"Les Français, tout en ayant voté à gauche, ont récolté "le programme de la droite allemande", déclare le conseiller général de Saône-et-Loire et ex-ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, dans l'hebdomadaire Les Inrockuptibles publié mercredi 10 septembre 2014.
"La vérité est que les Français ont voté pour la gauche et qu'ils se retrouvent avec le programme de la droite allemande. C'est une des raisons de ma rupture avec ce gouvernement", explique Arnaud Montebourg, dans un dialogue avec l'économiste Thomas Piketty, auteur du best-seller "Le capital au XXIème siècle".
"J'ai essayé d'intervenir avec moult argumentaires en m'équipant d'experts, de penseurs de l'économie", poursuit l'élu de Saône-et-Loire. Arnaud Montebourg dénonce un "ordolibéralisme allemand" ayant "contaminé toutes les institutions européennes et figé les traités", avec une "obsession des comptes publics".
"Il est très difficile d'arriver à convaincre le président qu'il fait fausse route"
"Mais, le coeur du pouvoir refuse de se laisser sensibiliser par la pensée économique qu'elle jugeait inférieure à ses propres analyses et pronostics", estime Arnaud Montebourg."Le président et le Premier ministre avaient parfois des réflexes préoccupants de refus de l'intellect", accuse-t-il, "alors que le politique a le devoir d'humilité devant la connaissance scientifique". "Il est très difficile sous la Ve République d'arriver à convaincre le président qu'il fait fausse route, même lorsqu'il s'agit de l'avis de tous", poursuit l’élu bourguignon, qui plaidait autrefois pour une VIe République.
C’est parfois le "destin" des "hommes d'État" de "se faire congédier" quand "ils ont parfois raison", avait déclaré l’élu bourguignon samedi 30 août 2014 à la tribune de l'université d'été du PS. Arnaud Montebourg a été congédié du gouvernement fin août pour ses critiques acerbes sur la politique économique. Son départ avait entraîné un remaniement ministériel et l'entrée au gouvernement de Thomas Thévenoud, un de ses proches.