La menace d'un plan de sauvegarde de l'emploi s'éloigne grâce à un accord signé entre quatre syndicats et la direction. Confronté à la crise du covid, l'équipementier du Doubs va avoir recours à l'activité partielle de longue durée pour préserver tant que possible l'emploi. Explications.
Elles sont rares les entreprises à faire totalement marche arrière après l'annonce d'un plan de sauvegarde de l'emploi. C'est pourtant ce qui vient de se passer dans le pays de Montbéliard, fief du groupe automobile PSA. L'équipementier Flex-N-Gate qui fabrique des pare-chocs et hayons a fortement été touché par la crise sanitaire. Flex'Gate qui compte trois sites en France estimait ses pertes financières à une fourchette entre 90 et 115 millions d'euros.
Début juillet, le plan de sauvegarde de l'emploi annoncé chez cet équipementier qui travaille pour PSA, Renault, Nissan et Audi prévoyait 48 suppressions de postes sur le site d'Audincourt dans le Doubs. Ces suppressions de postes ne toucheraient pas les ouvriers, mais des cadres et techniciens de cette usine du pays de Montbéliard.
Lors d'une première réunion de négociation le mardi 21 juillet, la direction avait accepté de réduire le PSE à 35 suppressions de postes sur les 780 du site d'Audincourt. Ce plan est désormais suspendu.
Un plan social remplacé par le dispositif d'activité partielle de longue durée
Les syndicats dont l'UNSA plaidaient pour un autre dispositif que le PSE. "Nous, on ne veut pas entendre parler de PSE, car la situation économique de l'entreprise en 2019 est loin du dépôt de bilan" expliquait Jean-Luc Bini de l'UNSA. "L'APLD, l'activité partielle de longue durée est financée en partie par l'Etat pour maintenir l'emploi après la crise du Covid. L'APLD serait plus rapide pour l'entreprise" précisait fin juillet Jean-Luc Bini.
Durant l'été, syndicats et direction ont négocié pour parvenir à un accord signé le 26 août par quatre organisations syndicales CFE-CGC, CGT, FO, UNSA. La CFDT n'a pas signé.
Un accord de branche dans la métallurgie a facilité la mise en place du dispositif d'activité partielle de longue durée, résume Jean-Luc Bini. "L'APLD va permettre de faire des économies à l'entreprise tout de suite, de préserver les emplois, maintenir les compétences et préserver le développement de l'entreprise" explique le syndicaliste. Cela nous permet aussi de revenir à un climat social apaisé.... C'est une victoire sociale, pour négocier, il faut être deux. En 20 ans d'expérience, c'est la première fois qu'on fait reculer une direction au point d'abandonner un plan social" pointe du doigt Jean-Luc Bini.
Le syndicaliste explique que la direction a mis en place un gel provisoire de l'intéressement jusqu'en 2021. Les syndicats ont obtenu une clause de revoyure, qui permettra de rétablir cette prime selon les résultats de l'entreprise. Un point sera fait en janvier 2022.
Selon le syndicaliste, l'enteprise Flex-N-Gate a repris à Audincourt un taux d'activité d'environ 70%, d'avant la crise du covid. L'équipe de nuit redémarre à PSA Sochaux signe encourageant et une centaine d'intérimaires sont revenus sur site. "On espère que demain si la crise sanitaire venait à s'amplifier, tous nos espoirs ne s'écrouleront pas" conclut Jean-Luc Bini.
Le maire d'Audincourt Martial Bourquin (PS) s'était ému de la volonté de Flex-N-Gate de supprimer des postes alors que l'entreprise avait selon lui avait une trésorerie de 38 millions d'euros avant la crise sanitaire, un endettement faible et un haut niveau de performance économique.