Le ministre de l'Économie Arnaud Montebourg est critiqué pour son arrogance jusque dans son camp. Au cours de sa carrière politique, l’élu bourguignon n’a cessé de multiplier les coups d'éclat. Cette fois, ses propos anti-austérité ont provoqué la chute du gouvernement PS. Et maintenant ?
Qui agace-t-il le plus, la gauche ou la droite ?
Cet avocat de métier, né il y a 51 ans dans la Nièvre, agace même au sein de son propre camp. Au PS, nombreux sont ceux qui critiquent depuis longtemps les "outrances dans l'attaque" de ce "prêcheur de morale".De son côté, la droite n'est pas tendre avec celui qui "s'exprime avec tellement d'arrogance, donnant des leçons à la terre entière...", disait à son propos François Fillon.
Le bouillant ministre de l'Économie, du Redressement productif et du Numérique, a appelé samedi à une réorientation de la politique économique gouvernementale.
En avril 2013 déjà, il avait critiqué l'austérité budgétaire imposée dans la zone euro, ce qui lui avait valu d'être recadré par le président François Hollande. "Un gouvernement ce n'est pas une caserne, on n'est pas tous au garde-à-vous", avait-il alors répondu.
"C’est la preuve que le volontarisme paie, que le colbertisme, ça marche !" http://t.co/zwbGUGTgVc pic.twitter.com/EkscfeyeIF
— Arnaud Montebourg (@montebourg) 29 Juillet 2014
Arnaud Montebourg en a-t-il "mis une" à Lakshmi Mittal ?
C'est peu de dire que son interventionnisme ou ses philippiques agacent. En voici un florilège :
Porte-parole pour la présidentielle 2007 de Ségolène Royal, il avait été suspendu un mois de... parole : "le seul défaut" de la candidate socialiste est "son compagnon", un certain François Hollande, avait-il déclaré.
C'est lui aussi qui surnomma François Hollande "Flanby".
En 2011, il avait comparé la chancelière allemande Angela Merkel à l'autoritaire chancelier prussien Bismarck.
"Bruxelles? Des connards", affirmait-il au Monde magazine en 2013.
Il s'est aussi vanté d'en "avoir mis une" à Lakshmi Mittal, patron du géant sidérurgique ArcelorMittal.
Il explosa un jour devant l'ex-Premier ministre Jean-Marc Ayrault alors que ce dernier écartait l'idée d'une nationalisation des hauts-fourneaux en Lorraine : "Tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes". Manuel Valls avait alors indiqué que, Premier ministre, il n'aurait "sans doute" pas gardé un tel ministre à son poste.
Donc Montebourg va redevenir président du conseil général de #Saône-et-Loire. Pour quelqu'un qui combattait les rentes de situation...
— Arnaud Danjean (@ArnaudDanjean) 25 Août 2014
Qu’est ce qui unit Arnaud Montebourg à la Bourgogne ?
Fils d'un boucher et d'une professeure aux origines algériennes, Arnaud Montebourg est né le 30 octobre 1962 à Clamecy, dans la Nièvre. Ce grand admirateur de Gambetta, s’est fait connaître comme avocat. En 1995, il avait mené la bataille contre Alain Juppé dans l'affaire de son appartement de la Ville de Paris. En 2001, il avait tenté en vain, en pleine cohabitation mais sans le soutien de Lionel Jospin, de faire comparaître Jacques Chirac devant la Haute cour de justice.Militant actif du PS depuis 1981, il avait été élu député de Saône-et-Loire en 1997, puis président du conseil général en 2008.
Avec Vincent Peillon, il a fondé le Nouveau Parti socialiste (NPS). Leur courant avait obtenu près de 17% des voix au Congrès de Dijon de 2003, avec un mot d'ordre : la VIe République et davantage de pouvoir au Parlement. En 2005, Arnaud Montebourg avait voté "non" à la Constitution européenne.
L'évolution de la popularité d'Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon auprès des Français (Baromètre Ifop / @ParisMatch pic.twitter.com/cQfOxO7ZAd
— Ifop (@IfopOpinion) 25 Août 2014
Sa stratégie de trublion a-t-elle marché une fois de plus ?
En 2011, lors de la primaire socialiste pour la présidentielle (dont il fut un des théoriciens), il s’était hissé à la troisième place, loin devant Manuel Valls, en axant sa campagne interne, très à gauche, sur la "démondialisation". Il tenait alors un discours virulent à l'égard du patronat, allant jusqu'à dire que Lakshmi Mittal n'était pas le bienvenu en France ou n’hésitant pas à s'en prendre à Philippe Varin, le patron de PSA."Dans une période de crise et d'affaissement, on me reprocherait mon inaction, mon silence", se défend l'intéressé, en appelant au patriotisme économique. Depuis 2012, il a endossé la marinière pour soutenir le "made in France" et a défendu avec fougue l'industrie nationale. Il a ainsi pris fait et cause pour les industriels dans le débat brûlant sur le gaz de schiste, s'attirant les foudres des écologistes et celles de Jean-Marc Ayrault.
Jusqu'à présent, cette stratégie de trublion ne lui a pas porté préjudice. Il avait même pris du galon lors de la formation du gouvernement de Manuel Valls en se retrouvant, avec Michel Sapin (Finances et Comptes publics), à la tête de Bercy. Et maintenant ? "La présidentielle est la seule élection à laquelle j'envisage de me représenter un jour", avait-il déclaré en août 2013. C'était il y a tout juste un an... "
"Que vais-je faire de cette liberté retrouvée ?" Désormais sans aucun mandat, "je vais retourner travailler parmi les Français, comme eux (...) et je continuerai à défendre là où je serai, où je me trouverai, ce que je crois être juste pour la France", a déclaré Arnaud Montebourg après avoir rencontré Manuel Valls à Matignon dans l'après-midi.
RT @BarackObama "We could do so much more if we just rallied around a sense of economic patriotism."
— Arnaud Montebourg (@montebourg) 15 Juillet 2014