Le tribunal de grande instance de Paris a estimé vendredi que les atteintes à la vie privée d'Arnaud Montebourg et Aurélie Filippetti après la publication de photos d'eux dans Paris-Match n'étaient pas évidentes et a refusé de statuer en urgence, selon deux décisions consultées par l'AFP.
Les deux anciens ministres socialistes avaient chacun attaqué en référé, c'est-à-dire en procédure d'urgence, Paris-Match, qui a publié en septembre des "photos volées" d'eux aux Etats-Unis. L'hebdomadaire titrait "Arnaud Montebourg et Aurélie Filippetti: love story à San Francisco".
Là où Mme Filippetti et M. Montebourg invoquaient une atteinte à leur vie privée, l'avocate de Paris-Match, Me Marie-Christine de Percin, répondait en affirmant qu'il s'agissait d'une information légitime au regard notamment du contexte politique dans lequel les deux ministres ont quitté le gouvernement.
Dans deux ordonnances distinctes, deux juges ont retenu le caractère sérieux des contestations de Paris-Match et considéré qu'il n'y avait "pas lieu à référé". Selon les magistrats, le débat relève d'une procédure classique, au fond. Le juge Alain Bourla a estimé qu'au vu des arguments de la défense du magazine, "les atteintes invoquées par Arnaud Montebourg n'apparaissent pas caractérisées avec l'évidence requise en référé".
Après l'audience lui a été transmis par la défense de Paris-Match un article du Républicain Lorrain, évoquant l'apparition en public de M. Montebourg et Mme Filippetti à un festival de cinéma. Il s'agit là, pour le juge, d'une "contestation sérieuse de l'existence du +préjudice moral aggravé+ invoqué par M. Montebourg".
De son côté, le juge Thomas Rondeau a estimé que "les conséquences d'un lien personnel entre deux ministres, à l'occasion de leur départ simultané et très récent du gouvernement, représentent un sujet d'intérêt général en rapport avec l'actualité, pouvant justifier la révélation d'une relation, en raison du droit à l'information et du principe de la liberté d'expression".
Le magistrat a également relevé que Mme Filippetti "a choisi de se prononcer dans le cadre du débat relatif à l'implication entre sa vie privée et sa vie politique" et a ainsi dénoncé dans une interview à Mediapart début octobre "le caractère machiste de l'argumentation liant sa relation privée et ses choix politiques".
L'avocat de l'ancienne ministre de la Culture, Me Patrick Maisonneuve, a indiqué que sa cliente "va assigner au fond", une procédure qui prendra au moins plusieurs mois. L'avocat de M. Montebourg, Me Vincent Tolédano, va faire de même.