Deux journées de souvenir sont organisées vendredi 9 et samedi 10 mai 2014 en mémoire de ceux qui ont connu l'enfer des camps. Une rencontre-débat est proposée vendredi soir avec la résistante et déportée Marie-Jo Chombart de Lauwe, une des survivantes de Ravensbrück.
A Chenôve, le devoir de mémoire n'est pas un vain mot. Au moment où l'on commémore la victoire des alliés, le maire Jean Esmonin signe une tribune dans laquelle il rappelle l'engagement de sa ville à se souvenir de ce que fut la barbarie nazie, et de toutes les horreurs infligées aux déportés.Marie-Laure Chombard de Lauwe va fêter ses 91 ans le 13 mai. Elle est une des rescapées de Ravensbrück, un camp de déportés politiques réservé au femmes. Elle témoignera lors d'une soirée du souvenir organisée vendredi 9 mai, à 20h, à la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville de Chenôve.
A Ravensbrück, il y avait des enfants. Les déportées politiques enceintes mettaient leurs enfants au monde. Dans les premières années, les nouveaux nés étaient tués à la naissance. Mais les nazis ont changé de méthode et ont ensuite gardé les nourrissons dans une chambre spéciale, "la chambre des enfants" ("kinderzimmer" en allemand). C'est le sujet d'un livre qui vient d'être publié par Valentine Goby.
Marie-Laure Chombard de Lauwen, elle, l'a vraiment vécu. Elle témoigne régulièrement dans les classes auprès des élèves, et auprès de tout ceux qui veulent savoir ce qui s'est vraiment passé. Vous pourrez la rencontrer vendredi soir. Mais vous pouvez déjà entendre son témoignage en vidéo.
Marie-José Chombart de Lauwe - La Kinderzimmer par Najat-Belkacem
Vendredi 9 mai
C'est donc une soirée très impressionnante et émouvante, qui aura lieu vendredi soir à 20 heures dans la salle des fêtes de Chenôve. Seront présents:- le maire de Chenôve, Jean Esmonin, conseiller général et vice-président du Grand Dijon
- Marie-Jo Chombart de Lauwe, résistante et déportée, présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, co-présidente de l’Amicale de Ravensbrück, Grand Croix de la Légion d’Honneur
- Anita Baudoin, secrétaire générale de la Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes
- Simone Gournay, co-présidente de l’Amicale de Ravensbrück
- Projection du film « Les flammes de la mémoire » second volet de la collection « Les derniers témoins de la Résistance et de la Déportation » réalisée par l’Unité de Production de la ville de Chenôve
- Rencontre-débat avec Marie-Jo Chombart de Lauwe à l’issue de la projection
Samedi 10 mai
Le lendemain, samedi 10 mai 2014, une cérémonie aura lieu à 10h, place de l’Eglise Saint-Nazaire de Chenôve (rassemblement à 9h45 place Anne Laprévote) avec l'inauguration du parterre de rosiers ”Résurrection” en hommage à la Résistance et la DéportationLa tribune de Jean Esmonin, maire de Chenôve
« Sur le Mont Valérien, là où la bassesse humaine a atteint de terribles sommets entre 1941 et 1944, le président de la République a annoncé le transfert des cendres des résistants Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle, Jean Zay et Pierre Brossolette au Panthéon en 2015. Soixante dix ans après la fin de l’une des plus grandes tragédies de notre Histoire, ces combattants de l’ombre retrouveront la lumière en siégeant pour l’éternité aux côtés de Carnot, Zola ou encore Jaurès ! Lors du transfert des cendres de Jean Moulin en 1964, son compagnon de lutte André Malraux déclamait l’un de ses plus beaux discours. Son écho a su résister à l’épreuve du temps : « Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France ! » Avec son sens aigu de la formule, André Malraux résumait le devoir de mémoire qui doit, en tant que Républicains engagés, nous animer au quotidien. Pour que la Résistance au fascisme ne s’efface jamais et pour que la mémoire résiste elle même à l’usure du temps… C’est en donnant à tous les clés d’une citoyenneté éclairée que nous éviterons que ne s’ouvre à nouveau la porte du fascisme. C’est la raison pour laquelle la Ville de Chenôve a engagé un travail de mémoire important qui connaîtra un point d’orgue vendredi et samedi. Au lendemain de la commémoration du 8 mai 1945, seront projetés, en effet, « Les Flammes de la Mémoire » (1), le second volet de la collection « Les derniers témoins de la Résistance et de la Déportation ». Et samedi sera inauguré le parterre de rosiers « Résurrections » (2) afin que l’avenir tire sa force des racines du passé. La présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Marie-José Chombart de Lauwe, qui a survécu à l’horreur nazie, nous fait l’honneur de sa présence. Et le mot Honneur, dans le cas présent, est le terme adapté tellement cette grande Dame a su écrire le Devoir de Mémoire en lettres capitales. Près de 70 ans après, cette rescapée du camp de Ravensbrück témoigne encore et toujours… auprès des jeunes notamment. Telle est sa vision, que l’élu que je suis partage, de l’instruction civique ! Elle rappelle notamment aux élèves ce qu’elle avait gravé dans l’une des cellules où elle avait été enfermée avant d’être déportée : la dernière strophe du poème d’Alfred de Vigny, La mort du loup : Fais énergiquement ta longue et lourde tâche / dans la voie où le sort a voulu t’appeler / Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler ! Elle s’est battue, elle a souffert, elle n’est pas morte et elle a décidé de parler. Marie-José Chombart de Lauwe incarne ce visage de la France, selon Malraux, que nous aimons tant. Au moment où les populismes ravivent les braises des tentations extrémistes partout en Europe, il nous faut rallumer la flamme de la Mémoire ». Jean Esmonin |