Arnaud Montebourg a annoncé qu'il ne serait plus ministre du gouvernement Valls. Le conseiller général de Montret, en Saône-et-Loire, affirme qu’il ne va pas "solliciter d’autres mandats". Son canton "n'existe plus dans le cadre de la nouvelle carte électorale" dit son entourage
La fierté du devoir accompli
"C'est avec la fierté du devoir accompli, avec le sens des responsabilités qui m'ont été confiées, que j'ai indiqué cet après-midi à monsieur le Premier ministre, s'il jugeait que je me trompais, s'il jugeait que mes convictions étaient contraires aux orientations du gouvernement qu'il dirige, dans ce cas, je croyais nécessaire de reprendre ma liberté, tout comme il accepte de me la rendre", a déclaré l'ex-ministre de l'Économie lors d'une conférence de presse à Bercy, lundi 25 août 2014.Arnaud Montebourg estime que "les politiques de réduction des déficits aboutissent précisément à la non-réduction des déficits et sont donc une absurdité financière car, en plombant la croissance, elles empêchent par la chute de l'activité la réalisation de leurs propres objectifs".
L’ex-ministre en a profité pour adresser ses "remerciements à Aurélie Filippetti et Benoît Hamon", qui "ont fait le choix de leurs convictions". "Je les embrasse tous deux", a-t-il ajouté.
"Que vais-je faire de cette liberté retrouvée ?"
"Je vais - puisque je n’ai pas de mandat et ne m’apprête pas à en solliciter d’autres - retourner travailler parmi les Français, comme eux (...), a expliqué celui qui est pourtant encore conseiller général de Montret. "Je continuerai à défendre là où je serai, où je me trouverai, ce que je crois être juste pour la France", a ajouté Arnaud Montebourg après avoir rencontré Manuel Valls à Matignon dans l'après-midi. Il s'est comparé au général romain Cincinnatus, retourné "à ses champs et ses charrues".Reviendra-t-il siéger au conseil général de Saône-et-Loire, voire en reprendre la présidence ? Seul l'avenir le dira. En tous cas, cette hypothèse ne fait pas l'unanimité, comme en témoigne le reportage de Stéphane Robert et Elvire Simon avec :
- des habitants de Saône-et-Loire
- Cécile Untermaier, conseillère générale de Saône-et-Loire et députée de la 4e circonscription (PS)
- Rémy Rebeyrotte, conseiller général de Saône-et-Loire et maire d'Autun (DVG)
S'exprimant sur ses critiques de la politique gouvernementale, l’élu bourguignon a estimé que "sa lourde responsabilité comme ministre de l'Économie est de chercher et de dire la vérité, de constater avec l'honnêteté attachée à l'exercice de hautes fonctions comme la mienne que, non seulement ces politiques d'austérité ne marchent pas mais qu'en plus d'être inefficaces, elles sont injustes".
Donné en exemple par @montebourg, Cincinnatus avait ensuite abandonné sa charrue pour reprendre le pouvoir à Rome. pic.twitter.com/xhN6DnALtr
— Jérôme Godefroy (@jeromegodefroy) 25 Août 2014
Pourquoi Arnaud Montebourg veut-il rompre avec les politiques d'austérité ?
"Elles frappent les classes populaires et moyennes - sous forme de hausses d'impôts qui n'ont pas pourtant de responsabilité dans la crise, plombent leur pouvoir d'achat et les jettent dans le rejet de leurs dirigeants politiques, de la construction européenne et dans les bras des partis extrémistes destructeurs de notre République", a ajouté Arnaud Montebourg. "Poursuivre et s'entêter" dans cette voie conduira "assurément à mettre en risque la République, sa solidité et son devenir"."Des propositions alternatives" existent, estime l’ancien ministre de l’Economie.
"Oui, il existe un autre chemin, d'autres choix sont possibles pour la France et pour l'Europe". "Nous avons donc une responsabilité éminente et collective d'interrompre ce coulage de l'économie par l'austérité", a-t-il lancé.