Les épandages de pesticides seront bientôt totalement interdits en journée pendant les périodes de floraison afin de protéger les abeilles, a annoncé le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.
Des pesticides dans la rosée
"Une étude de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire, ndlr) sur les épandages de pesticides conclut de manière claire que les abeilles sont sensibles à la lumière, il va falloir qu'on modifie les pratiques d'épandage vers des épandages le soir", a expliqué le ministre lundi 28 avril 2014, lors d'un point d'étape de son plan (2013-2015) pour une apiculture durable.L'Anses a conclu que "la luminosité est ce qui fait sortir les abeilles et tout ce qui est épandage du matin a des conséquences importantes" car il "laisse des traces de pesticides dans l'eau, dans la rosée" qui peuvent perturber ces insectes, a déclaré Stéphane Le Foll.
Un arrêté est attendu d’ici 3 à 4 mois
Un arrêté inter-ministériel d'interdiction des épandages en journée est en cours de rédaction et devrait être publié au Journal Officiel d'ici trois à quatre mois, estime le ministre. Aujourd'hui, il est déjà interdit d'épandre le matin avec tous les produits chimiques comportant la mention "Abeille", mais de nombreux agriculteurs obtiennent des dérogations."Il faut que chacun ait conscience qu'il faut faire des efforts" et "il s'agit d'assurer la production agricole, et en même temps d'assurer la pollinisation et la production de miel", a-t-il insisté. Environ 80% des plantes à fleurs sont pollinisées par les insectes.
En 2013, la production de miel en France a encore chuté
Pour l'Union nationale des apiculteurs français (Unaf), il s'agit d'"une bonne décision". Mais "il convient maintenant d'aller plus loin dans ce processus de révision de la « mention abeille » : elle doit cesser d'être délivrée à des produits très toxiques pour les pollinisateurs et l'arrêté du 28 novembre 2003 doit être étendu aux traitements fongicides et herbicides, qui sont eux aussi, préjudiciables pour nos abeilles".En 2013, la production de miel en France a encore chuté à 15 000 tonnes, c'est-à-dire moitié moins qu'en 1995, pour un nombre de ruches presque équivalent, selon l'Unaf. Cette baisse s’explique par les conditions climatiques (froid, pluie) et les "problèmes d'intoxications" des colonies estime l’Union nationale des apiculteurs français.