sa cave par an. "J'achète des 2ème ou 3ème crus. Pas seulement bordeaux et bourgogne, des vins du Jura, de Provence etc. La grande majorité des vins qu'on fait en France sont bons", vante Claude Bluzet. La cave reste "à 100% française". "Pour des chefs d'Etat et de gouvernement, on met les vins les plus chics", explique-t-il. Quand l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin avait reçu Elizabeth II en 2004, il avait servi du vin blanc de Loire "à une quinzaine d'euros", puis un Saint-Estèphe,
L'Assemblée, la plus belle cave ?
D'après les estimations, la vente devait rapporter 100 000 euros. La somme récoltée s'élève finalement à 173 488 euros qui "abonderont le budget de fonctionnement de Matignon". La vente de l'Elysée avait fait gagner 718 000 euros, bien plus que les 300 000 euros estimés. A Dijon, en janvier dernier, la vente a rapporté 151 620 euros.Y aura-t-il d'autres enchères prochainement ? Le Sénat n'a rien prévu de tel, car sa cave, créée en 1992, est passée de 30 000 bouteilles en 2000 à environ 10 000 aujourd'hui. Les grands crus ont été achetés dans les années 1990 (Petrus, Cheval Blanc, Margaux, Romanée Conti, etc...), "quand des crédits importants étaient alloués à la cave" (à peu près 1,5 million de francs par an), indique le Sénat. Aujourd'hui, le budget s'élève à environ 50 000 euros. Quid de l'Assemblée ? Cette cave compte 15 500 bouteilles, et là aussi, le budget est en baisse: de 60 000 euros en 2012 à 40 000 euros en 2013. On continue de dire que c'est "la plus belle cave de la République". Mais pour Claude Bluzet, "c'est une vieille légende": "Jacques Chaban-Delmas aurait ramené des bordeaux exceptionnels à l'Assemblée; mais depuis, ça a dû être bu!".
Vendredi, 10% de la cave de Matignon sont passés sous le marteau, soit 1 400 bouteilles provenant de tous les vignobles français. Quelques flacons retenaient particulièrement l'attention, au premier rang desquels, une Romanée Conti 2004, estimée entre 5 000 et 5 500 euros. Elle a été adjugée 10 500 euros. "La Romanée Conti, c'est l'inaccessible, le vin le plus demandé au monde", s'enthousiasme l'expert de la vente Aymeric de Clouet. Il y avait aussi une bouteille La Tache 1990 (entre 1800 et 2 100 euros), "un immense millésime".
Pour les amateurs de bordeaux, il y avait notamment un lot de 12 Mouton Rothschild 2000 (entre 8 400 et 9 000 euros). Mais "des petits lots accessibles à tous" étaient aussi mis en vente, dès 15 euros.