Faut-il tuer un mouton ou faire un don ? c’est le dilemme des musulmans pour l'Aïd

Environ cinq millions de musulmans de France célébrent la grande fête de l'islam, l'Aïd el-Adha à partir de samedi 4 octobre 2014. Mais, les avis divergent : faut-il sacrifier un mouton, dont le prix s'envole, ou donner cet argent à une organisation caritative?

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Pourquoi sacrifie-t-on un mouton pour l’Aïd ?

L'Aïd el-Adha (fête du sacrifice) ou Aïd el-Kébir (grande fête) commémore la soumission d'Abraham à Dieu. Cette fête consiste à sacrifier une bête en mémoire d'Abraham. Ce dernier avait failli immoler son fils Ismaïl, avant que l'ange Gabriel ne lui propose à la dernière minute de sacrifier un mouton à sa place, selon la tradition. C’est de là que vient le rite qui consiste à sacrifier une "bête de troupeau" partagée avec ses proches et les pauvres lors de cette fête, qui est aussi un temps de bénédiction et de prière.


Quelles difficultés rencontrent les pratiquants ?

Le problème est que les capacités des abattoirs agréés par les pouvoirs publics sont limitées. Seuls une centaine d'équipements seraient agréés en France, selon l'estimation du site spécialisé Saphir News. C’est pourquoi le Conseil français du culte musulman (CFCM), l'instance représentative de l'islam de France, a une nouvelle fois recommandé d'étaler l'abattage de l'Aïd sur trois jours (samedi, dimanche et lundi). Mais, dans le même temps, les fidèles aspirent à être servis dès les premières heures de la fête.

En outre, vu la forte demande concentrée sur quelques jours, le cours de l'ovin s'envole. Conséquence : les prix de vente aux particuliers peuvent doubler voire tripler, notamment dans les régions qui manquent d'abattoirs. Un responsable du Conseil français du culte musulman, Abdallah Zekri, a lancé, comme l'an passé, un boycott d'achat de mouton qui, dit-il, "a l'air d'être suivi" cette année. "Je veux bien qu'on tonde le mouton, mais pas les musulmans", dit ce délégué général aux régions de la Grande mosquée de Paris, fédération de sensibilité algérienne.

"Le sacrifice n'est pas une obligation religieuse et il peut être compensé par un don à une association caritative ou à des membres de sa famille dans le besoin. L'arnaque, ça suffit !", estime Abdallah Zekri.


Que préconisent certains imams et recteurs de mosquées ?

D'abord le secours aux coreligionnaires dans le besoin, ensuite le respect du rite du sacrifice : c'est en vertu de ce principe qu'imams et recteurs de mosquées gravitant dans l'orbite de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans) ont lancé début septembre un "appel". Ils invitent les fidèles "à destiner cette année le prix de la bête du sacrifice (soit 200 euros) à la reconstruction de Gaza, afin d'offrir un toit à celui qui n'en a pas et soigner celui qui attend un traitement". Ce qui, ajoutent-ils, n'empêche pas les plus fortunés de faire les deux : honorer "l'obligation" du don en même temps que la "très forte recommandation" du sacrifice.


Le sacrifice de l’Aïd peut-il être pratiqué sous une autre forme ?

Certains estiment que le don doit prendre la forme d'un "sacrifice par délégation" ou procuration : l'argent versé en France permet de tuer l'animal dans le pays auquel la somme est destinée, afin que la population locale en profite. "Un veau à 2.000 euros pourra rendre service à 150 familles gazaouies", explique le secrétaire général de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93), M'hammed Henniche.

On va finir pas ne plus abattre en France


Quel rôle joue l’Aïd dans l’économie française ?

Blogueur influent sous le nom d'Al-kanz, spécialiste du commerce halal, Fateh Kimouche souligne que le sacrifice par procuration doit rester dérogatoire, car sinon "on va finir pas ne plus abattre en France".  "On ne peut pas, pour des considérations purement économiques (le coût de la viande, NDLR), obérer notre religion", souligne cet entrepreneur. Il souligne que les musulmans "contribuent à la survie de l'agriculture française" en injectant "environ 50 millions d'euros" lors de l'Aïd. "Si on veut vraiment aider Gaza - et il n'y a pas que Gaza -, donnons "en plus", mais ne négligeons pas ce rite", dit-il.
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