Plus gros coléoptère d'Europe, présent dans toute notre région, mais discret, sa répartition précise est encore mal connue. Les observatoires de la nature en Bourgogne et en Franche-Comté lancent conjointement une consultation grand-public pour recueillir des données jusqu'au 31 juillet.
Il est impressionnant avec ses 8 à 9 centimètres de long et ses mandibules en forme de bois de cerf (d'où son nom). Il, car c'est le mâle lucanus cervus le plus remarquable. La femelle est beaucoup plus petite, en tous points.
Le lucane cerf-volant appartient à la famille des coléoptères, comme les scarabées ou les coccinelles, et en est le plus grand représentant en Europe. Il peut donc voler, quasiment en position verticale et en émettant un fort bourdonnement. Ses mandibules sont inoffensives pour l'homme. Elles servent à saisir une femelle pour s'accoupler et éjecter les mâles concurrents.
Sa larve blanche, translucide, avec une tête orangée se nourrit de bois mort (elle est saproxylophage), principalement de chêne, mais aussi de hêtre ou de pommier. On la trouve donc dans les végétaux en décomposition, y compris le compost. Elle reste ainsi de trois à cinq ans ! Elle se transforme en nymphe, puis en imago, la forme définitive de l'insecte adulte, à l'automne, mais n'émerge qu'au printemps suivant.
Un insecte discret et qui se raréfie
Les adultes sont surtout visibles au crépuscule et la nuit et n'ont pas une durée de vie très longue, juste le temps de se reproduire. Après s'être accouplée sur du bois mort, la femelle pondra ses œufs dans la terre à proximité pour qu'ils s'en nourrissent et mourra.
Les forêts de feuillus, riches en vieux arbres, sont donc indispensables au lucane cerf-volant. "La sylviculture intensive et la destruction des arbres morts lui sont très néfastes, explique en préambule le communiqué des Observatoires de la faune. Il bénéficie d’ailleurs à ce titre d’un statut de protection européen par l’Annexe II de la directive habitats-faune-flore." L'insecte est par endroit menacé de disparition.
Cette enquête vise donc à mieux connaitre sa répartition sur le territoire, que ce soit à l’échelle régionale comme nationale, pour avoir une meilleure idée de son statut de menacée ainsi que celui des autres espèces de coléoptères liés aux vieilles forêts.
La Société d'histoire naturelle d'Autun
C’est pourquoi le Conservatoire botanique national de Franche-Comté– Observatoire régional des Invertébrés, l’Office pour les Insectes et leur environnement de Franche-Comté et la Société d’histoire naturelle d’Autun – Observatoire de la faune de Bourgogne, mènent conjointement une enquête grand public au niveau régional.
Pour y participer, il suffit de déposer en ligne vos observations, les plus précises possibles et photo à l'appui pour plus de certitude, sur le site du Conservatoire botanique national de Franche-Comté - Observatoire régional des Invertébrés si vous habitez en Franche-Comté. Et sur le site de la Société d’histoire naturelle d’Autun-Observatoire de la faune de Bourgogne si vous habitez en Bourgogne.
L'enquête de l'année dernière (Bilan d'enquête 2021) a permis aux scientifiques d'obtenir des renseignements précieux, sur sa répartition géographique par exemple. Sur les 369 communes en Bourgogne-Franche-Comté où l'animal a été vu en 2021, 180, soit quasiment une sur deux, ne comportaient jusqu'alors aucune observation.
De plus, les résultats comparatifs permettent d'établir que le lucane cerf-volant est visible de plus en plus tôt en saison (mai plutôt que juin), en lien direct avec le changement climatique. Chaque contributeur sera remercié en personne en fin de bilan d'enquête 2022.