Trois mouvements d'Alsace, de Lorraine et de Franche-Comté ont conclu une "alliance stratégique". Ils veulent empêcher les fusions de leurs régions prévues par la réforme territoriale. Ils ont organisé une chaîne humaine dimanche 17 mai 2015.
Qui organise cette manifestation ?
A partir du 1er janvier 2016, la Franche-Comté va fusionner avec la Bourgogne. De leur côté, l'Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne formeront une seule et même région.Mais, ce "big-bang territorial" ne fait pas que des heureux. Pour preuve, la Fédération démocratique alsacienne (FDA), le Parti lorrain et le Mouvement Franche-Comté ont décidé d’unir leurs forces contre ce processus de rapprochement.
La nouvelle loi sur la réforme territoriale est "anti-démocratique", elle constitue une "caricature de la décentralisation", entraîne la "liquidation de 16 régions sur 22" et "l'anéantissement des identités régionales", estiment les présidents des trois mouvements, Paul Mumbach (FDA), Thomas Riboulet (Parti lorrain) et Jean-Philippe Allenbach (Mouvement Franche-Comté).
Quel est le programme de la coalition anti-fusion des régions?
Les trois alliés vont mener des actions juridiques communes ou concertées contre la réforme en l'attaquant principalement sur l'absence de concertation de la population. Sur ce motif, le Mouvement Franche-Comté et "Alsaciens réunis", l'un des membres de FDA, ont déposé chacun une plainte auprès du Conseil de l'Europe pour violation de sa Charte européenne de l'autonomie locale. Ce texte prévoit que, "pour toute modification des limites territoriales locales", les collectivités locales concernées "doivent être consultées préalablement, éventuellement par voie de référendum là où la loi le permet".Par ailleurs, "Alsaciens réunis" va déposer un autre recours devant le Conseil d'Etat.
La Fédération démocratique alsacienne et le Mouvement Franche-Comté ont également adressé une requête écrite au Premier ministre Manuel Valls. Cette requête est centrée sur deux arguments : la non-conformité à un traité international et le fait que les nouvelles limites territoriales des régions auraient dû relever d'un décret au lieu d'une loi, dit Jean-Philippe Allenbach.
Les trois mouvements avaient invité le public à participer à une chaîne humaine organisée à Strasbourg, dimanche 17 mai 2015, à 15h, au parc Henri-Kayser, juste à côté du Conseil de l’Europe, dont ils souhaitent obtenir le soutien dans leur contestation de la nouvelle carte des régions françaises. Environ 150 personnes ont répondu à cet appel. Les manifestants, main dans la main et bâillon sur la bouche, ont formé une "chaîne humaine" devant le siège de l'organisation paneuropéenne.
Une délégation du Conseil de l'Europe doit rencontrer des représentants des autorités françaises du 26 au 29 mai, dans le cadre du suivi régulier du respect de la Charte européenne de l'autonomie locale par les Etats signataires. "C'est une visite qui était déjà prévue" avant le dépôt des plaintes des mouvements régionalistes, a précisé un membre de cette délégation européenne. Mais, Paris sera néanmoins interrogé sur ces griefs et un rapport et des recommandations seront rédigés à l'issue de cette visite.