La population vieillit et se paupérise, trop peu embrassent les carrières du service aux personnes âgées. Un déficit de main d'œuvre extrêmement préjudiciable mais qui s'explique aisément. Petit salaire, grande pénibilité... Etat des lieux de l'aide à domicile dans le Doubs.
Lundi 28 otcobre 2019, l'ancienne ministre du travail, Myriam El Khomri, rendra son rapport sur l'attractivité des métiers du grand âge. Un document particulièrement attendu par les acteurs de ce secteur qui font face à une pénurie de candidats.
Dans le Doubs, 800 auxiliaires de vie parcourent chaque jour 4 millions et demi de kilomètres pour aider 2700 personnes. Il en faudrait 100 de plus pour faire face à la demande mais les candidats ne se bousculent pas.
Odile Faivre est l'une d'entre elles. Toilette, tâches ménagères, Odile enchaîne les missions avec le sourire "On nous demande de faire en une demi-heure la douche, le petit-déjeuner, c'est très compliqué...parfois on a l'impression d'être à la limite de la maltraitance".
Cette désaffection de la population pour ce métier difficile s'est accentuée ces dernières années. Plusieurs facteurs l'expliquent.
Les raisons d'une crise de vocation
D'abord, le métier d’aide à domicile n’est pas suffisamment reconnu ni valorisé d’un point de vue salarial. 80 % des aides à domicile employées dans le Doubs sont au SMIC. Or les conditions de travail sont pénibles.
Dans le département, l'association ADMR intervient sur des territoires ruraux qui se paupérisent. Dans les campagnes, ils peinent à pallier la fermeture des services publics et notamment de soins.
De plus, notre société se transforme, l'entourage familial des personnes âgées se désengage et se reporte sur les aides à domicile pour assurer une présence.
« On a beau faire de la formation, de l’accompagnement, tant que les salaires ne seront pas revalorisés cela ne sert à rien.. » explique Willy Cadet, directeur fédéral de l'ADMR. « Chez nous, quand on a 30 ou 40 ans de carrière, vous êtes à 1500 euros nets, pour un métier qui vous aura beaucoup usé », ajoute-t-il.
Reportage de Stéphanie Bourgeot, Denis Colle et Amélie Goiffon
Cette difficulté de recrutement a des conséquences sur les finances de l'ADMR.
L'association a enregistré un déficit de 400 000 euros sur l'exercice 2018. Son partenaire, le conseil départemental a effacé sa dette. Un coup de pouce essentiel pour l'ADMR qui risquait de fermer certaines de ses antennes.
En attendant ce plan gouvernemental, l'ADMR réfléchit à des solutions pour rendre ce métier plus attractif. Avec l'aide du conseil départemental, l'association prévoit de doter chaque aide à domicile d'une voiture de fonction pour leur éviter d'avancer les frais de déplacement chaque semaine.
En France près de 830 000 personnes travaillent actuellement auprès des personnes âgées en perte d’autonomie. Ce nombre devrait augmenter d’environ 20 % d’ici 2030 du fait de la seule évolution démographique.