L'ONG Amnesty International dénonce "l'acharnement judiciaire" dont est victime Frédéric Vuillaume, l'un des chefs de file des gilets jaunes à Besançon et militant syndical Force Ouvrière. Son procès doit avoir lieu ce jeudi 20 mai à Dijon. Détails.
Arrestations, gardes à vue, amendes, procès... Le Bisontin Frédéric Vuillaume connaît désormais bien les rouages de la justice. Depuis deux ans, il a effectué sept gardes à vue, toutes liées à son implication dans le mouvement des gilets jaunes. Quelques jours avant son procès qui doit avoir lieu ce 20 mai, l'ONG Amnesty International revient sur la "chronologie d'un acharnement" à l'encontre de l'agent d'entretien, militant syndicaliste de la première heure et très impliqué dans le mouvement des gilets jaunes depuis son apparition en France, en novembre 2018.
"Sa participation pacifique au mouvement a donné lieu à de nombreuses gardes à vue, arrestations, amendes et poursuites en justice. Son histoire est emblématique du harcèlement dont certains manifestants pacifiques peuvent faire l’objet en France" écrit Amnesty International, qui encourage ses lecteurs à interpeller le procureur de Dijon afin que les charges retenues contre le syndicaliste soient abandonnées. Ce dernier risque un an de prison et 15 000 euros d'amende. Pour quelles raisons ? Pour avoir participé en décembre 2020 à une manifestation contre la proposition de loi « Sécurité Globale», à Dijon. Il est poursuivi pour "délit d’attroupement".
Les autorités françaises doivent cesser de traiter les manifestants comme des délinquants. Frédéric Vuillaume est un manifestant, pas un criminel.
"Ce procès est totalement abusif"
"Au moment de quitter le rassemblement, il a demandé son chemin à la police. C'est là qu'il a été arrêté. Il passera 44 heures en garde à vue et sera accusé du délit d’attroupement" précise Amnesty, tout en ajoutant qu'avant 2018, le père de famille n'avait jamais eu affaire ni à la police, ni à la justice. Ce dernier a d'ailleurs été relaxé en juin 2020, pour des poursuites concernant un délit d'entrave à la circulation. Joint par nos soins, le syndicaliste confirme cette version des faits et témoigne de sa totale incompréhension.
"Ce procès est totalement abusif. Je ne comprends pas pourquoi il a lieu. J'étais très surpris au moment de mon arrestation. Je cherchais mon chemin pour la place de la République. Il n'y avait eu aucun problème pendant la manifestation. Les policiers m'ont répondu et m'ont indiqué le chemin, et ensuite ils sont venus à six sur moi. Ils m'ont pris par les bras, les jambes et ils m'ont collé par terre... Ils m'ont crié 'Taser !'. Je n'ai rien compris. Ils m'ont dit 'Vous vous faites trop remarquer'. Je ne savais pas que c'était une raison d'arrestation. J'ai eu beaucoup de pression en garde à vue également, pendant 44 heures" se rappelle le Bisontin.
Depuis l'annonce de ce nouveau procès, le militant reçoit de nombreux témoignages de soutien. Pour tous, l'histoire de Frédéric Vuillaume est le symbole même d'une atteinte à la liberté de manifester en France. Le Franc-Comtois n'a pas l'intention d'arrêter de manifester : "Je continue et je continuerai, c'est important le droit de manifester en France. Je suis dans mes droits."
Un rassemblement pour réclamer la fin des poursuites à l'encontre du syndicaliste est d'ailleurs prévu ce 20 mai, à 8h, devant le tribunal de Dijon.