Le grand rendez-vous de la rentrée pour les socialistes français s’est ouvert ce vendredi 29 août sur fond de crise. Une crise ouverte le weekend dernier par Arnaud Montebourg. Le ministre démissionnaire sera pourtant de la fête.
Critique de la politique économique du gouvernement, remaniement ministériel, soutien de 203 députes aux « frondeurs »… désunie, ébranlée, la "famille" socialiste ouvre vendredi dans une ambiance électrique son université d'été à La Rochelle, avec des absents de marque mais les ministres démissionnés Arnaud Montebourg et Benoit Hamon ont annoncé leur décision de venir.
Reportage de Stéphane Robert, Fabien Madigou et Laurence Crotet-Beudet avec :
- Daniel, militant PS venu de La Bresse
- Philippe Baumel, député de Saône-et-Loire (PS)
- Martin Schulz, président du Parlement européen SPD
- Laurent Grandguillaume, député (PS) de Côte-d'Or
"Les socialistes sont condamnés à surmonter leurs divergences".
Avant même l'ouverture des débats vendredi après-midi, une certaine effervescence était perceptible, que le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, s'est efforcé de tempérer, sur France 2. "Le PS, "c'est dans son ADN qu'il y a des désaccords". Il a cependant fait acte d'autorité en prévenant qu'il ne "saurait accepter" que les débats "aient pour but de renverser le gouvernement". Et de mettre en garde: "les socialistes et la gauche sont condamnés à surmonter leurs divergences".Le contexte est explosif
Le gouvernement a volé en éclats après la charge des ex-ministres de l'Economie Arnaud Montebourg et de l'Education Benoît Hamon contre la politique économique, des critiques contre la nomination du banquier Emmanuel Macron à Bercy, étiqueté trop libéral pour certains, et une polémique jeudi sur les 35 heures.A cela s'ajoute un appel au "rassemblement" des 203 députés PS qui demandent à leurs collègues "frondeurs" de rentrer dans le rang et d'être "pleinement responsables de l'intérêt général de la gauche et du pays". Parmi eux, Bruno Le Roux, chef de file des députés PS ou encore Claude Bartolone, président de l'Assemblée.
Un 1er ministre très attendu
Dans ces conditions, Manuel Valls, qui a fait un premier aller-retour jeudi pour s'exprimer devant les élus locaux, est particulièrement attendu. Son discours dimanche sera scruté, après sa déclaration d'amour aux entreprises, particulièrement mal perçue par une partie de la gauche. Cécile Duflot, ex-ministre écologiste, l'accuse ainsi dans Les Echos "d'imiter Thatcher".Les frondeurs ont le vent en poupe
Les contestataires, dont les "frondeurs" qui n'ont pas voté le plan d'économies présenté en avril et se sont abstenus sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale en juillet, ont bien l'intention de voler la vedette au chef du gouvernement. Samedi, ils ont prévu une réunion publique. Objectif: ancrer davantage leur mouvement, surtout parlementaire, dans le parti, sous une nouvelle dénomination, "Vive la gauche". Signe selon eux du succès de leurs propos, ils ont changé de salle à la dernière minute, pour en trouver une d'une plus grande capacité d'accueil.
Les présents et les absents
Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, qui ont maintenu leur intervention en salle plénière prévue samedi, sont aussi attendus, moins d'une semaine après avoir été débarqués du gouvernement. Aurélie Filippetti, autre bannie, sera également présente à cette université.Parmi les absents de marque figurent l'ancienne patronne du PS Martine Aubry, sortie de son silence en juillet pour critiquer violemment la réforme territoriale, Ségolène Royal, en déplacement en Martinique, ou encore Jean-Marc Ayrault.